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Lifestyle - Émigration

Les campagnes serbes se meurent

D'ici à 15 ans, 700 villages auront disparu, estime un expert.

L’école de Binici comptait jadis une soixantaine d’élèves. Dalibor Danilovic/AFP

En Serbie, comme dans plusieurs autres pays des Balkans, les campagnes se dépeuplent inexorablement, victimes de l'exode rural, et les autorités de Belgrade paraissent impuissantes devant l'ampleur du phénomène, des centaines de villages étant voués à une mort prochaine.
Binici est un petit bourg du sud-ouest de la Serbie blotti à flanc de colline et les quelques dizaines d'habitants, pour la plupart âgés, qui y vivent encore témoignent d'un endroit qui a vu sa jeunesse partir peu à peu pour la ville, à la recherche d'un emploi ou de l'âme sœur. L'école du village, qui comptait jadis une soixantaine d'élèves, est maintenant vide et abandonnée. La façade se fissure et les vitres sont brisées. « C'est ici que les enfants jouaient au foot et au basket », soupire, nostalgique, Borislav Bubaja, en désignant un terrain couvert d'herbes folles. « Les vieux sont morts et les jeunes sont partis à la ville », résume ce retraité, âgé de 75 ans.
Binici disparaît peu à peu. Son isolement est total et seule une route caillouteuse permet d'y accéder. Il faut faire des kilomètres pour voir un médecin et même pour y faire des emplettes de première nécessité. « Les jeunes s'en vont car la vie ici et le travail d'agriculteur sont durs. Ils cherchent une vie plus facile en ville. Et il n'y a rien qui pourrait les retenir », explique Ranko, le fils de Borislav. Le père Zdravko, le prêtre orthodoxe chargé des neuf villages des alentours, évoque la désertification de la région. « Ces deux dernières années, j'ai officié pour 100 enterrements, une dizaine de baptêmes et seulement cinq ou six mariages. Cela montre bien à quelle vitesse la région est en train de s'éteindre. » On constate un même exode dans plusieurs pays de la région. À 43 ans, Ranko s'accroche à Binici. Il revient au village tous les jours pour travailler la terre de ses parents, même s'il a un travail dans la ville voisine. « Ce village n'a peut-être pas l'air très beau, comme ça, avec son terrain accidenté, mais moi, je l'aime. Je suis né ici et j'y reste. » Son seul et grand souci : il ne parvient pas à trouver une épouse. Car les jeunes filles désirent toutes vivre en ville.
Selon la Chambre de commerce serbe, près de huit millions de personnes, sur un total d'environ 23,5 millions, ont quitté les campagnes pour les villes dans les États issus de l'ex-Yougoslavie, entre 1950 et l'an 2000. Les guerres des années 90 n'ont fait qu'accentuer ce phénomène.
En Croatie, le nombre de personnes vivant dans les zones rurales a reculé de 48,7 à 44,4 % entre 1991 et 2001. Même tendance au Monténégro ou encore en Albanie où de nombreux villages dans le nord et le sud du pays ont disparu de la carte depuis la fin du régime communiste, au début des années 90. La Macédoine paraît résister, beaucoup préférant rester dans les campagnes où l'on vit mieux, à proximité des sources d'approvisionnement, que dans les villes, selon le Bureau macédonien des statistiques.
Djura Stevanovic, le directeur de l'Institut serbe pour l'étude des villages, déplore que rien ne soit fait pour enrayer l'hémorragie. « Il n'y a aucune stratégie pour relancer le développement de ces régions, ou au moins le maintenir au même niveau qu'il y a un an par exemple. » D'après lui, une cinquantaine de villages disparaissent en moyenne chaque année en Serbie. « D'ici à 15 ans, 700 villages en Serbie auront disparu », ajoute-t-il. « Le village serbe ne peut survivre et subsister qu'en mettant en place un développement régional équitable et en encourageant l'entrepreneuriat rural, comme cela s'est fait en Europe », estime Branislav Gulan, de la Chambre de commerce serbe.
(Source : AFP)
En Serbie, comme dans plusieurs autres pays des Balkans, les campagnes se dépeuplent inexorablement, victimes de l'exode rural, et les autorités de Belgrade paraissent impuissantes devant l'ampleur du phénomène, des centaines de villages étant voués à une mort prochaine.Binici est un petit bourg du sud-ouest de la Serbie blotti à flanc de colline et les quelques dizaines d'habitants, pour...

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