Un état d’esprit corroboré par une enquête IFOP selon laquelle deux Français sur trois voudraient voir augmenter les droits de douane en particulier aux frontières de l’Europe.
La mondialisation est « coupable » pour au moins un tiers des destructions de quatre à cinq millions d’emplois industriels depuis 30 ans, a souligné à l’ouverture des débats Matthieu Crozet, professeur à Paris I. La migration des emplois vers les services et les progrès techniques étant les autres responsables.
Mais « elle est une formidable opportunité de croissance », a rétorqué Philippe Crouzet, président de directoire de Vallourec, qui y voit des « retombées positives » pour l’Europe. Ainsi, son groupe, leader mondial des tubes en acier, est certes contraint de créer des emplois locaux dans les pays émergents mais pour « le haut de gamme », il se tourne vers la France et l’Europe.
« La mondialisation, c’est une opportunité formidable qu’on peut réussir ou rater », relève Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, qui « rêve » de « dispositifs spécifiques » en faveur de secteurs exposés à la concurrence. L’expérience douloureuse du textile et les délocalisations d’entreprises bénéficiaires lui sont rappelées par Mourad Rabhi de la CGT.
Un bienfait de la mondialisation est souligné par Alain Minc : les gains de pouvoirs d’achat liés à la baisse des prix de produits du fait de l’ouverture des frontières. Au passage, ce proche de Nicolas Sarkozy dénonce comme une « scorie intellectuelle » la « démondialisation », une pierre dans le jardin d’Arnaud Montebourg, candidat à la primaire PS, qui défend cette thèse.
Mais sur un point, M. Minc, présenté comme un chantre du libéralisme, se dit lui aussi « protectionniste » : il réclame une « golden share » européenne pour empêcher une prise de contrôle hostile de grands groupes européens par des « prédateurs », chinois ou russes.
« Il faut cesser d’être naïfs dans les négociations internationales » et « se battre pour des règles du jeu de la mondialisation beaucoup plus claires et une régulation globale », notamment dans les domaines social et environnemental, estime la présidente du COE, Marie-Claire Carrère-Gée.
Martin Hirsch – père du RSA – et Gilles de Robien, coordinateur du volet social du G20, actuellement présidé par la France, se sont dit optimistes sur l’élévation des normes de protection sociale et des droits sociaux. Mais « il ne s’agit pas d’imposer un système unique » aux pays émergents, rappelle M. de Robien.
En tout cas, « ce n’est pas demain qu’on aura une clause sociale à l’OMC, les gouvernements n’en veulent pas », a prévenu Alejandro Jara, directeur général adjoint de l’OMC.
Sceptique sur une mondialisation heureuse, Hubert Védrine, ancien ministre PS des Affaires étrangères, avertit : « Le monde est une foire d’empoigne, il y a des affrontements entre les puissances anciennes et les puissances émergentes qui veulent prendre leur revanche, ça va cogner dur. »
©AFP
commentaires (0)
Commenter