Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a lancé un avertissement très ferme. « Si la Corée du Sud ose mener à bien ses manœuvres à tirs réels d'artillerie, la situation dans la péninsule coréenne explosera et un désastre ne pourra pas être évité », a déclaré le ministère dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle KCNA. « Nous avons déjà averti que nous punirions sans pitié et sans hésitation les provocateurs qui envahiraient notre territoire souverain. Nos militaires ne parlent pas à la légère », a menacé le ministère nord-coréen.
Mais Séoul a assuré que son armée allait mener ses manœuvres militaires à Yeonpyeong en dépit des menaces de Pyongyang. « Il n'y a pas de changement » sur le déroulement des manœuvres, a déclaré hier à l'AFP un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense. Mais selon des responsables de l'armée, cités par l'agence de presse Yonhap, les exercices pourraient être reportées en raison du brouillard et du vent.
De son côté, la Russie « appelle instamment la République de Corée à renoncer à mener les tirs d'artillerie prévus, pour éviter une escalade des tensions sur la péninsule », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. Selon des sources diplomatiques à New York, la Russie a demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Zhijun, a déclaré que Pékin était « profondément préoccupé et inquiet » de la situation « extrêmement précaire » dans la péninsule, a rapporté l'agence de presse Chine nouvelle.
Les États-Unis ont, eux, jugé que les manœuvres ne menaçaient pas la Corée du Nord et que Pyongyang ne devait pas en tirer le prétexte de « nouvelles provocations ».
L'île se trouve en mer Jaune, près de la limite entre eaux nord-coréennes et eaux sud-coréennes fixée par l'ONU après la guerre de Corée (1950-1953). Pyongyang conteste cette limite et revendique Yeonpyeong et d'autres îles ainsi que leurs eaux territoriales. La Corée du Nord affirme que lors de précédentes manœuvres, le 23 novembre, des obus sud-coréens étaient tombés dans ce qu'elle considère comme ses eaux territoriales. Elle avait alors déclenché des tirs d'artillerie sur Yeonpyeong, tuant deux soldats et deux civils, blessant une vingtaine de personnes, détruisant plusieurs dizaines de maisons et déclenchant une crise régionale et internationale.
Pour les manœuvres annoncées, Pyongyang accuse les États-Unis de fournir un « bouclier humain » aux forces de Séoul, car une vingtaine de militaires américains doivent fournir une assistance technique à la marine sud-coréenne. « Le département d'État américain a envoyé un message menaçant à la République démocratique populaire de Corée, en rappelant avec insistance que des Américains et des journalistes étrangers sont présents sur l'île. Les États-Unis fournissent même un bouclier humain » à l'armée sud-coréenne, a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
Pyongyang accuse les États-Unis de pousser la Corée du Sud à l'escalade, affirmant que la tenue des manœuvres a été décidée la semaine dernière lors d'une visite à Séoul de l'amiral Mike Mullen, le chef d'état-major interarmées américain.
En visite à Pyongyang, Bill Richardson, ancien ambassadeur des États-Unis à l'ONU, a qualifié la situation de « poudrière ». Il a appelé vendredi les responsables nord-coréens à faire preuve d'une « extrême retenue ».
commentaires (0)
Commenter