Ai Koyama, Raquel Miro, Marie Urvoy, Gérald Durand, Philippe Lebhar et Evangelos Poulinas évoluent comme hagards sur scène. Sous les grésillements d'un bruitage très urbain (on croirait entendre de la ferraille grincer), les danseurs sont soumis à des chutes hasardeuses, accidentelles, parfois volontaires. Durant six courtes performances, passant souvent de l'obscurité totale à la pénombre et puis à la lumière, hommes et femmes vont tomber dans les bras l'un de l'autre. Dans une action continue de répulsion/attraction, ils s'arracheront leurs vêtements, s'aideront à se relever pour mieux se bousculer par la suite.
Étrangement, leurs chutes entraînent par instants des moments de grâce éphémères mais lumineux.
Les chorégraphes, habitués à raconter des histoires dans leurs spectacles, s'inspirent dans ces petites saynètes des rapports entre les hommes au travail ou à la maison. Parfois la violence y est très présente et est traduite par ce tiraillement qui s'enchaîne et s'exacerbe au fil de l'action.
À travers des stratagèmes intéressants comme la marche sur des boîtes lumineuses, les étranges béquilles qui ne sont pas sans rappeler le grand maître Dali, ou encore cet œil éclairant de cyclope qui évoque les mythes intemporels de l'humanité, les deux chorégraphes nous rappellent que si le déséquilibre fragilise l'être, ce point de rupture entre l'homme debout et celui qui fléchit peut être un instant de grâce, un moment où tout se crée et reprend sa route comme cette ultime dernière scène assez éloquente. Qui se passe de commentaires.
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