« Nous sommes 805 ici », dit Vojtech Ovecka, un directeur commercial de 30 ans en tenue de Gandalf, le magicien de Tolkien, prosterné devant les armées qui affluent sous le regard stupéfait de cyclistes en randonnée, sous le soleil de printemps.
Depuis que l'idée de reconstruire la grande bataille est née il y a 12 ans dans la tête de boy-scouts locaux, le combat a plusieurs fois tourné autrement que décrit dans Bilbo le hobbit, publié en 1937. Mais peu de participants s'en soucient, venus de plusieurs régions tchèques par amour de l'univers magique de l'écrivain britannique, auteur du Seigneur des Anneaux. « C'est l'ambiance que je cherche dans ces batailles, avec ce monde vêtu de costumes fantaisistes », déclare Lukas Kopecky, 22 ans, membre d'un groupe d'anciens chefs de boy-scouts qui organisent l'événement. « Et bien sûr le combat. C'est une activité physique que j'aime », ajoute cet étudiant à l'Université de Prague.
Les ruines du château de Bezdez forment un décor sans pareil pour les armées qui se battent pour le trésor de Smaug le dragon. « Il ira à ceux qui remporteront le combat final. Pour y arriver, il faut gagner des batailles intermédiaires tout au long de la journée, pour accumuler les vies que vous aurez droit d'investir à la fin », explique M. Kopecky. Avant la première bataille, les Gobelins se réunissent dans la forêt. Les jeunes écoutent leurs généraux hurler des ordres épicés d'injures, comme il se doit au sein de cette espèce méchante. « Il ne s'agit pas du tout d'autoriser l'agression », explique Orfea, une Gobeline en chapeau de cuir orné de longues plumes. Son visage de jeune fille est peint en noir pour s'harmoniser avec l'air menaçant de ses pairs. « La chose principale est de jouer et de laisser secréter l'adrénaline », ajoute-t-elle, se présentant comme Zuzana Jedlickova, 21 ans.
Chaque affrontement augmente le nombre de ceux qui, touchés, doivent poser leurs mains sur la nuque ou s'allonger par terre pour marquer qu'ils sont « morts ». « J'ai été touché par deux flèches », bougonne un guerrier « tué » qui doit faire une pause de 20 minutes pour revenir à la vie. Tout d'un coup, un jeune elfe aux oreilles pointues recrache un peu de sang. Une ambulance emporte un guerrier de seize ans à peine, un bras dans une attelle. « Cela arrive. Il y a trois ans, l'ambulance n'a pas arrêté de circuler pour des blessures à la tête, pour les doigts tordus », se souvient M. Kopecky. « Mais personne ne vient ici avec l'intention de blesser qui que ce soit », assure-t-il. Dans la forêt, des nains et des hommes scrutent un jeune en train de faire des grimaces à l'ennemi. Soudainement, il monte sur une branche et tombe à la joie des adversaires qui envoient un guerrier pour l'achever avec sa pique. Mais le nain se relève, pare le coup et, à son tour, frappe l'agresseur avec sa hache en moquette. L'agresseur malheureux est obligé de porter ses mains sur la nuque. « C'est aux acteurs de trancher les différends. S'ils n'y arrivent pas, nous avons des vétérans qui feront le jury », explique M. Kopecky.
À la fin, les participants se préparent pour l'ultime combat. « Pour ce dernier affrontement, ils sont 400 contre 400. Ils adorent cela. C'est la raison pour laquelle ils viennent », dit-il.
(Source : AFP)
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