Angleterre : quel Rooney contre la Suisse ?

L'Angleterre attend avec inquiétude de voir quel Wayne Rooney va fouler la pelouse de Bâle ce soir lors du deuxième match des qualifications pour l'Euro 2012 face à la Suisse (groupe G). Étincelant vendredi contre la Bulgarie (4-0), la star de Manchester United n'a pas eu le temps de savourer son retour en grâce, tant espéré après une Coupe du monde calamiteuse. Deux jours plus tard, sa vie privée s'étalait dans les tabloïds, remplis de révélations sur de supposées frasques extraconjugales. Aura-t-il supporté le choc ? Il vaudrait mieux pour Fabio Capello, tant la performance de l'équipe aux Trois Lions dépend étroitement de l'inspiration de son génial rouquin. Vendredi, c'est le Rooney flamboyant qu'ont eu la chance de voir les 75 000 supporteurs de Wembley, dans une version ajustée aux circonstances. Privé de Frank Lampard dans l'entrejeu, l'Italien lui avait demandé de jouer un peu plus en retrait que d'habitude afin d'alimenter l'avant-centre Jermaine Defoe.
« Je lui ai dit de se mettre juste devant les milieux de terrain, d'aller de l'avant depuis cette position, de jouer librement et de donner plus de ballons », a expliqué le sélectionneur.
L'idée a fonctionné au-delà de toute espérance, Rooney réussissant trois passes décisives après avoir déjà été à l'origine du premier des trois buts de Defoe. Il aurait même pu marquer lui-même sur un lob de 20 mètres dévié de justesse par le gardien bulgare.
Quel contraste par rapport à son pauvre Mondial ! Transparent lors des quatre matches de l'Angleterre, jusqu'à la cinglante élimination par l'Allemagne (4-1) dès les huitièmes de finale, il avait été montré du doigt comme l'un des principaux responsables du fiasco anglais.
Son renouveau de vendredi n'est pas une totale surprise car un frémissement était perceptible depuis le début du championnat. Revenu près de sa meilleure forme physique, ce qui n'était pas le cas au Mondial à cause d'une douleur à une cheville qu'il traînait depuis le printemps, Rooney avait même inscrit un but contre West Ham (3-0) le samedi précédent.
Ce n'était certes qu'un penalty, mais il mettait fin à la plus longue période de disette de sa carrière. Depuis un but marqué fin mars en Ligue des champions contre le Bayern Munich, l'attaquant de 24 ans était resté muet pendant 1 113 minutes, soit plus de 18 heures de football.
Rooney s'est entraîné normalement dimanche et a bien pris l'avion pour Bâle avec le reste de l'équipe lundi. Quel que soit son état d'esprit, il paraît improbable que Capello se passe de lui contre la Suisse, un adversaire que personne ne prendrait le risque de sous-estimer, surtout depuis sa victoire sur l'Espagne au Mondial.
« Il nous faut les meilleurs sur le terrain, et il est évidemment l'un d'eux. Il l'a montré vendredi sur le terrain », a souligné son coéquipier James Milner.