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Économie - Emploi

Mondialisation : « menace » ou « formidable opportunité », le débat reste ouvert

Menace pour l’emploi, comme le pense une majorité de salariés selon un sondage, ou « formidable opportunité de croissance » nécessitant une régulation : la mondialisation, un thème de la campagne de 2012, était passée au crible hier lors d’un colloque à Paris.
Un sondage TNS Sofres, présenté lors du colloque organisé par le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), révélait le sentiment ambivalent des salariés français face à cette ouverture commerciale : deux sur trois y voient une « menace » pour l’emploi, mais près d’un sur deux la juge globalement positive. Pour y faire face, ils privilégient l’investissement et la formation, mais réclament aussi des « mesures protectionnistes ».
Un état d’esprit corroboré par une enquête IFOP selon laquelle deux Français sur trois voudraient voir augmenter les droits de douane en particulier aux frontières de l’Europe.
La mondialisation est « coupable » pour au moins un tiers des destructions de quatre à cinq millions d’emplois industriels depuis 30 ans, a souligné à l’ouverture des débats Matthieu Crozet, professeur à Paris I. La migration des emplois vers les services et les progrès techniques étant les autres responsables.
Mais « elle est une formidable opportunité de croissance », a rétorqué Philippe Crouzet, président de directoire de Vallourec, qui y voit des « retombées positives » pour l’Europe. Ainsi, son groupe, leader mondial des tubes en acier, est certes contraint de créer des emplois locaux dans les pays émergents mais pour « le haut de gamme », il se tourne vers la France et l’Europe.
« La mondialisation, c’est une opportunité formidable qu’on peut réussir ou rater », relève Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, qui « rêve » de « dispositifs spécifiques » en faveur de secteurs exposés à la concurrence. L’expérience douloureuse du textile et les délocalisations d’entreprises bénéficiaires lui sont rappelées par Mourad Rabhi de la CGT.
Un bienfait de la mondialisation est souligné par Alain Minc : les gains de pouvoirs d’achat liés à la baisse des prix de produits du fait de l’ouverture des frontières. Au passage, ce proche de Nicolas Sarkozy dénonce comme une « scorie intellectuelle » la « démondialisation », une pierre dans le jardin d’Arnaud Montebourg, candidat à la primaire PS, qui défend cette thèse.
Mais sur un point, M. Minc, présenté comme un chantre du libéralisme, se dit lui aussi « protectionniste » : il réclame une « golden share » européenne pour empêcher une prise de contrôle hostile de grands groupes européens par des « prédateurs », chinois ou russes.
« Il faut cesser d’être naïfs dans les négociations internationales » et « se battre pour des règles du jeu de la mondialisation beaucoup plus claires et une régulation globale », notamment dans les domaines social et environnemental, estime la présidente du COE, Marie-Claire Carrère-Gée.
Martin Hirsch – père du RSA – et Gilles de Robien, coordinateur du volet social du G20, actuellement présidé par la France, se sont dit optimistes sur l’élévation des normes de protection sociale et des droits sociaux. Mais « il ne s’agit pas d’imposer un système unique » aux pays émergents, rappelle M. de Robien.
En tout cas, « ce n’est pas demain qu’on aura une clause sociale à l’OMC, les gouvernements n’en veulent pas », a prévenu Alejandro Jara, directeur général adjoint de l’OMC.
Sceptique sur une mondialisation heureuse, Hubert Védrine, ancien ministre PS des Affaires étrangères, avertit : « Le monde est une foire d’empoigne, il y a des affrontements entre les puissances anciennes et les puissances émergentes qui veulent prendre leur revanche, ça va cogner dur. »
©AFP
Un sondage TNS Sofres, présenté lors du colloque organisé par le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), révélait le sentiment ambivalent des salariés français face à cette ouverture commerciale : deux sur trois y voient une « menace » pour l’emploi, mais près d’un sur deux la juge globalement positive. Pour y faire face, ils privilégient l’investissement et...

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