« Cette tradition, Irrecha, fait partie de la culture du peuple Oromo. Bien avant les chrétiens ou les musulmans, les Oromos avaient leurs propres pratiques et religion », explique à l'AFP Nourié Ula, un jeune Oromo qui participe à la fête. « Ils remercient Dieu pour la beauté des lieux, l'eau est considérée comme miraculeuse et apporte la prospérité. Aujourd'hui, tout le monde vient encore ici, chrétien ou musulman, et bien sûr ceux qui sont restés animistes », précise-t-il fièrement.
Plus de 100 000 personnes étaient rassemblées pour la célébration de ces festivités Oromo - ethnie qui compte plus de 27 millions d'habitants soit plus d'un tiers des 80 millions d'Éthiopiens - et pour honorer les croyances ancestrales dans la puissance de la nature. Les Oromos ont mis leurs plus beaux habits traditionnels, de coton blanc sur lequel tranchent des bandes de couleurs vives. Certains avancent montés sur de petits chevaux au milieu d'une foule innombrable qui soulève un épais nuage de poussière. Une fois arrivés sur le lac Hora, chacun dépose des bouquets de petites fleurs jaunes et des herbes grasses sur l'eau avec lesquels ils s'aspergent. Ensuite viennent les danses et les conciliabules car le jour d'Irrecha, toutes les réconciliations sont possibles entre les Oromos.
« Ce jour et les cérémonies ici autour du lac sont très importants pour nous les Oromos. Les gens viennent de toutes les régions Oromo, parfois de très loin pour participer aux célébrations », affirme M. Nourié, installé sous les arbres où dansent des jeunes gens. Dans la tradition, l'Irrecha est aussi l'occasion des transferts de pouvoir entre les chefs : « Les Abagaada sont les chefs du peuple Oromo, comme des rois, mais ils ne peuvent rester au pouvoir que huit ans, ensuite pacifiquement ils passent le pouvoir à d'autres choisis démocratiquement par la communauté », raconte M. Nourié.
Les festivités d'Irrecha marquent également la fin de la saison des pluies en Éthiopie et l'espérance de récoltes abondantes, d'où les offrandes aux arbres et au lac, symboles vivants du Dieu unique adoré par les Oromos avant les grandes religions du Livre. Certains se félicitent de cette cérémonie qui, observe un journaliste éthiopien, était « très mal vue à l'époque du dictateur Mengistu Hailé Maryam, mais qui aujourd'hui est plutôt encouragée par le pouvoir qui a instauré le fédéralisme ».
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