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Moyen Orient et Monde - Éclairage

La méfiance des monarchies du Golfe s’accroît à l’égard des minorités chiites

La résurgence des tensions est liée aux menaces de Téhéran de riposter dans les pays voisins en cas de confrontation avec les États-Unis.
La méfiance des monarchies du Golfe s'accroît à l'égard de leurs minorités chiites qu'elles craignent de voir se transformer en cinquième colonne à la solde de Téhéran. Les autorités bahreïnies ont ainsi accusé 23 opposants chiites de fomenter un complot contre la monarchie, à l'approche d'élections prévues fin octobre, alors que le Koweït connaît de fortes tensions entre sunnites et chiites.
« Je crois que la résurgence de ces tensions est liée à l'Iran et aux menaces de Téhéran de riposter dans les pays voisins en cas de confrontation avec les États-Unis », affirme Abdel Khaleq Abdallah, professeur à l'Université des Émirats arabes unis. En même temps, « l'Iran s'érige en défenseur et en protecteur des chiites dans le monde, ce qui accroît les craintes des pays du Golfe à l'égard de leurs citoyens chiites », ajoute-t-il.
Scission de l'islam orthodoxe, le chiisme est né d'un conflit politico-religieux à propos de la succession du prophète Mohammad. Les sunnnites, majoritaires dans l'islam, entendent représenter l'orthodoxie face au chiisme, celle qui applique les doctrines, normes et usages établis par le prophète Mohammad. Ils se conforment à la sunna
( « tradition du prophète » ).
M. Abdallah souligne que « certains pensent que des membres des communautés chiites dans le Golfe ont été entraînés pour mener des actes de sabotage en cas de frappe contre l'Iran ». La presse koweïtienne avait rapporté en août l'existence de « cellules terroristes dormantes » qui pourraient mener des actes de sabotage au Koweït, à Bahreïn et en Arabie saoudite en cas de frappe contre l'Iran. Tout en se déclarant convaincu de la loyauté des chiites à l'égard des pays du Golfe, l'universitaire émirati explique que les craintes de leur allégeance à l'étranger sont alimentées par le fait que la marjaïya, l'autorité religieuse suprême, est répartie entre Qom en Iran et Najaf en Irak, les deux principales villes saintes pour les chiites.
Les autorités de Bahreïn ont ainsi annoncé lundi avoir déchu de sa nationalité un haut dignitaire chiite d'origine iranienne, l'ayatollah Hussein Mirza Najati, représentant à Bahreïn de l'ayatollah Ali Sistani, principal dignitaire chiite d'Irak. Elles ont mené une large campagne d'arrestations dans les rangs des activistes de la communauté chiite, majoritaire dans ce pays gouverné par une dynastie sunnite, à l'approche des élections le 23 octobre. Au Koweït, où les chiites constituent près du tiers de la population, les autorités ont également déchu lundi de sa nationalité un activiste chiite, Yasser al-Habib, l'accusant d'incitation à la sédition confessionnelle. L'émirat avait déjà interdit dimanche les rassemblements en public dans une tentative de contenir la montée des tensions après des déclarations provocatrices de Yasser al-Habib.
Pour l'universitaire koweïtien Chamlane al-Issa, ces tensions ne peuvent être dissociées de la montée en force des mouvements chiites pro-iraniens en Irak, au Liban et au Yémen, où les rebelles zaïdites sont en rébellion contre le pouvoir central. Mais pour contrer l'influence de l'Iran, « il est nécessaire d'accorder aux chiites leurs droits », ajoute-t-il.
Les chiites koweïtiens, représentés par neuf députés sur 50 au Parlement, demeurent privilégiés par rapport à ceux d'Arabie saoudite, qui constituent près de 10 % de la population mais affirment ne pas avoir accès aux postes importants.
« Il y a une crise de confiance entre les régimes de la région et leurs peuples, et les chiites en particulier », déplore Ibrahim al-Mugaiteeb, président de l'organisation Human Rights First en Arabie saoudite. « Mais les accusations de cinquième colonne portées contre les chiites sont sans fondement. Et si une frappe contre l'Iran a lieu, les chiites saoudiens se tiendront aux côtés de leur gouvernement et non de l'Iran », assure-t-il.

Acil TABBARA (AFP)
La méfiance des monarchies du Golfe s'accroît à l'égard de leurs minorités chiites qu'elles craignent de voir se transformer en cinquième colonne à la solde de Téhéran. Les autorités bahreïnies ont ainsi accusé 23 opposants chiites de fomenter un complot contre la monarchie, à l'approche d'élections...

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