Sébastien Ogier dépassé par sa vitesse de progression

Derrière Sébastien Loeb, le sextuple champion du monde, un autre Sébastien, lui aussi au volant d'une Citroën, montre plus vite que prévu le bout de son nez. Sébastien Ogier (photo), 26 ans, vient de remporter le rallye du Japon, son deuxième succès en championnat du monde après sa victoire au Portugal en mai, et talonne désormais Loeb pour le titre mondial. Alors qu'il découvre encore certains rallyes au fil de cette troisième saison chez les cadors et même s'il n'est pas encore comme un poisson dans l'eau sur l'asphalte, le jeune pilote est le premier surpris de son ascension.
« Comme on dit souvent, si au début de la saison, on m'avait dit que j'en ferai une aussi bonne, j'aurais signé tout de suite », a-t-il dit à Reuters, avant le départ de l'étape japonaise.
« Franchement, à tous les niveaux, nous allons plus vite que prévu. Et, nous sommes les premiers surpris de notre régularité. Surpris aussi de nos performances sur terre où nous sommes capables, comme aujourd'hui, de rivaliser avec les meilleurs. »
Plus vite que prévu et plus que jamais, Sébastien Ogier s'annonce donc comme le successeur de Loeb, son aîné de dix ans.
Mais il ne tombe pourtant pas dans l'excès de confiance : « Hors de question de se laisser griser par cette ascension plus rapide que prévu. La griserie nous mènerait à faire des erreurs, fatales à ce niveau », prévient-il.
Le jeune pilote qui monte n'a pas apprécié « que certains journalistes prennent (son) ambition à dépasser Sébastien Loeb pour une soudaine grosse tête ». « Légitimement, j'ai de l'ambition, de la détermination, de l'engagement et de la passion. Mais je ne me mets absolument pas en avant », tient-il à préciser.

Libérés
Pour Sébastien Loeb, « un modèle et une référence », Sébastien Ogier a une admiration sans bornes. Mais il ne laissera pas ce lièvre de luxe faire cavalier seul.
« Être dans son aspiration nous a, d'évidence, aidés à aller aussi vite dans notre apprentissage. Son niveau nous tire vers le haut. À chaque rallye, j'ai quelqu'un devant moi capable, absolument tout le temps, d'être constamment proche des limites, proche de la perfection », salue Ogier. Avec ses notes deux fois plus détaillées que la moyenne, à l'échelle des 5 mètres, son copilote Julien Ingrassia est aussi surpris « d'avoir été au top niveau plus vite que prévu ».
Ainsi, il analyse la situation à trois manches de la fin de la saison.
« D'entrée, nous n'avons pas fait beaucoup d'erreurs. Nos résultats positifs nous ont mis en confiance. Après en avoir bavé en 2009, la pression est retombée, petit à petit. Et nous nous sommes libérés », affirme ce natif d'Aix-en-Provence.
Depuis cinq ans, les deux hommes roulent ensemble. En 2008, ils ont été champions du monde junior. Loeb et Daniel Elena, son copilote, l'ont été en 2001. Julien Ingrassia « ne rate jamais l'occasion de raconter cette anecdote : « Lors du rallye de Monte-Carlo en janvier dernier, un papy sorti d'une grange de nulle part dans le village de Serres, à l'ouest de Gap, nous a prédit trois victoires cette saison », se souvient-il.
À la veille du rallye du Japon, Ogier et Ingrassia en comptaient deux, le Portugal et l'Italie, qui n'est cependant pas de la catégorie WRC. Après le rallye du Japon, ils en comptent trois.
Mais une troisième victoire estampillée WRC serait « l'inespérée cerise sur le gâteau », glissent-ils en chœur.
La dixième manche du championnat du monde des rallyes aura lieu du 1er au 3 octobre en Alsace sur les terres de Sébastien Loeb, en quête d'un septième titre mondial d'affilée. Sébastien Ogier y jouera-t-il les trouble-fête ?