« Oui, c'est une histoire palestinienne, mais c'est fondamental qu'un juif américain comme moi la raconte, que les musulmans l'entendent, que les juifs l'entendent, en Israël et dans le monde », a confié à l'AFP le réalisateur au physique débonnaire avant de se rendre au Lido. « C'est justement parce que je suis juif que cette histoire m'a touché, elle fait partie de moi », insiste l'auteur de Basquiat et Avant la nuit, qui avoue qu'il ne « connaissait pas grand-chose aux Palestiniens ». « Il faut comprendre les Palestiniens. Le film témoigne que leurs peurs et leurs désirs ne sont pas très distincts des nôtres. » Julian Schnabel fonde aujourd'hui ses espoirs sur la reprise de pourparlers directs israélo-palestiniens et dédie son film à « tous ceux qui de part et d'autre croient encore que la paix est possible ».
Autre film présenté en compétition hier au Festival de Venise, La brebis galeuse est un émouvant poème biographique de, et avec, Ascanio Celestini dans le rôle de Nicola, qui conte ses 35 ans passés dans un asile de fous. Nicola est né « dans les années 60, les fabuleuses années 60 » : son enfance presque normale se passe d'abord auprès de sa grand-mère « née vieille, qui vit comme une vieille et qui mourra comme une vieille ». Avec un père absent et une mère internée en asile psychiatrique, lui aussi après quelques péripéties finit par y passer le plus clair de son temps, même si pour lui la vie d'interné n'est pas si différente de celle du dehors. « Pendant trois ans, j'ai fait des interviews pour rassembler des histoires se passant dans des asiles », explique Celestini, un homme de théâtre et de télévision de 38 ans, qui en a fait ensuite un livre puis un film dans lequel apparaît aussi Maya Sansa. Pour cet homme mince à longue barbiche, « l'asile s'étend bien au-delà de ses propres murs et concerne non seulement les fous, mais aussi nombre de ceux qui se croient sains d'esprit ». Une grande humanité, mais aussi une grande solitude, émanent de ce film qui n'est pas sans rappeler l'univers de Pippo Delbono.
Les années 60 sont aussi à l'honneur du troisième film entré hier dans la course au Lion d'or, Norwegian Wood, un film japonais signé Tran Anh Hung, le réalisateur de L'odeur de la papaye verte (1993). Le protagoniste, Toru, se souvient de ce qu'était sa vie dans ces années-là et regrette de ne pas l'avoir vécue plus pleinement. Un film sur l'amour et la nostalgie, deux sentiments qui se prêtent parfaitement à l'ambiance fin de siècle du Lido.
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