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Santé - Maladies infectieuses

La typhoïde, ou la maladie des mains sales

Les cas de fièvre typhoïde se multiplient depuis le début de la saison chaude. Les cas sont bénins, mais remettent sur le tapis le problème de la sécurité alimentaire.

Avant de servir une salade, il faut veiller à bien laver les légumes et à les stériliser. Photo tirée du site saladaday.org

Qui d'entre vous n'a pas entendu parler au cours de ces dernières semaines de cas de personnes souffrant d'une diarrhée, accompagnée de fièvre, ou encore de personnes hospitalisées en raison d'une gastro-entérite ? Chaque année durant la saison chaude, ces cas sont légion. Mais « depuis le début de cet été, nous constatons une augmentation notoire de cas de typhoïde diagnostiqués au laboratoire », relève le Dr Jacques Mokhbat, président de la Société libanaise pour les maladies infectieuses.
Avant de crier au loup, sachez que les cas de typhoïde ou de fièvre typhoïde sont fréquents au Liban et dans le monde. L'Organisation mondiale de la santé estime en fait à plus de 20 millions le nombre de personnes qui en sont infectées par an, dont 200 000 morts, la majorité des cas survenant dans les pays en voie de développement où l'hygiène est encore précaire.
La typhoïde est causée par une bactérie, la Salmonella typhi, qui a l'homme pour seul réservoir. « Il faut distinguer la Salmonella typhi des Salmonella non-typhi ou salmonelloses qui sont responsables de gastro-
entérites ou de ce qu'on appelle communément les intoxications alimentaires, explique le Dr Mokhbat. Ces gastro-entérites sont généralement accompagnées de diarrhée, de fièvre, de vomissements et de douleurs abdominales. Dans ces cas, les Salmonella sont le plus souvent d'origine animale et humaine, et transmises à l'homme par l'ingestion d'une eau insalubre non stérilisée, de légumes irrigués par une eau contaminée par la bactérie ou encore par la consommation de volailles ou d'œufs contaminés et mal cuits. Il reste que la majorité des cas n'est pas diagnostiquée au laboratoire, mais cliniquement, et guérit facilement. »
La Salmonella typhi, par contre, est spécifique à l'homme. Elle se multiplie dans le tube digestif et est transmise donc par l'ingestion d'eau et d'aliments ayant subi une contamination fécale d'origine humaine. Or nul n'ignore qu'au Liban, il y a une infiltration des eaux de fosses septiques dans les canalisations d'eau potable en plusieurs endroits en raison de la vétusté des réseaux. Sans oublier que les eaux usées se déversent sans traitement dans la mer...
« La Salmonella typhi peut entraîner un syndrome de salmonellose gastro-entérite, poursuit le Dr Mokhbat, mais généralement, elle est à l'origine d'une fièvre typhoïde qui est caractérisée par un mal de tête, une prostration et une fièvre qui peut traîner plusieurs semaines, associée à des troubles digestifs (vomissements, etc.) et des troubles de la tension artérielle. Souvent, une constipation est constatée. »
Les symptômes de la maladie se manifestent généralement une à deux semaines après l'infection. Le traitement se fait aux antibiotiques.

Le problème de la sécurité alimentaire
Cet été, les spécialistes ont constaté une importante augmentation de contaminations par Salmonella typhi au sein de la population, notamment parmi les enfants, accompagnées de fièvre typhoïde ou de
gastro-entérites. « Cela provient vraisemblablement de la manipulation des aliments avec des mains sales, des eaux de sources contaminées, ou encore des légumes irrigués par une eau contaminée et l'eau de mer, souligne le Dr Mokhbat. Il est toutefois nécessaire de noter qu'il faudrait ingérer une importante quantité de Salmonella pour tomber malade, sauf si on prend des médicaments pour inhiber l'acidité gastrique. Or, celle-ci est essentielle pour lutter contre les bactéries qu'on ingère par voie orale. Dans ces cas, une petite dose est suffisante pour induire la maladie. »
Il reste que ces cas remettent sur le tapis le problème de la sécurité alimentaire au Liban. « Tout individu qui travaille dans l'industrie alimentaire doit être régulièrement suivi pour s'assurer qu'il n'est pas porteur de Salmonella typhi », insiste le Dr Mokhbat, qui met l'accent sur la nécessité de « revisiter le système de sécurité alimentaire au Liban » et d'« assurer un bon contrôle des laboratoires ».
Prévenir la fièvre typhoïde consiste principalement à assurer un suivi du personnel dans le secteur de la restauration. Bien qu'un vaccin existe et qu'il soit souvent administré aux enfants, son efficacité est limitée vu son utilisation irrégulière. La prévention impose aussi de bien nettoyer les légumes et de les stériliser par des produits iodés ou à base de chlore, et de manipuler les aliments avec « des mains bien propres », puisqu'il s'agit essentiellement « de la maladie des mains sales ».
Qui d'entre vous n'a pas entendu parler au cours de ces dernières semaines de cas de personnes souffrant d'une diarrhée, accompagnée de fièvre, ou encore de personnes hospitalisées en raison d'une gastro-entérite ? Chaque année durant la saison chaude, ces cas sont légion. Mais « depuis le début de cet...

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