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Santé

Antibiotiques : des chercheurs craignent une crise mondiale

Photo avamendoza.com

L'assèchement de la recherche et du développement de nouveaux antibiotiques pour combattre la multirésistance microbienne grandissante pourrait nous ramener à la situation prévalant avant la découverte de la pénicilline au début du XXe siècle, affirment des spécialistes en maladies infectieuses, réunis à Boston, aux États-Unis, dans le cadre de la cinquantième conférence annuelle de l'ICAAC (Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy), dont les travaux se poursuivront jusqu'à demain.
« Nous sommes confrontés à un gros problème de résistance - des pathogènes aux antibiotiques - qui devient une crise sanitaire mondiale », a dit Ursula Theuretzbacher, du Centre des agents anti-infectieux à Vienne.
Elle a souligné « le nombre énorme de cas (de multirésistance) pour lesquels nous n'avons plus aucun antibiotique efficace dans notre arsenal pour les traiter », un phénomène observé dans les pays riches comme dans ceux en développement.
Et « si nous regardons les nouveaux antibiotiques produits ou en développement, il est clair que l'industrie pharmaceutique ne répond pas aux besoins de la médecine », a déploré ce médecin, reconnaissant par ailleurs la faible rentabilité de ces médicaments pour les grands laboratoires comparativement aux traitements anticancéreux et les maladies cardio-vasculaires.
Selon Gary Noel, du laboratoire américain Johnson and Johnson, il y a probablement aujourd'hui moitié moins d'antibiotiques en développement que dix ans auparavant. Citant ses recherches, il a indiqué qu'il devait probablement y avoir au plus une cinquantaine de molécules à l'étude dans l'ensemble des laboratoires pharmaceutiques et des sociétés de biotechnologies destinées potentiellement à traiter des infections bactériennes.
De ces cinquante molécules, moins de la moitié sont au premier stade de développement clinique et un peu plus de 10 % sont testées pour leur efficacité et leur innocuité, a précisé le médecin. Mais « les quelques molécules à l'étude potentiellement capables de neutraliser les agents microbiens multirésistants aux antibiotiques et prêtes à être utilisées pour traiter des malades ne seront pas sur le marché avant au plus tôt deux à quatre ans », a-t-il jugé.
Pour surmonter cette crise de la recherche et du développement de nouveaux antibiotiques, il faut une nouvelle approche qui ne soit plus fondée seulement sur le modèle du retour sur investissement, a expliqué Mme Theuretzbacher.
Elle a cité plusieurs propositions qui ont été avancées, comme par exemple la création de partenariats entre les secteurs privé et public, à l'instar de ceux mis en place avec succès pour produire des thérapies contre les maladies tropicales négligées.
Selon elle, « les pouvoirs publics devraient octroyer davantage de fonds pour combler le déficit des investissements privés aux premiers stades de la recherche et du développement » des antibiotiques.
La spécialiste a aussi insisté sur la nécessité de renforcer et d'harmoniser les réglementations des pays pour limiter l'usage excessif des antibiotiques chez les humains et dans l'élevage, principale cause du développement de la résistance microbienne.
Toutes ces mesures sont nécessaires « pour éviter de retomber dans une situation sanitaire d'avant la découverte de la pénicilline », a-t-elle lancé.
Selon elle, les choses devraient commencer à bouger car la gravité de la situation est désormais reconnue au plus haut niveau politique, comme l'indique la déclaration conjointe des États-Unis et de l'Union européenne à l'issue de leur sommet en novembre 2009 créant un groupe de travail pour répondre « au problème urgent de la résistance microbienne ».
L'assèchement de la recherche et du développement de nouveaux antibiotiques pour combattre la multirésistance microbienne grandissante pourrait nous ramener à la situation prévalant avant la découverte de la pénicilline au début du XXe siècle, affirment des spécialistes en maladies infectieuses, réunis...

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