« Je suis en mesure de confirmer qu'il s'agit bien du choléra », a dit le président haïtien, René Préval, à Reuters. Son Premier ministre, Jean-Max Bellerive, a fait part de sa grande inquiétude face au risque d'une propagation de la maladie vers le Sud, jusque dans les vastes camps de rescapés de Port-au-Prince, la capitale, où le séisme a fait 1,5 million de sans-abri, outre les 300 000 morts.
On ignore si le pic épidémique a été atteint, mais la crise n'est assurément pas terminée, a dit le docteur Michel Thieren, de l'Organisation panaméricaine de la santé, l'antenne régionale de l'OMS. Les victimes souffrent de diarrhées et de déshydratation très rapide. Dans certains cas, le décès suit de quelques heures l'apparition des premiers symptômes. Le choléra se transmet par l'eau et la nourriture contaminées par la bactérie à l'origine de la maladie, mais généralement pas de personne à personne. La maladie se répand d'autant plus vite dans des environnements insalubres. Or la rivière Artibonite, qui irrigue le centre du pays, semble touchée.
Il s'agit de la plus grave alerte sanitaire à Haïti depuis le tremblement de terre. Les autorités attendent les résultats d'examens pratiqués en laboratoires pour déterminer la cause de l'épidémie qui touche principalement, outre le département de l'Artibonite, celui de Plateau central. Le ministre de la Santé, Alex Larsen, a annoncé un programme urgent de prévention. À Genève, les experts de l'OMS sont préoccupés par la vitesse de propagation de la maladie. « La population est affaiblie et la situation est grave », a dit à Reuters le docteur Claire-Lise Chaignat, responsable du groupe spécial sur la lutte anticholérique au sein de l'OMS. Les hôpitaux haïtiens, débordés dans le centre du pays, ont reçu 10 000 comprimés de purification d'eau et des sels de réhydratation, a précisé Fadela Chaib, porte-parole de l'OMS.