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L’extrême droite en Europe, une force qui grimpe - Éclairage

L’extrême droite en Europe, une force qui grimpe

Représentants de partis d'extrême droite au sein des gouvernements, partis traditionnels contraints de composer avec des mouvements xénophobes ou anti-islam pour pouvoir gouverner... La poussée de l'extrême droite semble se confirmer en Europe.

Sur cette photo d’archives, une affiche de campagne de Geert Wilders, leader du PVV, un parti néerlandais d’extrême droite. Wilders, 47 ans, est jugé à partir d’aujourd’hui pour incitation à la haine raciale et à la discrimination contre les musulmans. Anoek De Groot/AFP

Le 19 septembre dernier, les Démocrates de Suède (SD) engrangeaient 5,7 % des voix aux législatives. Un score qui permettait à 20 députés de ce parti d'extrême droite d'entrer au Parlement suédois. Une première dans l'histoire de ce pays scandinave, inventeur de la social-démocratie moderne. Les Démocrates de Suède avaient mené campagne sur leur opposition à l'islam et à l'immigration, leur leader, Jimmie Aakesson, 31 ans, n'hésitant pas à jouer la carte de la provocation en déclarant, par exemple : « Bien sûr, tous les immigrants ne sont pas des criminels, mais il y a une connexion. »
Cette victoire d'un parti dont le discours politique est axé autour de la perte supposée de l'identité nationale n'est que le dernier épisode d'une montée en puissance de l'extrême droite en Europe. En avril dernier, le Jobbik, parti extrémiste hongrois, raflait 16,7 % des voix et envoyait, pour la première fois, 46 députés au Parlement.
Le 9 juin, le Parti pour la liberté néerlandais de Geert Wilders (PPV) décrochait 15,5 % des votes. Avec 24 sièges contre 9 auparavant, le PPV devenait la troisième force du pays et un acteur incontournable dans la formation du gouvernement. Formé après de longues tractations le 29 septembre dernier, le nouveau gouvernement néerlandais comprend le Parti chrétien-démocrate (CDA) et le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD). Minoritaire, ce gouvernement n'a de majorité parlementaire (76 sièges sur les 150 à la Chambre basse du Parlement) que grâce au soutien du PVV, parti populiste et islamophobe, dont le leader réclame, entre autres, un « arrêt total » de l'immigration en provenance des pays musulmans, le renvoi dans leurs pays des étrangers sans emploi et le retrait aux récidivistes ayant la double nationalité de leurs passeports néerlandais. Si les membres du CDA ont finalement voté pour une collaboration avec le PVV de Wilders, certains membres du parti chrétien-démocrate n'ont pas hésité à dire, lors d'un congrès, samedi, que le nouveau gouvernement « ne sera pas un gouvernement blanc ou vert mais brun, et cela rappelle de funestes souvenirs, 70 ans en arrière ». Mais pour le chef de file du CDA, l'ancien ministre des Affaires étrangères Maxime Verhagen, collaborer avec le PVV se justifie par le fait qu'« un million et demi de personnes dans notre pays ont voté pour ce parti ; si nous les tenons à l'écart, cela n'amenuisera pas les problèmes ».
Le Danemark est le théâtre d'une situation similaire, le Parti populaire danois (DF) - parti aux tendances populistes, voire xénophobes, selon certains observateurs, en raison de ses positions anti-immigration et anti-Europe libérale - soutenant un gouvernement de coalition minoritaire. En contrepartie de son soutien, la politique d'immigration a été durcie. Si le PVV et le Parti populaire danois ne sont pas directement représentés dans les cabinets néerlandais et danois - même si leur influence est indéniable -, dans certains pays d'Europe, les partis d'extrême droite font partie du gouvernement. Exemple en Italie, où le parti populiste et anti-immigré de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi participe au gouvernement de Silvio Berlusconi.
Dans d'autres pays européens, l'extrême droite influe sur la vie politique. En novembre 2009, les Suisses votaient à une large majorité (57 %) l'interdiction de la construction des minarets. Une votation organisée après le dépôt d'une proposition par l'UDC (Union démocratique du centre, une formation populiste de droite) et de l'Union démocratique fédérale (UDF, droite chrétienne). Pour justifier leur texte, UDF et UDC avaient joué sur le mythe d'une « islamisation rampante » de la Suisse. La semaine dernière, l'UDC s'est encore fait remarquer en avouant être à l'origine d'une campagne d'affichage publicitaire assimilant les Roumains et les Italiens à des rats grignotant un fromage helvétique. Des affiches visant à dénoncer l'« invasion » de plus de 40 000 travailleurs frontaliers italiens dans le Tessin (Sud) ainsi que « la criminalité importée ». L'UDC s'était déjà tristement illustrée en publiant des affiches xénophobes représentant des moutons blancs suisses expulsant du pied un mouton noir étranger, ou encore une femme en voile intégral devant des minarets en forme d'ogive nucléaire.
En Grande-Bretagne, le British National Party (BNP), parti d'extrême droite, a certes échoué, en mai dernier, à faire entrer un représentant à la Chambre des communes. Il reste que le parti de Nick Griffin, qui jusqu'à cette année excluait les non-Blancs de ses rangs et n'est revenu sur cette politique interne que par crainte de poursuites judiciaires, avait raflé lors des européennes de juin 2009 6 % des voix, envoyant par là même deux députés au Parlement européen. Une situation que ne peut ignorer le gouvernement britannique.
De manière générale, lors de ces législatives européennes, l'extrême droite a réalisé un score à deux chiffres dans sept États membres (Pays-Bas, Belgique, Italie, Danemark, Hongrie, Bulgarie et Autriche), et une performance entre 5 et 10 % dans six autres États (France, Finlande, Grèce, Roumanie, Royaume-Uni et Slovaquie).
Le 19 septembre dernier, les Démocrates de Suède (SD) engrangeaient 5,7 % des voix aux législatives. Un score qui permettait à 20 députés de ce parti d'extrême droite d'entrer au Parlement suédois. Une première dans l'histoire de ce pays scandinave, inventeur de la social-démocratie moderne. Les Démocrates de...