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Actualités - Révolte

Le troisième discours de Assad accueilli par un regain de manifestations hostiles

Le président syrien Bachar el-Assad, confronté à une révolte inédite contre son régime réprimée dans le sang, a promis lundi des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti sur l'appareil de l'État, tout en se disant déterminé à faire cesser le "chaos".

Dans ce discours devant l'université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, M. Assad, qui n'a pas annoncé de mesures concrètes immédiates, a de nouveau parlé de "complot" contre son pays./

Des manifestations hostiles au régime ont éclaté dans différentes régions de Syrie après le discours de M. Assad, selon des militants des droits de l'Homme, alors que l'avocat et opposant Hassan Abdel-Azim l'a jugé insuffisant.
Dans ce discours devant l'université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, M. Assad, qui n'a pas annoncé de mesures concrètes immédiates, a de nouveau parlé de "complot" contre son pays.
Il a expliqué que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation, proposant d'attendre l'élection d'un nouveau Parlement prévu en août pour leur examen.
"Pas de réformes à travers le sabotage et le chaos", a-t-il lancé devant une salle comble qui l'a accueilli avec des applaudissements et des slogans à sa gloire.
M. Assad a appelé à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution", se demandant "si l'on peut amender certaines de ses clauses, notamment la clause 8".
Cette clause fait du Baas le "parti dirigeant de l'Etat et de la société" en Syrie depuis 1963. Son annulation est l'une des revendications principales de l'opposition.
"Il y a certainement un complot" contre la Syrie, a poursuivi le chef de l'État. "Les complots sont comme des microbes qu'on ne peut éliminer, mais nécessitent que l'on renforce notre immunité".
Les opposants, les militants pro-démocratie et les manifestants syriens réclament aujourd'hui la chute du régime et des élections libres, en plus de l'annulation de la clause 8.
Le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes du pays pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
M. Assad a fait la distinction entre les manifestants qui, a-t-il admis, ont des revendications légitimes et les "saboteurs". "Nous distinguons entre ceux-là et les saboteurs qui représentent une petite partie qui a tenté d'exploiter la bonté du peuple syrien pour arriver à ses fins".
"Les responsables de l'effusion de sang rendront des comptes", a-t-il dit alors que la répression des manifestations depuis le 15 mars a fait plus de 1 300 morts parmi les civils, selon des ONG syriennes.
"Il est du devoir de l'État de poursuivre les saboteurs, il n'y a pas de solution politique avec ceux qui ont porté les armes", a lancé le président, 45 ans, arrivé au pouvoir en juillet 2000, un mois après la mort de son père, l'ex-président Hafez el-Assad.
Il a parallèlement brandi le risque d'un "effondrement de l'économie syrienne", jugeant nécessaire de lui "redonner confiance".
Le président syrien, cible de sanctions des États-Unis et de l'Union européenne, est confronté à d'intensions pressions notamment de son allié turc pour cesser la violence et mettre rapidement en application un programme de réformes.
Et même si l'allié russe a réaffirmé son refus de toute résolution à l'ONU sur la Syrie comme le souhaitent les Occidentaux, il a aussi reconnu que le régime était responsable du sang versé et que les promesses de réformes arrivaient sans doute trop tard.
Au Luxembourg, l'Union européenne s'est dit prête à renforcer ses sanctions contre la Syrie, jugeant que la crédibilité du président Assad dépendait des réformes promises, selon un projet de déclaration que doivent entériner ses ministres des Affaires étrangères.
Le ministre britannique William Hague a appelé M. Assad à engager des réformes ou à "se retirer" du pouvoir, un appel similaire à celui lancé par Washington.
Le 30 mars, dans sa première intervention publique, M. Assad avait dénoncé une "conspiration" contre son pays. Le 16 avril, il annonçait la prochaine abrogation de la loi d'urgence et une semaine plus tard il promulguait des décrets, levant l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans, abolissant la Cour de sûreté de l'État, une juridiction d'exception, et changeant la réglementation sur les manifestations.
Mais les opposants, sceptiques face aux intentions du régime, ont estimé ces mesures insuffisantes et affirmé que sa chute était devenue leur "principale revendication", alors que la répression continuait.
Son discours coïncide avec la visite du président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, venu réclamer l'accès aux personnes affectées par les violences.
Des manifestations hostiles au régime ont éclaté dans différentes régions de Syrie après le discours de M. Assad, selon des militants des droits de l'Homme, alors que l'avocat et opposant Hassan Abdel-Azim l'a jugé insuffisant.Dans ce discours devant l'université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, M. Assad,...