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Culture - Installation

L’ordre des anges des Baroudi au BAC

Les anges de Hoda et Élias Baroudi sont apparus au Beirut Art Center, l'avant-veille de Noël, et s'y sont, depuis, installés à demeure jusqu'au 29 janvier.

Deux personnages ailés en céramique craquelée façon raku. (Photo Michel Sayegh)

Une légion d'êtres ailés a investi le premier étage du Beirut Art Center*, reconstituant une sorte de cité des anges. En céramique. Car, comme vous l'aurez deviné, ces anges-là ne sont pas des êtres éthérés, mais des créatures de terre... glaise. Nés des mains de Hoda et Élias Baroudi, céramistes amateurs qui n'ont rien à envier aux artistes professionnels, ils jouent les « contre-clichés » angéliques.
Tout d'abord, ces anges-là n'ont pas de connotation religieuse, même si une spiritualité diffuse s'en dégage. Ici, nul trace de chérubins, de séraphins, d'archanges ou d'anges annonciateurs, mais des êtres d'une autre dimension inspirés d'œuvres d'auteurs, de cinéastes, de poètes, de photographes et plasticiens, comme Rainer Maria Rilk, Anselm Kiefer, Vojnar et, bien sûr, Wim Wenders...
Et puis, ces effigies ailées ont des visages divers et variés de personnages, aussi bien féminins que masculins. Parfois drôles et cocasses (qui signent généralement la facture du travail de Hoda), comme cet ange féminin à tête d'oiseau, cet autre aux ailes en position aérodynamique, ce troisième à l'allure de douairière en collier de perles et jupons à corolle, ou encore cet ange femme-fleur à jupon en pétales...Parfois sages et épurés, à la limite de l'abstrait, comme ces anges à carrure d'homme aux bras croisés, ou encore mains dans les poches. D'autres fois d'allure plus inquiétante, plus ésotérique, comme ceux en terre laissée brute à seuls effets d'enfumages.

Les ailes du désir
Exit donc la discussion sur le sexe des anges, Hoda et Élias Baroudi ont résolu le problème : à voir leurs œuvres, on comprend que pour eux les anges sont des duplicatas ailés des humains, avec leurs différences de genres, de caractères, de comportements. Mais surtout, ils sont prétexte à rejouer, en version céramique d'une belle créativité, des scènes des Ailes du Désir **.
Et pour cela, après avoir fabriqué leur légion d'anges selon la technique japonaise de cuisson et de glaçure, dite du raku, toute en craquelures, différentes tonalités de blanc, couleurs plus ou moins métallisées et effet d'enfumage pour les pièces en terre brute, ils ont confié la mise en scène à la designer Najla el-Zein. Laquelle a monté autour de ces personnages épiques une captivante installation.
Rassemblés sous des nuages en fils de laine blanche enchevêtrés et placés sur un long plateau à trépied, évoquant une large voie, les anges des Baroudi semblent avancer vers le visiteur de l'exposition, dans une sorte de procession baroque. Comme une armée céleste défilant, selon un ordre secret et mystérieux, d'où le titre de l'installation « The Order of Angels ».
À la droite de ce podium, une ancienne cage d'oiseau en fer rouillé emprisonne trois spécimens d'anges... Déchus ? À gauche, un autre groupement angélique semble en grand conciliabule.
Tout cela en bonne histoire d'ange fait travailler l'imaginaire. Même si les anges de monsieur et madame Baroudi ne sont pas des anges. Du moins au sens classique du terme. Et c'est ce qui fait leur charme !

* Jisr el-Wati. Horaires d'ouverture : du lundi au samedi, de 12h00 à 20h00. Tél. : 01/397018.
** Titre d'un film célèbre du cinéaste allemand Wim Wenders.

Une légion d'êtres ailés a investi le premier étage du Beirut Art Center*, reconstituant une sorte de cité des anges. En céramique. Car, comme vous l'aurez deviné, ces anges-là ne sont pas des êtres éthérés, mais des créatures de terre... glaise. Nés des mains de Hoda et Élias Baroudi, céramistes amateurs qui n'ont rien à envier aux artistes professionnels, ils jouent...

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