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Économie - Matières premières

Nouvel ordre économique mondial : la piste de l’or relancée

L'or, qui a perdu son rôle d'étalon dans les échanges internationaux il y a quarante ans, a un rôle à jouer dans le nouvel ordre mondial dont vont débattre les chefs d'État des grands pays émergents et développés du G20, affirme le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick. Dans une tribune publiée à trois jours du sommet du G20 de Séoul, M. Zoellick affirme que le monde a besoin d'un nouveau système pour succéder à ce qu'il appelle « Bretton Woods II », le régime de changes flottants en vigueur depuis la fin, en 1971, de la convertibilité du dollar en or. Selon le patron de la BM, ce nouveau cadre « devrait inclure le dollar, l'euro, le yen, la livre sterling et le renminbi (yuan chinois) ».
Mais « le système devrait aussi envisager d'employer l'or comme un point de référence international lié aux prévisions du marché pour l'inflation, la déflation et la valeur future des monnaies », lance-t-il dans le Financial Times d'hier, sans trop s'avancer sur les modalités pratiques d'une telle mesure. « L'idée avancée est d'utiliser l'or comme un nouvel indicateur d'inflation », décrypte Cédric Tille, professeur d'économie à l'Institut des hautes études internationales et du développement de Genève.
L'once d'or s'est hissée ces derniers jours à des niveaux jamais vus, soutenue par l'affaiblissement du dollar suscité par l'annonce de mesures de relance de la Réserve fédérale américaine (Fed). L'idée de « réintroduire de l'or dans le système » n'est, en soi, pas mauvaise, estime Jean Pisani-Ferry, directeur du « think tank » européen Bruegel. « Dans le système monétaire actuel, les banques centrales surveillent le taux d'inflation, ancré sur les prix des biens, mais ne surveillent pas les prix globaux des matières premières », explique-t-il. Dans une réforme du système, telle que préconisée par M. Zoellick, « elles pourraient aussi réagir en fonction des variations des prix de l'or », ajoute l'économiste.
Au passage, M. Pisani-Ferry souligne que les propos du président de la Banque mondiale sont avant tout « politiques » : au lendemain de la débâcle des démocrates aux élections de mi-mandat aux États-Unis, « il s'adresse aux républicains, qui sont traditionnellement très attachés à l'or ». De là à imaginer un retour à l'étalon or, les économistes n'y croient pas du tout. « Ce n'est pas l'offre d'or qui peut réguler la croissance aujourd'hui », selon le directeur de Bruegel. « On a vu les limites de ce type de système », rappelle aussi René Defossez, analyste chez Natixis.
Le système monétaire de l'étalon or s'était effondré au début de la Première Guerre mondiale, les pays ne disposant plus de réserves suffisantes du précieux métal à échanger contre les surplus de devises imprimées par les gouvernements. Le rôle de l'or a ensuite encore régressé lorsque les États-Unis ont mis fin, en 1971, à la convertibilité en or du dollar. « Un tel système a pour désavantage d'être soumis à l'extraction du métal », souligne Gunther Cappelle-Blancard, professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. « Et l'or est relativement mal réparti sur la planète, ce qui donnerait un poids trop important aux pays qui en produisent », ajoute-t-il. Pour cet économiste, revenir à l'étalon or serait en outre « une réforme structurelle difficile à mettre en œuvre ». « Le système actuel n'est pas si mauvais, sauf que tout le monde ne joue pas le jeu », estime-t-il, prônant avant tout un « renforcement de la coopération avec la Chine pour qu'elle réajuste son taux de change ».
L'or, qui a perdu son rôle d'étalon dans les échanges internationaux il y a quarante ans, a un rôle à jouer dans le nouvel ordre mondial dont vont débattre les chefs d'État des grands pays émergents et développés du G20, affirme le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick. Dans une tribune...

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