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Moyen Orient et Monde - Syrie

À Deraa, la répression tourne au bain de sang

Au moins 15 personnes ont été tuées hier à Deraa, dans le sud de la Syrie, au sixième jour d'une contestation sans précédent. Les autorités ont imputé les heurts à un « groupe étranger », l'accusant « d'emmagasiner des armes dans la mosquée » al-Omari. Cependant, dans un geste visant à calmer la tension, le président Bachar el-Assad a limogé le gouverneur de la ville, une mesure exigée par les manifestants mais qui ne semble plus suffisante.

Les protestations violemment réprimées ont fait au total 21 morts, plus de cent blessés et des dizaines d’arrestations depuis vendredi dernier.Anwar Amro/AFP

Au terme de six jours de troubles à Deraa, ville du sud de la Syrie foyer d'une contestation sans précédent contre le régime du président Bachar el-Assad, plus de quinze personnes, dont une mineure, ont été tuées hier par les forces de sécurité, a rapporté un groupe de défense des droits de l'homme.
Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des centaines de jeunes gens qui marchaient sur cette ville proche de la frontière jordanienne en signe de solidarité avec les protestataires. « Les forces de sécurité ont ouvert le feu alors qu'ils arrivaient du Nord. Des corps gisaient dans la rue », a déclaré un témoin de cette nouvelle fusillade. Deraa, à une centaine de km au sud de Damas, est encerclée par l'armée et les forces antiterroristes.
Plus tôt dans la journée, une fillette âgée de 11 ans a été « tuée par une balle perdue pendant les funérailles » de deux des six personnes tuées la veille, a indiqué à l'AFP un militant des droits de l'homme. « Des balles réelles ont été tirées (par les forces de l'ordre) alors que les parents des deux victimes ainsi que des manifestants revenaient de l'enterrement », a déclaré ce militant. Les deux personnes enterrées étaient une jeune fille, Ibtissam Massalmeh, et un médecin, Ali Ghoudab al-Mahamid, tous deux tués dans la nuit par les forces de l'ordre, a précisé le militant. Le Dr Mahamid était une personnalité réputée de Deraa. Il a été tué alors qu'il se rendait au sanctuaire, dans la vieille ville, pour porter secours aux victimes.
Les forces de sécurité ont donné l'assaut dans la nuit de mardi à mercredi à la mosquée al-Omari de cette ville, où les premiers troubles contre le régime baassiste au pouvoir depuis 48 ans avaient éclaté vendredi dernier, à la sortie de la grande prière hebdomadaire. Avant l'attaque, l'électricité avait été coupée dans le quartier, de même que les lignes téléphoniques. Un militant politique, qui préfère conserver l'anonymat, a déclaré que, de ce fait, il était difficile de savoir exactement ce qui s'était produit. Selon une vidéo diffusée sur YouTube et prise apparemment dans la rue face à la mosquée avant l'attaque, on entend clairement des tirs d'armes d'automatiques et une personne présente dans la mosquée criant : « Frères, ne tirez pas, ce pays est assez grand pour vous et moi ! »
« C'est un bain de sang, c'est un génocide ! » a lancé Fahd, un habitant de Deraa, lors d'une intervention téléphonique sur al-Arabiya. « Il y a plus de quarante tués, il y a des corps partout », a-t-il assuré, tout en dénonçant la présence de « mercenaires iraniens » dans la ville. « Des hommes en civil parlant le perse nous tirent dessus. Que font les Iraniens à Deraa ? Nous ne demandons même pas la chute du régime, tout ce que nous voulons, c'est des réformes... » a-t-il ajouté. La veille, des centaines de personnes avaient manifesté dans les rues de la ville au cri de « Liberté », slogan commun à tous les troubles et attroupements recensés dans tout le pays depuis quelques jours, y compris à Damas, la capitale.
Mardi, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait exigé des autorités syriennes qu'elles mettent fin immédiatement « à l'usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques, et en particulier à l'utilisation de balles réelles ». Hier, le département d'État américain s'est dit « alarmé » de la violence employée par les forces de l'ordre syriennes contre les civils. Le ministère français des Affaires étrangères a pour sa part demandé à la Syrie de mettre en œuvre sans délai des réformes politiques et de respecter les droits de l'homme, « notamment s'agissant de la liberté d'opinion et d'expression ».
Dans la capitale comme dans les provinces, le mur de la peur qui empêchait toute contestation semble se fissurer. Des affiches autres que celles, omniprésentes, à la gloire du président Assad et des « réalisations historiques » du Baas ont fait leur apparition. Elles réclament toutes la « liberté ».

Des bandes armées
Dans une déclaration officielle, les autorités syriennes ont assuré que « des éléments extérieurs mentaient sur la situation à Deraa » et l'ont imputé à des bandes armées violentes. Selon elles, le Dr Mahamid a été victime de ces bandes armées alors qu'il arrivait en ambulance sur les lieux des violences. Toujours selon ce même communiqué, les forces de sécurité ont fait face à ces bandes autour de la mosquée, tirant sur une partie de leurs membres, en arrêtant plusieurs autres et déplorant un mort dans leurs propres rangs. Le communiqué officiel fait encore état d'armes et munitions stockées dans la mosquée, ce que nient les protestataires, et d'enfants retenus contre leur gré en tant que boucliers humains. Les manifestants avaient érigé des tentes dans l'enceinte de la mosquée, affirmant leur intention d'y camper jusqu'à ce que leurs exigences soient satisfaites.
Un communiqué officiel a annoncé le limogeage par Assad du gouverneur de Deraa, Fayçal Kalthoum. Mais ce que les manifestants réclament notamment, c'est la fin de la répression de la police secrète dirigée dans la région par un cousin d'Assad.
Le vice-président syrien, Farouk el-Chareh, a déclaré mardi à l'antenne de la chaîne de télévision al-Manar qu'Assad restait déterminé à « poursuivre sur la voie de la réforme et de la modernisation » en Syrie.
(Source : agences)
Au terme de six jours de troubles à Deraa, ville du sud de la Syrie foyer d'une contestation sans précédent contre le régime du président Bachar el-Assad, plus de quinze personnes, dont une mineure, ont été tuées hier par les forces de sécurité, a rapporté un groupe de défense des droits de l'homme.Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des centaines de jeunes gens qui...

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