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Liban - Gestion des ressources

L’eau, un futur « facteur de crise » ?

Lors d'une conférence donnée au siège du Conseil central maronite, qui portait sur les enjeux stratégiques et sécuritaires liés à l'eau, le directeur de la sûreté de Suez-Environnement, Franck Galland, a expliqué pourquoi l'eau pourrait devenir un facteur de tensions, et a exposé de possibles solutions pour y faire face.

Si le Liban représente un véritable réservoir d'eau pour la région, la distribution de cette ressource rare pose encore des problèmes. Coupures et eau non potable font partie du quotidien des Libanais. Il y a quelques années, il y avait 60 % de fuites dans les tuyaux qui acheminaient l'eau à Tripoli, et l'on dénombrait de nombreuses maladies liées à une eau impropre à la consommation. Puis en 2002, un partenariat a été conclu avec la société française « La Lyonnaise des eaux », qui a géré pendant deux ans le réseau de distribution. À l'issue de ces deux années, les fuites ont été réduites à hauteur de 10 %, et le réseau assaini. C'est ce qu'a rappelé M. Fadi Comair, directeur général des ressources hydrauliques et électriques au ministère de l'Énergie et de l'Eau, jeudi soir lors d'une conférence au siège du Conseil central maronite sur les enjeux stratégiques et sécuritaires liés à l'eau.
M. Comair a souligné l'importance de partenariats entre les secteurs public et privé, arguant qu'avec le déficit budgétaire actuel, il était difficile pour l'État de financer des projets comme celui de Tripoli. Franck Galland, directeur de la sûreté de Suez-Environnement et invité pour l'occasion, a rappelé l'importance de ce type de partenariat : « Si les fuites sont nombreuses, il faut des professionnels pour gérer cela : donc on fait appel à des groupes privés pour des contrats d'opération de maintenance. » Il a réfuté l'idée d'une « privatisation » de l'eau, mais a insisté sur la nécessité d'avoir des réseaux de distribution qui limitent le gaspillage, dans des régions où l'eau est une ressource rare.
En effet, la gestion et le partage de l'eau vont être au cœur des problèmes mondiaux à venir, a rappelé Franck Galland. « L'eau va être un facteur de crise, et des conflits liés au changement climatique sont tout à fait possibles », a-t-il déclaré. Il a illustré son propos en donnant comme exemples le partage des eaux du Nil entre le Soudan, l'Égypte et l'Éthiopie, et le problème de l'eau en Chine. Concernant le Nil, la tension pourrait monter : l'Éthiopie n'a actuellement pas le droit d'utiliser les eaux du Nil bleu, alors que le pays fait face à une augmentation de sa population et à une érosion de ses terres fertiles. L'Égypte et le Soudan sont confrontés aux mêmes défis, et refusent d'entendre parler d'une redistribution des eaux du Nil, de peur de manquer d'eau.
La Chine est également dans une « situation sensible », a expliqué Franck Galland. Si le pays dispose de ressources en eau suffisantes, à hauteur de 2 185 m3 d'eau par habitant et par an, celles-ci sont très mal réparties entre le Nord et le Sud. Pékin et le Nord-Est sont ainsi classés en « zone de stress hydrique » et ne disposent que de 250 m3 d'eau par habitant et par an. D'où « l'importance stratégique » de la région du Tibet.
Sur les hauts plateaux tibétains, dix grands fleuves d'Asie prennent leurs sources dont le Yangzijiang, qui coule au sud de l'empire du Milieu. La Chine a donc commencé à prélever les eaux ce fleuve pour les acheminer au Nord. Ce « Projet d'abduction d'eau du sud au nord » inquiète l'Inde. Des fleuves indiens, comme le Brahmapoutre, prennent aussi leurs sources au Tibet, et l'Inde a peur que son voisin chinois vienne un jour puiser dans des réserves indispensables au sous-continent indien. Si ce scénario se produisait, les tensions dans la région en seraient accrues, a fait remarquer Franck Galland.
Pour éviter des tensions et de possibles conflits armés, il a exposé plusieurs solutions. Selon lui, il faut « favoriser les initiatives régionales de dialogue » afin de monter des projets de coopération locale. Les instances de dialogue internationales « comme l'OTAN » doivent aussi se saisir du problème de l'eau. Il faudrait également « privilégier les dialogues bilatéraux ». Enfin, l'Union européenne « devrait se doter d'un haut représentant sur l'eau ».
Si le Liban représente un véritable réservoir d'eau pour la région, la distribution de cette ressource rare pose encore des problèmes. Coupures et eau non potable font partie du quotidien des Libanais. Il y a quelques années, il y avait 60 % de fuites dans les tuyaux qui acheminaient l'eau à Tripoli, et l'on dénombrait de...

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