« Un CD qui me ressemble », assure la chanteuse, dont la voix angélique n'occulte cependant pas une personnalité que l'on devine léonine. Née sous le signe du Lion, la jeune femme en a, outre la crinière - un doré vénitien qui auréole son visage aux traits aussi purs que sa voix -, la force, semble-t-il. Cela n'empêche pas la sensibilité. Déterminée, Tania Kassis est tout simplement de celles qui n'attendent pas qu'on vienne les chercher, mais prennent des initiatives pour aller à la rencontre de leurs rêves. Par exemple, c'est en apprenant via L'Orient-Le Jour qu'on essayait de mettre en place au Liban une fête mariale islamo-chrétienne qu'elle a eu l'idée de faire un montage d'un Ave Maria sur fond de chant de muezzin. Qui donnera son fameux tube, si l'on peut le qualifier ainsi !
Parcours
Si elle a toujours baigné dans une ambiance lyrique - son père est un grand amateur d'opéras -, c'est par un pur concours de circonstances qu'elle a trouvé sa voie, Tania Kassis. En se découvrant une voix de soprano lyrique, à l'âge de 15 ans.
Élève de piano depuis sa dixième année au Conservatoire national, la jeune fille assiste un jour, en attendant sa prof de piano, à la fin d'un cours de chant lyrique. « C'est là que j'ai brusquement décidé de bifurquer du piano, que je n'ai jamais vraiment aimé, vers le chant », raconte-t-elle. À la fin de la première année, encouragée par ses professeurs, elle donne son premier concert au programme exclusivement marial, à l'église Notre-Dame des Dons.
Choisie pour représenter le Liban aux Jeux de la francophonie d'Ottawa en 2001, elle confie à Élias Rahbani la composition des chansons qu'elle y interprétera. Sa prestation saluée par la presse canadienne, et en particulier son Appel à la paix (une mélodie qui célèbre la coexistence des trois religions écrite par son père), lui vaudra, à son retour, la médaille du Mérite libanais décernée par Ghassan Salamé, à l'époque ministre de la Culture.
Une médaille qui lui donnera un sentiment de responsabilité, « celui de propager, à travers ce que je chante, une certaine image du Liban », dit-elle. La jeune femme qui a « grandi à Achrafieh entre l'église Notre-Dame des Dons et la mosquée Beydoun » met ses convictions dans son répertoire et célèbre ainsi son Liban de beauté, de coexistence pacifique, de dialogue et de richesse culturelle. « Je sens qu'à travers ma musique je peux communiquer beaucoup de messages. Le premier étant celui de vivre ensemble dans une même harmonie », assure-t-elle.
Après une parenthèse universitaire, au cours de laquelle elle poursuit des études de marketing, Tania Kassis s'envole pour Paris en 2003 poursuivre sa formation classique au Conservatoire Francis-Poulenc, où l'un de ses professeurs décèle chez elle un style vocal particulier, « plus en douceur que celui des cantatrices à coffre » . Ce qui va la pousser à se lancer dans l'interprétation, en concerts, des airs fameux des grandes comédies musicales : Cats, Sound of Music, West Side Story...
Un élargissement de son répertoire qui va élargir son horizon musical et l'emporter du Liban, sa terre d'ancrage, vers les pays d'Amérique latine où la communauté d'origine libanaise réclame son répertoire varié, puis New York, l'année dernière, pour la célébration, à la Columbia University, du 125e anniversaire de la naissance de Gibran Khalil Gibran, en passant par Paris, où en 2007, elle avait pris l'initiative d'organiser un concert à l'Unesco pour le Liban. Elle y chantera notamment en duo avec Francis Lalane (dont la mère est libanaise) Aatini al-Nay wa Ghanni !
Une chose est sûre désormais : que l'on apprécie sa voix ou pas, Tania Kassis s'est frayée sa propre voie dans le paysage musical libanais.
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