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Liban - Le commentaire

Le Liban en état « d’apesanteur politique »

On se perd en supputations sur ce que pourrait comprendre un compromis heureux dont personne ne sortirait vaincu, ni le camp des martyrs de la révolution du Cèdre ni le Hezbollah, accusé de les avoir éliminés. Et comme pour l'acte d'accusation, ce compromis est deviné plutôt que connu, ses contours échappant toujours à la définition.
C'est désormais à se demander quel processus prendra l'autre de vitesse : celui qui doit déboucher sur un acte d'accusation ou celui qui doit neutraliser les effets de ce dernier, avec les perspectives menaçantes - assimilées à un bluff par certains - soulevées par le Hezbollah.
Au confluent de ces faisceaux de données imprécises, le Liban vit dans une sorte « d'état d'apesanteur politique », ballotté entre des données conjecturales qui échappent toutes à son contrôle direct.
Les scénarios réels ou imaginaires prêtés aux uns et aux autres sont multiples. Ainsi, on prête à une source diplomatique arabe l'idée qu'un compromis arabe comprendrait le report de l'acte d'accusation à une date ultérieure, au prochain sommet arabe de mars. De la sorte, les États de la Ligue pourraient décider d'une stratégie commune pour faire face aux révélations que comprendrait l'acte d'accusation.
Cela permettrait à la Ligue arabe de décider de rejeter d'avance les accusations lancées contre le Hezbollah, comme elle avait rejeté le mandat d'arrêt international lancé par le tribunal pénal de La Haye contre le président soudanais Omar al-Bachir, accusé de crimes contre l'humanité.
Mais on sait que face aux objections soulevées par ces idées dans certains milieux arabes, le Qatar été chargé de discuter avec les uns et les autres des propositions associées à ce projet.
Au Liban même, des idées de compromis ont été lancées, toutes plutôt pauvres et fragiles. Ainsi, on a affirmé dans certains milieux que, du moment que les ramifications de l'assassinat de Rafic Hariri ne conduisent plus en Syrie, mais en direction du Hezbollah, le recours à un tribunal international ne se justifie plus. C'était, bien sûr, aller trop vite en besogne et priver l'enquête de toutes les conclusions auxquelles est déjà parvenu le TSL.
D'autres sources ont proposé qu'à la parution de l'acte d'accusation, le Conseil des ministres se réunisse et proclame solennellement son attachement à la résistance.
D'autres sources encore ont affirmé que le Premier ministre aurait donné son accord à toute formule de compromis syro-saoudienne, même si elle prévoit une demande d'abolition du TSL.
On a affirmé aussi qu'au nombre des exigences de la Syrie et du Hezbollah figure le retrait des magistrats libanais du TSL et la décision du Liban de ne plus payer sa quote-part du financement du tribunal. En échange, le Hezbollah s'engagerait à ne plus jamais orienter ses armes vers l'intérieur...
Mais aucun de ces projets de règlement ne semble être le bon.
Selon un observateur politique indépendant, un scénario de compromis devrait nécessairement comprendre les points suivants : dans un premier temps, attendre l'acte d'accusation et en juger. Si le TSL apporte des preuves irréfutables de la culpabilité de certains miliciens du Hezbollah, ces derniers bénéficieraient aussitôt d'une amnistie, par souci de l'unité nationale er de la convivialité.
Dans un deuxième temps, le Hezbollah remettrait le commandement de ses armes à l'armée, et ce jusqu'à un règlement définitif de la crise régionale ; après quoi, la résistance serait intégrée à l'armée.
Pour la personnalité qui avance ce scénario de compromis, la formule proposée a l'avantage de pousser les deux camps à un compromis. Ainsi, le 14 Mars renoncerait à la justice, sans renoncer à la vérité, tandis que le Hezbollah renoncerait à son autonomie militaire, sans que sa structure militaire en soit affectée. Les deux camps contribueraient ainsi au renforcement de l'État libanais et aucun ne pourra prétendre avoir vaincu l'autre.
On se perd en supputations sur ce que pourrait comprendre un compromis heureux dont personne ne sortirait vaincu, ni le camp des martyrs de la révolution du Cèdre ni le Hezbollah, accusé de les avoir éliminés. Et comme pour l'acte d'accusation, ce compromis est deviné plutôt que connu, ses contours échappant toujours à la définition.C'est désormais à se demander quel processus prendra...

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