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CD, DVD - Un peu plus de...

Voilà pourquoi je t’aime

Ce n'est pas mon histoire. C'est celle d'une amie. C'est donc la sienne. La nôtre. Celle du Liban.
« Je suis passée dans une librairie. Je m'étais garée juste derrière. En remontant dans ma voiture, deux hommes à mobylette essayent de m'arracher mon sac à main. Réflexe premier, je m'y accroche. Je tire fort. Mon sac se coince dans mon bras. Ça me fait excessivement mal. Mais je tiens bon. Tellement, qu'un des types s'énerve. Il sort un flingue et le pointe sur moi. Là, je me suis dis, lâche ton sac. Heureusement, j'avais mon téléphone à la main. Il prend la fuite. La propriétaire d'un petit dekkan essaye de le suivre, trop tard. Abasourdie, je reprends mon souffle. Cette même femme m'invite à entrer dans sa boutique. Elle m'offre un café, un paquet de cigarettes et me donne 20 000 LL parce que je n'ai plus un sou sur moi. Les gendarmes arrivent une demi-heure plus tard. Je vais avec eux au commissariat pour faire ma déposition. On la fait dehors pour que je puisse en griller une. Impossible de me rappeler ce qu'il y avait dans mon sac, à part ma bague que j'avais retirée avant ma réunion. Je fais opposition sur mes cartes de crédit et mon chéquier. Et je rentre chez moi. Mon bras me fait mal. Deux-trois heures ensuite, un type me téléphone. Il a retrouvé mon sac dans un terrain vague. Je lui demande comment il a eu mon numéro, il me répond qu'il a appelé l'ordre des ingénieurs auquel j'appartiens et c'est ainsi qu'il a pu me contacter. Je lui demande de me retrouver devant une station d'essence à côté de l'endroit où je me suis fait braquer. Il est là avec mon sac. Il me propose de me montrer où il l'a trouvé et que peut-être on y verrait d'autres trucs m'appartenant. Je le suis, pas très rassurée. Je ne descends pas de ma voiture lui expliquant que ça m'effraye. Il cherche un peu et me rapporte mes affaires. Toutes mes affaires sauf la bague. Normal. Le type est adorable. Je propose de lui donner quelque chose, il refuse me disant que c'est un acte gratuit et que c'était la moindre des choses de me rendre service. Je reviens chez la femme, lui rend ses 20 000 LL et je rentre chez moi. Épuisée. Vers 20h, le type me rappelle. Il me demande si je n'ai pas perdu autre chose. Un objet de valeur. Je lui dis que si mais que probablement les voleurs l'ont pris. Il me dit que ma bague est avec lui. Je suis scotchée. Je lui demande pourquoi autant d'honnêteté, il me dit simplement que ce sont ses valeurs. Il m'avait raconté au préalable qu'il allait se marier prochainement. Je lui ai dit qu'il était dingue qu'il aurait pu offrir la bague à sa fiancée. Il a répondu que c'était impossible. Il m'a donc dit de venir récupérer ma bague à la seule condition de prendre un café chez lui. Il vit encore chez ses parents. Comme il était tard je me suis fait accompagner. J'arrive dans un quartier ultrapopulaire que je ne connaissais même pas. Il avait senti au téléphone que j'étais un peu inquiète. Il est sorti sur le balcon avec sa fiancée et ses parents. J'ai pris un café avec eux. J'ai tendu une enveloppe dans laquelle j'avais glissé des billets en leur disant que c'était pour leur mariage. Ils ont refusé. Et m'ont dit que la seule chose qui leur ferait plaisir, c'est que j'assiste à leur mariage où ne seront présentes que 10 personnes. Ils se marient demain, le 10.10.10. »
Voilà pourquoi j'aime le Liban. Pour son peuple. Pour cette femme qui a donné 20 000 LL sans ciller, pour cet homme honnête, qui n'a rien pris, et grâce à qui le sac a été retrouvé. Pour ces gens qui s'arrêtent et vous changent une roue quand un pneu est crevé. Pour ceux qui vous montrent le chemin en prenant la route devant vous. Pour ceux qui vous invitent à prendre un café ou à partager leur repas quand vous êtes perdus au fin fond d'une région que vous ne connaissez pas. Pour tous ces gens qui vous aident sans rien demander en échange. Pour cette solidarité, cette gratuité dans les gestes, cette gentillesse, cette entraide, cette compréhension et ce soutien dont ont fait preuve quotidiennement les uns envers les autres. Au Liban, on a tout compris. Il n'y a quasiment pas d'État et très peu d'aides sociales, pas d'infrastructure ni de droits sociaux. Heureusement que ces gens sont là. Quand on a le plus besoin d'eux. Les Libanais.
Ce n'est pas mon histoire. C'est celle d'une amie. C'est donc la sienne. La nôtre. Celle du Liban. « Je suis passée dans une librairie. Je m'étais garée juste derrière. En remontant dans ma voiture, deux hommes à mobylette essayent de m'arracher mon sac à main. Réflexe premier, je m'y accroche. Je tire fort. Mon sac se...

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