Son Premier ministre Vladimir Poutine, toujours largement considéré comme l'homme fort de Russie, même s'il a dû quitter le Kremlin après deux mandats consécutifs (2000-2008), n'a pas non plus fait part publiquement de ses intentions en vue de la présidentielle. Mais l'annonce en mai par M. Poutine de la création d'un front populaire centré autour du parti Russie unie qu'il préside a relancé le débat sur les nouvelles ambitions du Premier ministre et sur d'éventuelles tensions au sein du tandem au pouvoir en Russie. D'autant que Dmitri Medvedev a souligné, pour la seconde fois en une semaine, qu'aucun responsable politique ne devait rester « éternellement » au pouvoir, après qu'une journaliste lui avait demandé s'il songeait à limoger le gouvernement. La semaine dernière, M. Medvedev avait déjà jugé « dangereux » de chercher à concentrer le pouvoir « autour d'une personne spécifique », une allusion à M. Poutine, selon certains analystes. Il a dès lors assuré que la composition du prochain gouvernement devait être très différente de l'actuel. « Je pars du principe que le nouveau gouvernement qui apparaîtra dans notre pays devra être renouvelé de manière conséquente, indépendamment de qui le formera », a-t-il jugé.
Les conjectures vont bon train depuis quelques semaines sur une éventuelle rivalité entre MM. Poutine et Medvedev, même si certains experts de la vie politique russe y voient un jeu politique savamment orchestré par le pouvoir. Le président a d'ailleurs une nouvelle fois affirmé que M. Poutine et lui partageaient « les mêmes idées », même s'ils n'étaient pas d'accord sur tout.
Sur le front diplomatique, M. Medvedev s'est voulu offensif, mettant en garde contre une nouvelle « guerre froide » si les pays occidentaux persistaient à vouloir déployer un bouclier antimissile en Europe sans compromis avec la Russie. M. Medvedev a même menacé de sortir du traité Start de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques russe et américain qui est entré en vigueur en février 2011. Washington avait annulé un projet de bouclier mis au point par le gouvernement de George W. Bush qui avait suscité la colère de Moscou, et annoncé une nouvelle version, moins controversée, mais de nombreux désaccords subsistent. Moscou souhaite être un membre à part entière de ce système de défense antimissile et refuse qu'un bouclier sous seul contrôle occidental menace une partie du territoire russe. Les Occidentaux n'ont pas accepté la proposition russe, tout en assurant que ce bouclier était dirigé contre la menace iranienne et non contre Moscou.
(Source : AFP)