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Lifestyle - Reportage

La culture du khat au Kenya : les mirages de la déesse Miraa

Le khat, une plante euphorisante qui régente la vie des communautés locales. Simon Maina/AFP

Dans les environs de Meru, au Kenya, une agitation fébrile entoure quotidiennement la production du khat : cette plante euphorisante appelée localement miraa régente la vie des communautés locales dans ses moindres aspects, jusqu'à en altérer le tissu social.
À environ 300 km au nord de Nairobi, les habitants du village de Muringene vivent par et pour la miraa, dont la production est en grande partie destinée à l'exportation vers la Somalie ou encore la Grande-Bretagne. Mais l'organisation catholique Caritas dans le diocèse de Meru s'inquiète des effets négatifs de cette « monoculture » et tente de convaincre les fermiers alentours de diversifier leur production, afin de leur assurer d'autres sources de revenus.
Les collines verdoyantes de la principale région de production du pays sont couvertes d'arbres de moyenne taille, sur lesquels on récolte, jusqu'à une fois par mois, les nouvelles pousses : celles-ci, conditionnées en petites bottes, seront une à une studieusement mâchées pour en dégager les principes actifs, cathinone et cathine. Hormis un effet coupe-faim, la miraa, légale au Kenya, permet une veille prolongée, enlève toute sensation de fatigue, et ses effets peuvent être comparés, en beaucoup moins puissants, à ceux des amphétamines.
Consommée pour ces effets plutôt que pour son goût amer, la miraa perd toutes ses propriétés moins de 48 heures après avoir été récoltée, un défaut qui induit une course contre la montre permanente pour la délivrer, fraîche, au consommateur. Cueillie aux aurores et conditionnée dans des grands sacs en plastique, elle est chargée sur le bord de pick-ups qui rallient à tombeau ouvert Nairobi, faisant fi des dos d'ânes et des villages, avec des pointes à 150km/h sur l'équivalent d'une route départementale fréquentée.
Un intermédiaire préférant garder l'anonymat décrypte les raisons de la fièvre locale : un seul pick-up peut transporter l'équivalent de 10 millions de shillings kényans (environs 100 000 euros). Et il en part une cinquantaine de la région tous les jours, jusqu'au consommateur final qui achètera sa ration entre l'équivalent de 5 à 10 euros. Paradoxalement, selon Caritas Meru, les quelques millions d'euros qui partent quotidiennement de la région n'ont que peu d'impact sur le niveau de vie des communautés. « Malgré l'argent de la miraa, la zone est très pauvre. L'argent de la miraa ne s'infiltre pas dans les foyers », constate le directeur du développement social pour Caritas Meru, Joseph M'Eruaki. Car les fermiers n'ont aucune prise sur les prix du marché fixés par une poignée de Kényans et Somaliens.
Dans les environs de Meru, au Kenya, une agitation fébrile entoure quotidiennement la production du khat : cette plante euphorisante appelée localement miraa régente la vie des communautés locales dans ses moindres aspects, jusqu'à en altérer le tissu social.À environ 300 km au nord de Nairobi, les habitants du village de Muringene vivent par et pour la miraa, dont la...

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