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Lifestyle - Objets et histoire

Une oasis de tolérance !

Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine en Égypte, inscrit en 2002 au patrimoine mondial de l'Unesco, est l'un des plus vieux monastères en activité dans le monde. Il compte une vingtaine de moines tous Grecs-Orthodoxes, mais de nationalités différentes. Le monastère est construit entre le désert d'al-Tih au nord, le golfe de Suez à l'ouest et le golfe d'Aqaba à l'est, dans le massif du Sinaï. Il se dresse à 1 570 mètres d'altitude au pied du mont Moïse, où le prophète recueillit les Tables de la Loi. Le monastère est élevé sur le lieu même où Moïse aurait vu le buisson ardent.
Dans les premiers siècles chrétiens, des ermites, attirés par la signification historique de la région et cherchant refuge face à la persécution romaine, y établirent leur demeure solitaire. En 313 de notre ère, Constantin Ier met fin aux persécutions religieuses par l'édit de Milan. C'est dans cette nouvelle atmosphère de liberté et de tolérance que la vie monastique prend un nouvel essor. La mère de Constantin, la future sainte Hélène, fait construire en 330 une petite chapelle dédiée à la Vierge Marie. L'autel de la chapelle n'est pas érigé sur les reliques de saints martyrs, comme à l'accoutumée, mais sur les racines de l'arbuste ardent.
Imposant, d'une couleur verte contrastant fortement avec l'ocre des bâtiments et du désert, cet arbuste est un des « monuments » les plus admirés du site. Et pour entretenir le mystère, il semblerait que ce soit le seul de son espèce vivant dans la péninsule du Sinaï - toutes les tentatives de transplantation en dehors de ces lieux auraient échoué. Les pèlerins orthodoxes écrivent leurs vœux sur un bout de papier et, après l'avoir plié, le glissent entre les fissures des murs entourant le buisson ardent.
Le monastère fortifié proprement dit, ainsi que sa magnifique basilique, fut édifié à la demande de l'empereur Justinien le Grand au milieu du VIe siècle. Les portes sculptées en bois de l'entrée principale, où on peut lire « Voici la porte de l'Éternel, c'est par elle qu'entrent les justes », ont mille quatre cents ans ! Au-dessus du chœur de l'église, la transfiguration du Christ est la plus ancienne mosaïque de l'Église d'Orient. C'est au XIIIe siècle que le monastère prend le nom de Sainte-Catherine.
Sainte-Catherine, du nom de cette jeune fille née à Alexandrie qui tint tête à l'empereur Maxence au début du IVe siècle. L'empereur, ayant donné l'ordre à cinquante sages de lui faire abjurer sa foi chrétienne, la jeune fille réussit à les convertir par la force de ses arguments. Sous la torture, au lieu de plier, son courage et ses convictions eurent pour conséquence de subjuguer l'impératrice elle-même et quelques-uns des membres de la Cour. Ses restes, retrouvés non loin du monastère par un religieux, font désormais l'objet d'une vénération et reposent dans un reliquaire au cœur de l'église.
À travers les siècles, moines et pèlerins apportèrent au monastère des trésors de l'art religieux, dont un grand nombre y ont été conservés. Sa collection d'icônes est considérée comme la plus grande au monde et sa bibliothèque la plus riche, après celle du Vatican, pour le nombre et la valeur des manuscrits qu'elle contient : plus de 6 000 volumes, écrits en grec, arabe, géorgien, éthiopien, arménien, syriaque, etc. L'un des ouvrages les plus précieux est le Codex Syriacus, une traduction des Évangiles du Ve siècle.
Contrairement à d'autres monastères, Sainte-Catherine a su protéger son patrimoine tout au long des siècles, en demandant aux divers conquérants leur protectorat. En 625, voyant arriver la menace arabe, les moines du Sinaï envoient une délégation à Médine, afin de demander au prophète Mohammad sa protection. La requête est acceptée ; on peut toujours en voir une copie dans la galerie des Icônes : le prophète Mohammad en personne la signa avec la paume de sa main. On raconte même qu'il séjourna au monastère alors qu'il était encore marchand, ce qui est plausible, le Coran mentionnant les lieux sacrés du Sinaï. Dans un exrtait de cette charte, on peut lire : « Nulle contrainte sur eux, à aucun moment. Leurs juges ne seront point démis de leurs fonctions, ni leurs moines expulsés de leurs monastères. Nul ne doit jamais détruire un édifice religieux leur appartenant, ni l'endommager, ni en voler quoi que ce soit pour ensuite l'apporter chez les musulmans. Quiconque en vole quoi que ce soit viole l'alliance de Dieu et désobéit à son prophète. Nul musulman ne doit violer cette alliance jusqu'au jour du Jugement dernier. »
Un des aspects remarquables de cette charte est qu'elle n'impose aucune condition aux chrétiens en échange de ces droits. Le fait d'être chrétien suffit. On n'exige pas d'eux qu'ils modifient leurs croyances, qu'ils paient une contrepartie ou qu'ils se soumettent à quelconque obligation. C'est ainsi que ce monastère resta un lieu paisible et jamais, au cours des siècles, ne fut conquis, ni détruit, ni pillé. Même si par précaution, une mosquée a été construite à l'intérieur de la forteresse...
Aujourd'hui, en ce jour de dialogue islamo-chrétien, cette histoire est un exemple de tolérance religieuse. Peut-être, en évoquant des récits pareils, pouvons-nous contribuer à plus d'harmonie entre musulmans et chrétiens...

Sources principales :
whc.unesco.org
bibliomonde.com
hellocotton.fr

Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine en Égypte, inscrit en 2002 au patrimoine mondial de l'Unesco, est l'un des plus vieux monastères en activité dans le monde. Il compte une vingtaine de moines tous Grecs-Orthodoxes, mais de nationalités différentes. Le monastère est construit entre le désert d'al-Tih au nord, le golfe de Suez à l'ouest et le golfe d'Aqaba à l'est,...

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