Il y avait en effet l'année de tous les dangers (The Year of Living Dangerously). Cette année où un beau Mel Gibson rencontrait l'audacieuse Sigourney Weaver sur la terre d'Indonésie. Il y avait aussi cette Année des méduses où les yeux immensément bleus de Bernard Giraudeau croisaient le regard enfiévré de Valéry Kaprisky. Et encore cet Été meurtrier où une toute jeune et pulpeuse Isabelle Adjiani faisait chavirer le cœur d'Alain Souchon. Mais également cet inoubliable Summer of 42 où les ados découvraient qu'un autre ado de leur âge pouvait se trouver au lit avec une femme esseulée en quête d'affection.
Ces années-là étaient à marquer au fer rouge. Unforgettable, aurait dit Nat King Cole. C'était sans avoir découvert l'année caniculaire libanaise, date où tout basculait dans l'enfer rouge. Un enfer étouffant de moiteur où les Libanais se familiarisaient avec les affres de la chaleur, du manque d'électricité et de l'invasion des moustiques. Un été enfin où l'on apprenait à vivre tout comme nos voisins les Arabes. « Indoor ». Après avoir exporté au Liban leur civilisation de malls, voilà qu'ils lui offraient leur culture de portes closes et d'air recyclé. Plus de camions sur les routes pour faire la navette entre la ville et la montagne transportant la famille entière ainsi que leurs meubles à la recherche d'air frais. Plus de fraîcheur à la ronde. Même les destinations les plus lointaines de la montagne libanaise se débattaient dans la tiédeur du vent, et les cigales en folie n'ont jamais autant chanté.
Voilà que les balcons libanais se refermaient. Le charme d'autrefois était rompu.
Dommage pour Juliette.