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Lifestyle - Objets et histoire

L’armoire de Louis XVI...

Jusqu'au début du XVIIIe siècle, partout en France comme en Europe, le coffre est quasiment le seul meuble. On y conservait les céréales à l'abri des rongeurs mais aussi vêtements et biens. Dans l'histoire du mobilier l'armoire a succédé au coffre. Dans les plus anciennes on sentait l'influence du coffre puis, au fil du temps, notamment avec le style Louis XIV, l'armoire prend de la hauteur, les corniches sont plus imposantes et en fonction des régions, les décors sont plus ou moins sophistiqués... Si le bois était et reste la matière de prédilection pour la fabriquer, c'est l'histoire d'une armoire de fer qui va vous être relatée : Francois Gamain, né à Versailles le 29 août 1751, appartenait à une famille d'entrepreneurs de serrurerie, qui était venue s'établir à Versailles à l'époque des grands travaux faits dans cette ville par Louis XIV. Des années plus tard, Louis XVI, grand amateur de travaux manuels et bricoleur hors pair, avait envers Gamain une affection telle qu'elle choquait ceux qui étaient admis dans l'intimité du roi. L'on raconte qu'un jour l'intendant Thierry de Ville-d'Avray, auquel il venait de montrer quelques-uns de ses ouvrages de serrurerie en lui demandant ce qu'il en pensait, osa lui faire la réponse suivante : « Sire, quand les rois s'occupent des ouvrages du peuple, le peuple s'empare des fonctions des rois. » Rien n'y fit, et quand, plus tard, entouré d'ennemis, menacé à tout instant de l'envahissement de son palais, Louis XVI sentit la nécessité d'avoir un lieu sûr et caché où il pût déposer ses papiers les plus importants, ce fut à Gamain qu'il s'adressa pour exécuter ce travail de confiance, et ce fut lui qui construisit la célèbre armoire de fer. Elle avait été pratiquée dans l'épaisseur d'un mur, près de la chambre à coucher du roi et elle était fermée par une porte en tôle de fer recouverte d'une couche de peinture imitant la pierre. L'ouverture de la serrure se trouvait dissimulée dans les rayures de la pierre et il était impossible de découvrir cette cachette. La reine (intuition féminine oblige) ayant appris que Gamain était devenu jacobin et haïssait la royauté sinon le roi, le mit en garde contre lui. Sur ses instances, le roi consentit à retirer de l'armoire les pièces les plus compromettantes. La précaution que le roi avait prise sur la recommandation de la reine était utile. Le 19 novembre 1792, quand déjà s'instruisait le procès du souverain, Gamain, soit scrupule, soit crainte, soit espérance d'une récompense, alla dévoiler la cachette au ministre Roland, qui courut aux Tuileries sans même prendre le temps de prévenir « la commission des papiers des Tuileries » récemment instituée, ce qui lui fut vivement reproché par la suite. Le 20 novembre 1792, Jean-Marie Roland déposait sur le bureau de la Convention nationale les pièces qui se trouvaient dans la cachette, du moins ce qui en restait, et qui révélait des correspondances de Louis XVI avec les « ennemis de la nation », brisant ainsi toutes les manœuvres destinées à empêcher de renvoyer Louis XVI en jugement. Le 21 janvier 1793, il fut guillotiné sur la place de la Révolution. Gamain laissa planer aussi sur son ancien bienfaiteur le soupçon d'un empoisonnement : il prétendit ainsi « qu'aussitôt l'armoire finie on lui offrit un verre de vin, il s'en est suivi une maladie terrible qui a duré quatorze mois, et le laissa invalide, incapable de subvenir aux besoins de sa famille ». La Convention lui accorda une pension dont il ne jouit pas longtemps puisqu'il mourut a Versailles, en 1795, à quarante-quatre ans. Un Gamin jouant dans la cour des grands !

 

Sources principales : ina.fr, larousse.fr, archivesnationales.cult.org

Jusqu'au début du XVIIIe siècle, partout en France comme en Europe, le coffre est quasiment le seul meuble. On y conservait les céréales à l'abri des rongeurs mais aussi vêtements et biens. Dans l'histoire du mobilier l'armoire a succédé au coffre. Dans les plus anciennes on sentait l'influence du coffre puis, au fil du temps, notamment avec le style Louis XIV, l'armoire prend...

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