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Culture - Cinéma

Marguerite Duras, cinéaste, au Beirut Art Center

Le Beirut Art Center présente, en collaboration avec la Mission culturelle française au Liban et Cultures France, une sélection de films et de documentaires concernant l'écrivaine et cinéaste Marguerite Duras.

Un plan du film « Césarée ».

On connaissait l'écrivaine, la richesse de sa prose et même ses adaptations littéraires les plus célèbres sur grand écran, comme Hiroshima mon amour et L'Amant, mais peu connaissent Marguerite Duras caméra au poing, arpentant les rues ou les fleuves et offrant à voir une œuvre cinématographique élaborée et particulière à étonner les plus grands cinéastes, notamment Jean-Luc Godard, qui lui a affirmé son admiration lors d'une entrevue.
C'est donc à travers un programme qui s'étale sur trois mercredis (les 18 et 25 août et le 1er septembre), qui propose par le biais de courts essais poétiques, films de fiction et documentaires, qu'est offerte une plongée dans l'expérience cinématographique de Marguerite Duras, dont l'expression et le style reflètent la pensée créatrice de l'écrivaine.
Née le 14 avril 1914 à Gia Dinh, en Indochine, Marguerite Duras s'est principalement inspirée de sa vie pour la reproduire en œuvre littéraire ou filmée et ce ne sont pas tant les histoires qui ont été le compost et ont nourri l'œuvre audiovisuelle que le style et l'écriture dense et imagée de l'auteure.
C'est en ces mots que certains critiques de cinéma la définissent : « Duras demeure sans conteste l'une des auteures françaises dont l'écriture est la plus cinématographique par le style tout en concision et minimalisme qui la caractérise, ainsi que par l'extrême simplicité qui la distingue. Effectivement, l'apparent dénuement de l'écriture "durassienne" par sa rigueur et sa précision permet au lecteur d'investir le texte, tout en faisant passer quantité de choses et cela presque sans que l'on s'en aperçoive. » De plus, ses romans traitent de thèmes tellement universels que ce n'est pas étonnant qu'elle ait été l'écrivaine française la plus adaptée au cinéma.
Dans ce premier cycle projeté mercredi dernier au Beirut Art Center, les quatre courts-métrages explorent l'absence et le manque. Césarée narre donc l'histoire de la ville de Césarée (ville palestinienne) et de Bérénice (reine juive) sur fond d'images mouvantes et fixes des monuments parisiens ; Les mains négatives parle aux travailleurs immigrés, les sans-abri, la population clandestine dans un Paris encore endormi, avec ses bâtiments et monuments historiques comme toile de fond. Dans le court-métrage Aurelia Steiner, Duras lit les lettres fictives d'une jeune fille à son amant alors que la caméra glisse sur la Seine, en passant par des sites populaires ; tandis que La Caverne noire est une interview de Duras par l'écrivain français Dominique Noguez, réalisée par Jean Mascolo et Jerôme Beaujour. Une quête obsessionnelle qui se traduit par ces longs travellings douloureux jusqu'à l'épuisement, par cette image comme évanescente et sombrant dans l'oubli, dans ces silences et calmes pesants que traversent parfois le clapotis de l'eau ou encore un autre bruit non distinct. Certains s'étonneront de la dissociation entre bande-son et bande-image. L'écriture n'accompagne jamais l'image, elle vient s'y insérer, s'y infiltrer. Une exploration de l'expérience cinématographique « durassienne » qui se poursuivra sous d'autres facettes dans les semaines à venir.

Programme des semaines prochaines
Mercredi 18 août, 20 heures : Océaniques, un entretien Duras-Godard, de Jean-Daniel Verhaeghe. En décembre 1987, Jean-Luc Godard visite Marguerite Duras dans sa maison à Paris. Lors de cette rencontre, Godard et Duras discutent de la création artistique à travers l'écriture et le tournage. Ils fondent leur dialogue sur Emily L., écrit par Duras, et Soigne ta droite réalisé par Godard.
Mercredi 25 août, 20 heures : Détruire, dit-elle, de Marguerite Duras (94 mn, noir et blanc). Duras y décrit les éléments obscurs encore exploratoires, typiques de son œuvre littéraire. Ce film psychologique exprime son intérêt pour le partage entre espace et temps en suivant quatre personnages qui se rencontrent dans un hôtel à la campagne.
Mercredi 1er septembre, 20 heures : Agatha et les lectures illimitées de Marguerite Duras (1981, couleurs, 82 mn). Ce film compte parmi les plus grandes expériences de Duras au niveau du sujet aussi bien que de la cinématographie. Dans un hôtel évoquant la maison où ils ont été élevés, la proximité de la mer et du ciel ranime les amours adelphiques et la passion d'un frère et d'une sœur. Cette rencontre clandestine leur permet d'affronter enfin leurs sentiments incestueux.
Duras filme, de Jean Mascolo et Jérôme Beaujour (1981, couleurs, 42 mn). Un entretien avec Marguerite Duras, pendant le tournage d'Agatha et les lectures illimitées. L'auteure est suivie sur le plateau, mais présente également son œuvre et ses thèmes récurrents.
On connaissait l'écrivaine, la richesse de sa prose et même ses adaptations littéraires les plus célèbres sur grand écran, comme Hiroshima mon amour et L'Amant, mais peu connaissent Marguerite Duras caméra au poing, arpentant les rues ou les fleuves et offrant à voir une œuvre cinématographique élaborée...

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