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Culture - Rencontre

Rima Tawil, ou le défi d’un concert lyrique en arabe

Sous le titre poétique d' « Orientarias », Rima Tawil, soprano franco-libanaise, s'apprête à célébrer le 4 octobre prochain, dans la prestigieuse salle Pleyel, un mariage artistique et lyrique prometteur entre Orient et Occident. Avec sa voix puissante au timbre exceptionnel, elle va interpréter des créations lyriques en arabe.

Rima Tawil: «J’ai voulu présenter plusieurs parfums, comme une dégustation.»

Rima Tawil a déjà à son actif plus de trente rôles d'opéra (Verdi, Bizet, Massenet, Gounod, Puccini) sur des scènes européennes majeures, comme la Scala de Milan ou le Festival d'Avignon. Elle s'est produite aux festivals de Beiteddine et de Baalbeck aux côtés de José Carreras et de Placido Domingo. Mais cette soirée du 4 octobre, annoncée comme une première mondiale, est pour elle la réalisation d'un rêve. Un rêve qui est aussi un défi. En mariant la musique lyrique avec la langue arabe, elle entend démontrer que la langue arabe peut parfaitement être chantée avec la technique de l'opéra. À l'heure où «les barrières mentales séparent l'Orient arabe de l'Occident», cette entreprise est «un acte de civilisation et un geste d'espoir», comme l'écrit Amin Maalouf dans la préface du programme.
Sous la direction musicale de Jean-Yves Ossonce, l'Orchestre symphonique de la région Centre-Tours accompagnera Rima Tawil dans son interprétation d'œuvres poétiques écrites par Henri Zoghaib, Camille Tawil, Rudy Rahmé et Bahjat Rizk, sur une musique composée par les talentueux Suleiman al-Qoudsi et Vincent Charrier.
Pour nous raconter cette étonnante aventure, Rima Tawil ne cache pas son enthousiasme, largement partagé par son mari, médecin de profession, poète à ses (nombreuses) heures, auteur de quelques-uns des airs qui seront chantés par Rima, dont un savoureux Air de la mode, mis en musique par un Vincent Charrier inspiré. Elle précise ainsi, à L'Orient-Le Jour, qu' « après avoir chanté en dix langues (français, anglais, espagnol, italien, portugais, allemand, russe, tchèque, arménien et en latin, les messes de requiem et oratorio...), je me suis dit : pourquoi ne chanterai-je pas en arabe, avec la technique lyrique qui est posée sur le souffle et une tessiture vocale très détendue. »
Et la voilà qui embarque dans son projet des amis compositeurs et poètes, qui écriront pour elle des textes de toute beauté sur une musique ample et généreuse, comme sa voix. Le travail va durer trois ans et demi ; les auteurs doivent adapter leurs textes au nombre de pieds et à la musique.
« Ce sont des airs d'opéra composés pour ma voix en tant que chanteuse lyrique traditionnelle, explique Rima Tawil. J'avais fait la connaissance d'un compositeur français, Suleiman al-Qodsi (c'est son nom d'emprunt), dont la mère est d'origine moyen-orientale. Il avait déjà écrit des opéras en France. Mon mari Camille m'a écrit un premier texte sur le Liban, que Suleiman a mis en musique (Salam wa gharam). Il en a fait plusieurs après. J'ai eu ensuite un contact avec le poète libanais Henri Zoghaib, dont je chante trois airs dans le concert. Enfin, Les épées de feu, un air puissant et difficile, composé par Vincent Charrier sur des paroles de Rudy Rahmé, le sculpteur, qui, à ma grande surprise, s'est révélé être un grand poète, ayant à son actif 14 recueils. J'ai fait appel aussi à Bahjat Rizk, pour deux textes, sur Carthage et Hatshepsout, une reine-pharaon pour laquelle j'ai beaucoup d'admiration car elle a privilégié la paix et la prospérité de son pays à la guerre et à la conquête. »
Le concert ne se présente donc pas comme un opéra entier avec trois actes, « car je pense que le monde arabe n'est pas prêt pour cela. Les gens n'ont pas la concentration nécessaire pour ce genre d'œuvre, ils décrochent vite. J'ai donc privilégié des extraits, des tableaux, j'ai voulu présenter plusieurs parfums, comme une dégustation. Privilégier surtout la mélodie, sans descendre sous le niveau vocal auquel je suis habituée. Je chante des airs très difficiles. D'ailleurs, le chef d'orchestre qui va me diriger est le même avec qui j'ai fait Don Carlo, un des opéras les plus difficiles et les plus longs, dans la version de cinq actes. Ce sera aussi difficile pour lui et pour moi de diriger et chanter ce concert-là. »
Les thèmes choisis pour ces «arias» chantées en arabe? L'amour bien sûr, «incontournable», la patrie, la terre, la mère, un air sur la mode, ludique et virtuose comme du Rossini, sublimement porté par la voix de Rima sur une composition de Suleiman al-Qoudsi. «Quand je suis sur scène, je suis toujours fascinée par ces kilomètres de tissus qui s'étalent, du rideau de théâtre aux costumes d'époque, ou de concerts de gala, confie la soprano. J'ai voulu un air qui soit un dialogue avec le créateur de mode. En l'occurrence, je pense à mon ami Élie Saab qui m'habille toujours pour mes concerts.»
Qui a dit que la langue arabe ne peut pas être chantée avec la technique de l'opéra ? Après avoir écouté en exclusivité des morceaux choisis, force est de mettre chapeau bas. Le concert de Rima Tawil à Pleyel est porteur d'une véritable exigence au niveau des textes et de la musique. Quant à la voix de la soprano libanaise, parfaitement maîtrisée, d'une tessiture parfaite, elle épouse la musique à merveille, module l'accent arabe avec la finesse des grands airs d'opéra et réussit à communiquer beaucoup d'émotion.
Les directeurs de la salle Pleyel s'attendent à un beau succès pour cette première. Ils ne risquent pas d'être déçus.
Rima Tawil a déjà à son actif plus de trente rôles d'opéra (Verdi, Bizet, Massenet, Gounod, Puccini) sur des scènes européennes majeures, comme la Scala de Milan ou le Festival d'Avignon. Elle s'est produite aux festivals de Beiteddine et de Baalbeck aux côtés de José Carreras et de Placido Domingo. Mais cette...

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