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Moyen Orient et Monde - Reportage

La résilience, nouveau credo américain contre le stress des soldats en Irak

Ouvert 24 heures sur 24, le centre promeut la « remise en forme globale » des militaires autour de cinq piliers : le physique, l'émotionnel, le social, le spirituel et la famille.

Des sièges de massage sont mis à la disposition des soldats américains sous stress pour des séances de relaxation. Ali al-Saadi/AFP

Dans ses salles bleu ciel, un aumônier, un diététicien, des sièges de massage attendent le soldat... Monde à part sur cette base américaine en Irak, le « campus de la résilience » se veut le symbole de la nouvelle stratégie contre le stress des troupes.
Dans un rapport de 350 pages émis en juillet, l'armée de terre américaine s'est inquiétée de la santé psychologique des militaires, notant qu'en 2008, 13 % des soldats souffraient du syndrome de stress posttraumatique (SSPT), que le taux de suicide dans ses rangs dépassait depuis 2008 la moyenne nationale et que les prescriptions d'antidépresseurs avaient quintuplé entre 2005 et 2008.
Sept ans et demi après l'invasion, l'armée a ouvert début septembre en Irak deux de ces « campus », dont l'un dans la grisaille et la poussière de la base de Bassora, qui abrite 2 000 soldats.
« Nous sommes tous dotés de résilience, cette capacité à rebondir après un stress », note le psychiatre de la base, le colonel de réserve Bollepalli Subbarao. « Mais il arrive qu'il faille renforcer cette capacité en temps de crise », poursuit l'officier de 59 ans, qui en est à son cinquième déploiement d'un an dans la région depuis 2002.
Ouvert 24 heures sur 24, le centre promeut la « remise en forme globale du soldat » autour de cinq piliers : le physique, l'émotionnel, le social, le spirituel et la famille.
« Ce bâtiment n'est pas dédié au traitement », mais à la prévention, indique le sergent-major Bryan Barren, coordinateur du projet. « Nous aidons les soldats à renforcer chacun de leurs piliers qui sont affaiblis ».
Ils peuvent s'y faire prescrire un régime alimentaire ou un programme de sevrage tabagique, apprendre à détecter les symptômes du stress, s'isoler dans un box pour converser sur Skype avec leurs proches ou encore suivre un programme physique sur mesure dans une salle de gym sans miroir car « on ne vient pas ici pour montrer ses jolis muscles », avertit le sergent-major.
Une annexe de l'aumônerie propose une salle de méditation aux vitres colorées comme des vitraux et des livres religieux.
« Beaucoup de soldats viennent pour la résilience spirituelle parce qu'ils ne trouvent pas dans l'armée la même aide spirituelle que celle qu'ils ont chez eux », indique Jered Cooper, 23 ans, adjoint de l'aumônier. « Je suis ici pour leur parler, leur tendre la main, explique ce fils de pasteur luthérien, parfois simplement entendre leur cri. »
Un mois après la fin de la mission de combat de l'armée américaine, qui se concentre désormais sur la formation des forces irakiennes, le soldat Cooper juge actuellement le niveau de stress « assez bas ». Le docteur Subbarao estime également que le changement de mission a favorisé un travail plus profond avec les militaires, qu'il se refuse à appeler « patients » pour ne pas les extraire du contexte de la guerre. « Il y a une gamme tellement complexe de problèmes ».
Outre le SSPT, chronique et lié à un choc identifié, il y a toutes les angoisses liées au déploiement, à l'éloignement, à l'évolution de la mission, au sens de l'engagement, et même au climat ou à la présence d'employés irakiens sur la base, dit-il, sans compter les problèmes personnels importés des États-Unis.
Difficile de jauger le succès de ce campus auprès des soldats, les interviews ayant toutes été réalisées en présence d'officiers du service de presse de l'armée.
Quant au caractère tardif de cette initiative, la réponse du général Vincent Brooks, commandant de la division sud basée à Bassora, est lapidaire : « L'armée a 235 ans et n'aurait jamais évolué si elle avait considéré qu'il était trop tard pour le faire. Nous sommes constamment en train d'apprendre et de nous adapter. »
Dans ses salles bleu ciel, un aumônier, un diététicien, des sièges de massage attendent le soldat... Monde à part sur cette base américaine en Irak, le « campus de la résilience » se veut le symbole de la nouvelle stratégie contre le stress des troupes.Dans un rapport de 350 pages émis en juillet,...

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