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Culture - Théâtre

Le « palais » de tous les délices de Faïza Kaddour

Au Monnot, et pour une seule soirée encore, le metteur en scène Jean-François Toulouse (compagnie « Tombés du ciel » ) présente le « Frichti de Fatou ». Un plat savoureux concocté par Faïza Kaddour en compagnie d'Agnès Doherty. Épicé et relevé.

Faïza Kaddour aux fourneaux.

Une table où sont posés un petit réchaud, une casserole et des légumes, sans oublier les épices. Un panneau sur pied et de l'autre côté de la scène une contrebasse et un violoncelle. Tel est le décor de ce Frichti de Fatou, où cuisine et apprentissage sexuel sont mitonnés, tel un pot au feu, éveillant les sens et taquinant les papilles.
Passant du rôle de conteuse à conférencière, surfant sur les caractères de différents personnages, Faïza Kaddour, en véritable homme-orchestre, va traverser les frontières culturelles et sociologiques en l'espace d'une heure et demie et présenter son Maghreb natal et sa France d'adoption.
Devenant ainsi tour à tour une Yéma (maman) donnant des claques et « Baba » (papa) faisant claquer sa ceinture, une ogresse hantant les nuits d'une enfant et Jeanine, copine française libérée, la comédienne propose un portrait bigarré, haut en couleur, de la sexualité féminine sur fond d'aromates.
Traiter de problèmes sérieux comme celui de l'égalité des sexes ou de la femme battue d'une façon ludique, autour de fourneaux en manipulant ustensiles de cuisine et aliments; substituer aux gestes violents danses et ballet gracieux, tel est le défi relevé par Faïza Kaddour. Avec humour et légèreté. Insoumise et naïve, la jeune femme tombe puis se redresse sans jamais se plaindre.

Abécédaire culinaire et érotique
Issue d'une famille recomposée, l'auteure et comédienne, qui a vécu avec son père musulman auprès d'une mère algérienne passant sa vie aux fourneaux, puis auprès d'une mère française célibataire qui passe sa vie à travailler, Kaddour a transposé ses expériences et mésaventures, un frichti comprendre aussi «farché» en maghrébin, épicé, savoureux, mais aussi aigre et doux, saupoudré de multiples ingrédients et distillé à la manière de ces notes égrenées tour à tour sur le violoncelle et la contrebasse d'Agnès Doherty qui ponctue l'espace, l'éclairage et les mouvements en toute dextérité et humour.
C'est ça surtout ce frichti, qui parle des maux de l'amour au moyen de mots habiles, drôles et imagés. Sans faux-fuyants ni hypocrisie, l'intime et le personnel sont dévoilés sans également aucune
vulgarité.
Comme des sons sourds et enfouis qui montent à la surface en un chant mélodieux et opératique, les échos de l'enfance reviennent à la mémoire de Fatou, qui raconte son silence de petite fille maghrébine, ses questionnements d'adolescente jusqu'à ses balbutiements étouffés d'épouse, à qui le mari impose à la manière des parents un silence d'un autre genre. Mais Fatou est une rigolote qui prend la vie du bon côté : « J'ai de la chance», dit-elle en renversant sa longue chevelure en avant.
Cette Orientale bafouée, réduite à se taire toute sa vie, va enfin se libérer. De la cuisine aux saveurs aromatiques, qui se répandent dans toute la salle du Monnot à la sexualité débridée ; des recettes culinaires au mode d'emploi érotique, il n'y a qu'un pas. Un abécédaire décapant que Faïza Kaddour (prix du texte 2007 du Centre national du théâtre) a conjugué à tous les modes et temps.
Une table où sont posés un petit réchaud, une casserole et des légumes, sans oublier les épices. Un panneau sur pied et de l'autre côté de la scène une contrebasse et un violoncelle. Tel est le décor de ce Frichti de Fatou, où cuisine et apprentissage sexuel sont mitonnés, tel un pot au feu, éveillant...

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