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Lifestyle - Objets et histoire

Soliman et sa Soliwoman !

Loin du lieu de plaisir et de débauche que les Occidentaux se plaisent à imaginer, le harem dans l'Empire ottoman est une institution sévère à des allures de monastère. Géré d'une main de fer par la mère sultane, secondée par les kadins, c'est-à-dire les quatre premières concubines qui ont donné un fils au sultan, le harem comprend ensuite de nombreuses jeunes femmes qui ont été remarquées par le sultan ou qui attendent parfois vainement de l'être. Il y a aussi des femmes qui administrent cette institution et de multiples servantes, toutes sont esclaves, non musulmanes puisqu'il est interdit aux musulmans de réduire leurs coreligionnaires à la servitude. Des eunuques blancs et noirs surveillent tout. Ils contrôlent les messages et les cadeaux qui y arrivent, et s'occupent des transactions avec l'extérieur et la gestion des biens de la sultane mère. Le code de conduite imposé à l'intérieur du harem était tellement strict que même le souverain ne pouvait y agir à sa guise. Chaque femme recevait un enseignement dans la discipline pour laquelle elle manifestait le plus de talent : calligraphie, arts décoratifs, musique, langues étrangères... Et il n'y avait aucune limite d'âge. Des dames de plus de 60 ans pouvaient y résider aussi bien que des jeunes filles. Les plus intelligentes sont même parvenues à diriger l'État en se hissant au rang de reine mère : c'est le cas de la sultane Roxelane. Elle est née au début du XVIe siècle en Ukraine d'un père prêtre orthodoxe. Enlevée en 1520 par les tartares, elle est vendue comme esclave au grand vizir de Soliman Ier Kanuni (le législateur) qui l'offrit à l'empereur espérant ainsi consolider sa position. Elle est placée dans le harem de ce dernier, au vieux sérail. Roxelane était gracieuse, intelligente, dotée d'une grande finesse psychologique et possédait un caractère enjoué qui lui a valu le surnom de « hurrem » ou la joyeuse, puis de « hasseki », l'élue, car Roxelane, musicienne, charme Soliman en jouant de la guitare et en chantant des airs nostalgiques de son pays. Dès 1521, elle s'attache au sultan en lui donnant un fils. Trois garçons et une fille naîtront par la suite. Elle avait pour principale rivale une certaine Gulbahar, mais elle a réussi à l'éloigner en obtenant qu'elle suive son fils nommé gouverneur d'une province. L'ambassadeur de Venise de l'époque raconte que devant les colères de Roxelane à la vue des ravissantes jeunes filles offertes en présent à Soliman, celui-ci, par amour, les renvoyait. En 1534, après la mort de la sultane mère, Roxelane, qui règne déjà sans partage sur le cœur de son amant, devient la maîtresse absolue du harem et s'installe à Topkapi. Vers 1540, celle qui est toujours une esclave décide d'élever à Istanbul des fondations pieuses, telle la mosquée « süleymanieh ». Or une personne de rang servile ne peut légalement faire cela. Elle obtient donc son affranchissement et vise dès lors le mariage, entreprise d'autant plus hardie que, depuis un siècle et demi, les sultans ne prennent plus d'épouses officielles, mais des concubines. En l'épousant et en la dotant richement, Soliman lui donne le plus extraordinaire gage d'amour. Il tient compte de ses avis politiques pour le meilleur, mais aussi pour le pire. En effet, le sultan n'arrivait pas à mettre de l'ordre dans son harem, la sultane Roxelane ne cessait de nouer des intrigues pour assurer la succession à son fils, on parla d'ailleurs du « règne des femmes ». Avec l'aide de son gendre Rustem Pacha (devenu après vizir), elle provoqua la disgrâce et la mort d'Ibrahim le vizir et le compagnon de jeunesse de Soliman, et elle accusa de trahison le jeune Moustafa, fils de Gulbahar, et obtint son exécution, et finit par placer un de ses fils, Sélim II, nommé « l'ivrogne ». Ce dernier, contrairement à son père, opta pour une vie de débauche. Avec lui, commença l'ère des sultans fainéants... Après une longue maladie, Roxelane meurt deux ans avant son mari qui la fait inhumer dans une tombe aménagée à côté de la sienne dans l'enceinte de sa mosquée, honorant ainsi une union fondée sur une affection et une confiance réciproque qui a duré trente-huit ans et qui est le seul exemple de fidélité durable chez les sultans ottomans ! Magnifique Soliman !

Les sources : bleublancturc.com ; publius-historicus.com ; histoiredumonde.net
Loin du lieu de plaisir et de débauche que les Occidentaux se plaisent à imaginer, le harem dans l'Empire ottoman est une institution sévère à des allures de monastère. Géré d'une main de fer par la mère sultane, secondée par les kadins, c'est-à-dire les quatre premières concubines qui ont donné...

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