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Culture - Exposition

Dessine-moi la belle Amérique

Qu'y a-t-il de commun entre les cinéastes George Lucas, Steven Spielberg et le peintre Norman Rockwell ? Un conte américain, actuellement sur cimaises.

Que rien ne vous fâche.

« Les années 20 se sont achevées dans l'extravagance. Il y a eu un grand krach, puis le pays a repris et nous avons eu quelques belles années. C'était le temps où l'Américain croyait en lui, et j'étais fier et heureux de le peindre », dixit Norman Rockwell (1894-1978), qui a rencontré tant d'Américains heureux qu'il a dû utiliser des centaines de canevas pour les immortaliser tels qu'en eux-mêmes. Sa galerie de portraits du pays de l'Oncle Sam, où « tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau », est devenue iconique. Aujourd'hui, l'American Art Museum à Washington cerne son talent de conteur en donnant à voir une exposition intitulée « Raconter des histoires : Norman Rockwell dans les collections de George Lucas et Steven Spielberg » et portant sur des toiles acquises par ces deux cinéastes américains de renom. Tous deux ont trouvé qu'il existait entre eux et cet artiste une parenté spirituelle. Les peintures de Rockwell et leurs films évoquent l'amour du pays, les valeurs chères aux petites villes, des enfants en train de grandir, des improbables héros, des produits de l'imagination et les ironies de la vie.
 Rockwell créait ses images avec une stratégie similaire à celle du cinéma. Il mettait en scène ses visions, que souvent il photographiait avant de les peindre, développant ainsi un style des plus réalistes, visant à refléter une Amérique sans histoire, naturelle et nécessaire, tels ses arrêts sur des Enfants à une soirée dansante,  Bonne année grand-mère, Hâte de devenir soldat, Théâtre d'ombre, Flirt, L'arracheur de dents du Texas et autres Boy scout et l'esprit
américain.

La peur du changement ?
Peintre et dessinateur de veine naturaliste de la vie américaine du XXe siècle, Norman Rockwell est devenu célèbre en illustrant, de 1916 à 1960, les couvertures du magazine Saturday Evening Post. En 1943, il participe à l'effort de guerre en publiant l'affiche The Four Freedom, distribuée dans le monde entier. Il est alors considéré comme le plus populaire des artistes américains et fait les portraits d'Eisenhower, de Kennedy et de Nasser. Il peint son Triple autoportrait par une mise en abîme : il se peint en train de se peindre en se regardant dans un miroir. Avec le déclin de l'illustration au profit de la photographie et les changements d'orientation du Saturday Evening Post en 1960, il passe à la revue Look et illustre des thèmes davantage en relation avec les convulsions politiques du temps. Sa plus célèbre illustration pour Look représente une petite fille noire américaine se rendant à l'école, escortée par des agents fédéraux, en pleine période ségrégationniste. Vers la fin de sa vie, il fera encore des affiches publicitaires et le calendrier des boy-scouts jusqu'en 1976.
Pour certains, l'art de Rockwell a communiqué à son public la peur du changement. Pour d'autres, ses pinceaux n'étaient pas si innocents car les brèches du pays ne leur avaient pas totalement échappé. L'éminent critique d'art Allan Wallach est allé jusqu'à taxer son style d'idéologie du « réalisme capitaliste ». Un jugement excessif que tempère la majorité des critiques qui reconnaissent que les visions de Rockwell ont toujours été un baume pour ses concitoyens. Pour preuve, en particulier, les envies de « dessine-moi un mouton » , manifestées par deux grands géants du septième art, George Lucas et Steven Spielberg.

« Les années 20 se sont achevées dans l'extravagance. Il y a eu un grand krach, puis le pays a repris et nous avons eu quelques belles années. C'était le temps où l'Américain croyait en lui, et j'étais fier et heureux de le peindre », dixit Norman Rockwell (1894-1978), qui a rencontré tant d'Américains...

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