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Culture - Jazz

Stefano Di Battista, saxophoniste à toute allure, pour l’amour des femmes

Piano, batteries, contrebasse et saxophones ténor et alto : c'est avec cette géométrie purement bebop que Stefano Di Battista a donné son concert dimanche soir devant un public nombreux et très enthousiaste au Music Hall.

Une soirée d’hommages : au jazz, aux musiciens sur scène et à la figure féminine. (Hassan Assal)

À bien l'écouter, le musicien italien a rendu un hommage appuyé au blues, le père de toutes les musiques noires, lui-même fils des terres africaines. Il faut dire que cet ex-membre de fanfares folkloriques sur les routes de son pays est un interprète respectueux et c'est probablement ce qui a contribué à lui attacher fortement son public libanais. Respectueux de ses collègues, disparaissant littéralement du devant de la scène, passant parfois un moment en coulisse pour laisser le plein champ aux solos des instruments; respectueux de ses prodigieux aînés: Parker et Adderley, pour ne citer qu'eux, dans un jeu très net, fluide et mille fois retravaillé, avec l'enthousiasme et la persévérance de l'artisan; respectueux, enfin, comme il le confiera à son audience, de la femme, de toutes les femmes, pour reprendre ses mots, de «la figure féminine». Molly Bloom, héroïne de l'Ulysse de James Joyce, mais aussi l'astronaute russe Valentina Tereshkova ou encore la Callas.
Lors d'une première heure généreuse, inventif, connaissant parfaitement ses classiques, Stefano Di Battista est, par plusieurs moments, presque impressionnant de maîtrise et de laisser-aller, l'équilibre capital du jazz. Pourtant, il l'avoue lui-même, il « aime la musique américaine, en écoute beaucoup, mais regarde des films européens et mange italien...». Bref, il «aime la musique américaine, mais ses racines sont présentes quand il joue». Ce qui veut dire que ce blues, qui ne demandait qu'à s'épanouir, dans son crescendo ample, chaud, qui va - on pense à la géniale Dinah Washington, pour ne citer qu'elle - jusqu'à l'explosion de sensualité, de sexualité, le bouillonnant Italien, lui, a souvent bloqué ses excès pour revenir vers un jazz européen, plus intellectualisé, qui a connu sa gloire dans les années 40 à 60.
Il n'en reste pas moins que le jazz était là, le contact avec les auditeurs s'est fait, et de belle manière. Vers le milieu de la seconde heure, Stefano Di Battista, musicien au pas de course sans jamais se départir de son souffle, a tenu à rendre un dernier hommage pour sa performance libanaise et, tant qu'à faire, en lien avec le pays qui l'accueillait, en invitant le pianiste Arthur Satyan, bien connu des aficionados du Blue Note Café de Beyrouth, entre autres. Celui-ci a accepté la demande du saxophoniste en jouant le thème de son choix, en l'occurrence Take Five, de Dave Brubeck, repris sur le premier volume de Jazzmatazz du regretté Guru. Mais c'est sur l'écheveau de Caravan que le pianiste arméno-libanais a pu visiblement s'éclater et se révéler, accompagné, voire mis à l'honneur qu'il était, par des musiciens d'envergure internationale.
Deux heures pleines offertes par un artiste en pleine forme, avec de l'humour - l'exercice classique des quelques phrases prononcées bravement dans la langue du pays-hôte n'a pas manqué - et beaucoup de séduction.
À bien l'écouter, le musicien italien a rendu un hommage appuyé au blues, le père de toutes les musiques noires, lui-même fils des terres africaines. Il faut dire que cet ex-membre de fanfares folkloriques sur les routes de son pays est un interprète respectueux et c'est probablement ce qui a contribué à lui attacher fortement son public libanais. Respectueux de ses collègues,...
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