Pendant ce temps, les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN intensifient leurs opérations militaires contre Mouammar Kadhafi en espérant qu'une « pression » finale l'écartera du pouvoir, a déclaré hier un haut responsable américain. Les alliés ont répété que Kadhafi devait laisser la place à un gouvernement démocratique, mais ils ont souligné que leurs bombardements n'avaient pas pour objectif de le tuer. Le responsable américain a néanmoins déclaré que « personne ne verserait une larme » si Kadhafi devait disparaître dans l'un des bombardements.
Mais le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a évoqué un manque d'investissements politiques et militaires de la part des alliés occidentaux de l'OTAN. Il a mis en garde contre « une Alliance à deux vitesses » avec quelques nations se contentant d'opérations humanitaires tandis que d'autres devraient supporter les opérations de combat. Sur ce plan, la Norvège, qui contribue aux frappes en Libye, a annoncé qu'elle mettrait fin à sa participation aux opérations de l'OTAN le 1er août, alors que les Pays-Bas vont prolonger la leur de trois mois.
De leur côté, les rebelles manquent de matériel lourd et d'organisation, mais jouissent d'un capital de sympathie à l'étranger. Ils ont obtenu une promesse d'aide de 1,1 milliard de dollars des puissances arabes et occidentales réunies à Abou Dhabi.
Au soutien financier, incarné par un fonds international d'aide financière désormais « opérationnel » et provenant en particulier d'avoirs bloqués du régime libyen à l'étranger, s'ajoute l'appui politique manifesté lors de la réunion du Groupe de contact sur la Libye à Abou Dhabi. Pour la première fois, les États-Unis ont décrit jeudi le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, comme « l'interlocuteur légitime » du peuple libyen, devenant ainsi le 11e pays à apporter cette reconnaissance après la France, le Qatar, le Royaume-Uni, l'Italie, la Gambie, Malte, la Jordanie, le Sénégal et l'Espagne, ainsi que l'Australie, jeudi.
Même au sein de l'Union africaine, médiatrice en titre dans ce conflit, le front semble se lézarder sur ce dossier. Après le président mauritanien Mohammad Ould Abdel Aziz, mardi, selon qui « Kadhafi ne peut plus diriger la Libye », le chef d'État sénégalais Abdoulaye Wade, en visite à Benghazi, a lancé au colonel Kadhafi : « Plus tôt tu partiras, mieux ça vaudra. » Peu après le début de la rébellion armée, l'UA a proposé une délicate « feuille de route », qu'elle ne cesse de défendre depuis, prévoyant un cessez-le-feu et l'instauration d'une période de transition. L'émissaire russe pour la Libye, Mikhaïl Marguelov, a annoncé hier quant à lui qu'il se rendrait à Tripoli dans de brefs délais pour y rencontrer des membres du gouvernement et que la Russie présenterait ensuite une « feuille de route » pour une sortie de crise.
(Sources : agences)