Anathema, maître du rock mélodique. Photo Ralph Nashawaty
Groupe aux influences musicales diverses (Alice in Chains, Porcupine Tree, Tool ou encore Pink Floyd - point commun avec Anathema qui a dû jouer en sa faveur), Absolace a pleinement réussi la mission, pourtant peu évidente pour un groupe fondé en 2007, de captiver l'audience et d'établir une ambiance très personnelle, réminiscence du meilleur de ce que les années 90 ont produit. C'était d'ailleurs avec beaucoup de nostalgie que certains ont adressé une pensée émue à tous ces groupes libanais de la belle époque : Moonstrung, WormJar, ou encore Scrambled Eggs à leurs débuts (si, si). Teintée d'influences heavy, avec certains passages clairement influencés par le son de Seattle (voire saupoudrés de Filter?), la musique d'Absolace a donc constitué une parfaite entrée en matière, préparant le public à l'entrée sur scène du poids lourd qu'est Anathema.
Les amateurs de la première époque ont peut-être eu un pincement au cœur tout au long de la première moitié du set. De toute évidence, le groupe a depuis longtemps relégué son passé doom/death aux oubliettes. Grand sourire, présence plus que chaleureuse et cheveux presque courts, Vincent Cavanagh et le groupe ont bien changé (évolué) en dix ans. Mais si les fans « old school » n'ont peut-être pas tout saisi du dernier album (We're here because we're here, 2010) dans lequel le groupe a largement puisé au début du concert, les grincheux potentiels ont vite oublié leurs récriminations au bout de quelques morceaux. Certes, la ligne entre la pop-rock et le progressif/alternatif pouvait être ténue par moments. Certes, Anathema a peut-être pris une direction radicalement différente des autres membres de la Sainte Trinité des années 90 (Paradise Lost, My Dying Bride). Mais, incontestablement, il a toujours excellé dans la capacité à attraper l'auditeur aux tripes au moment où il s'y attend le moins. Résultat : le nouvel album a fait son petit chemin dans les veines des grincheux précités, et lorsqu'Anathema, dans une splendide volte-face, a joué un morceau de Judgement et, surtout, plus de la moitié du chef-d'œuvre Alternative 4 à la fin du concert, le public, conquis, amoureux, a lâché prise.
Samedi soir, le Forum de Beyrouth a eu droit à une prestation royale, plus que généreuse en termes de temps accordé et d'interaction avec le public. Les antidépresseurs auraient-ils finalement transformé Anathema en quelque chose d'encore mieux ?