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Culture - Initiative

« Aswat al-Abjadiyah », lorsque l’alphabet se fait image et son

« Aswat al-Abjadiyah », édité chez Dar Onboz, est exposé à la galerie Agial jusqu'au 8 janvier. Un ouvrage qui enseigne l'alphabet arabe d'une manière ludique aux enfants et aux grands, mais aussi un voyage dans l'univers des sens.

Un extrait de l’ouvrage «Tabati».

Cet ouvrage entièrement fait main, écrit, dessiné, imprimé et relié, est signé Lara Assouad Khoury et Nadine R.L. Touma. Une aventure à deux qui commence... Qui commence par quoi au fait ? Par l'amour que portent ces deux artistes pour la langue arabe. Et qui les a poussées à magnifier cette expression si belle, si musicale et loin d'être ardue, n'en déplaise à certains.
Nadine Touma, cofondatrice de la maison d'édition Dar Onboz, se bat depuis quelques années pour mettre en évidence la « consistance » de cette langue. Et cela en racontant des histoires toutes simples qui se ressourcent dans la contemporanéité et non dans le passé rigide de ce langage.
L'auteure va retrouver en Lara Assouad Khoury une autre passionnée, mais cette fois de l'écriture. Après avoir poursuivi des études en graphic design, cette dernière se retourne vers l'écriture arabe, grâce à Samir Sayegh en qui elle trouve un maître et auquel elle dédie ce livre, intitulé Aswat al-Abjadiyah.

L'aventure de l'alphabet
À elles deux, elles vont entreprendre un projet qui va durer plus d'un an. Un projet passionnant qui les mènera à faire percevoir ce qui nous entoure en forme et en son, et « à réduire le monde à une forme », comme le dira Touma.
Tout commence donc par une rencontre, mais tout commence aussi par une balle. Cette balle surnommée Tabati, qui va parcourir les pages d'un premier ouvrage en dessinant sur son parcours des images ludiques et des histoires à l'enchantement visuel et tactile.
Tabati est un voyage sensoriel qui trace sur son passage des rectangles, des carrés, des triangles, des traits, « toutes ces formes géométriques simples, régulières et basiques qu'on retrouve dans la nature », signale Lara Khoury.
Une méthode constructiviste qui commence donc par déconstruire les formes pour mieux apprendre à bâtir cet alphabet. « Au lieu de contours, on peut percevoir la langue à travers des surfaces », ajoute la graphiste. C'est à partir de cet ouvrage illustré, enrichi d'un CD sonore et musical retraçant le parcours de la balle, que Lara va créer la police de caractères qu'elle baptisera Tabati.

Un projet qui grandit
Le petit illustré deviendra grand et les acteurs de ce merveilleux univers de Tabati prendront leur place dans cet ouvrage à la couverture blanche et relié main, judicieusement appelé Aswat al-Abjadiyah. Car ces « caractères », voire ces personnages, n'ont pas de sons, mais des voix qui résonnent de notre passé linguistique et historique tout en allant vers l'avant, vers une modernité plus compréhensible.
La police de caractères ainsi créée par Lara Khoury prendra toute sa signification dans les expressions vocales trouvées par Nadine Touma. « Ce ne sont pas des onomatopées, dit cette dernière, mais de vrais verbes qui font du bruit que j'ai accolés aux lettres. » À ne citer que quelques-uns comme le « ha » comme « hafhaf », le « zain » comme « zaqzaq » et le « sad » comme « sahsah ». Si la première lettre et son verbe évoquent le frottement des feuilles, les seconds font appel au gazouillement des oiseaux. Quant aux troisièmes, ils rappellent le rire truculent qui se répète comme un écho.
On ne peut aimer une langue si elle n'est pas animée et si elle n'a pas une vie, car l'expression linguistique n'est pas faite pour être enluminée et mise au musée, mais pour vivre avec les hommes qui la parlent tous les jours. Loin d'être vernaculaire, elle véhicule les émotions, rassemble le peuple d'un même territoire et affirme une identité tout en se situant dans une histoire contemporaine.
Et cela, la graphiste l'a bien compris. En imprimant ses lettres à l'aide de blocs de bois qu'elle tamponnera dans l'encre rouge pour les imprimer par la suite, la jeune typographe parviendra à insuffler une identité propre à sa police de caractères et à sa typographie tout en respectant les transparences produites par le bois. Lara Khoury travaillera au moyen d'unités qu'elle réduira ou agrandira à loisir. Un travail perfectionniste et puriste qui respecte les creux, les vides, les arrondis, les pleins et les distances entre les lettres « pour que l'écriture ne soit pas illisible », ajoute la graphiste qui s'est longtemps imprégnée de la calligraphie et s'est inspirée du « koufi » si architectural et si longtemps employé.
Ce travail collectif sera exposé jusqu'au 8 janvier à la galerie Agial.Tabati, Aswat al-Abjadiyah inviteront petits et grands à s'amuser à former leurs propres lettres par l'intermédiaire des blocs de bois, de l'encre et du papier posés dans cette galerie. « Ces blocs qui, nous l'espérons, deviendront un jeu », disent-elles en chœur. Mais ceci est une autre histoire.
De ces histoires qu'aime à raconter Dar Onboz.
Cet ouvrage entièrement fait main, écrit, dessiné, imprimé et relié, est signé Lara Assouad Khoury et Nadine R.L. Touma. Une aventure à deux qui commence... Qui commence par quoi au fait ? Par l'amour que portent ces deux artistes pour la langue arabe. Et qui les a poussées à magnifier cette expression si belle, si musicale et loin d'être ardue, n'en déplaise à...

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