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Culture - Byblos

« Les Noces de Figaro », ou la voix de la bonté du cœur

Couleurs libano-italiennes pour « Les Noces de Figaro » de Mozart dans le cadre maritime de la ville. Coquin, bouffon mais bien pudique droit de cuissage au vieux port sur des envolées lyriques du génie de Salzbourg.

Coproduction libano-italienne pour des noces teintées de bons sentiments. (Press Photo)

Les belcantistes libanais sont ravis enfin d'avoir une production lyrique, même si elle est à moitié italienne et pas tout à fait à la hauteur des attentes !
Le barbon lubrique, la jeune fille malicieuse et le barbier futé sont réunis avec une comtesse un peu mélancolique et déçue des illusions de l'amour par un mari vertement vert galant. Une comtesse qui donne le signal de la révolte des femmes devant les ruines de Byblos et une lune qui aurait certainement ébloui même Booz, qui parle pourtant de faucille d'or dans un champ d'étoiles.
La folle journée de Figaro, suite des tribulations sentimentales du Barbier de Séville, pièce de Beaumarchais, revue par le librettiste Lorenzo Da Ponte pour servir la divine musique de Mozart.
Ouverture un peu molle, avec des cordes sans doute touchées par l'humidité, sous la direction de Francesco Ciluffo.
Sans grande consistance ni originalité, voulant sans doute en toute facilité laisser la majesté au paysage naturel, un intérieur sévillan - à part une rambarde à colonnettes blanches - a ici les aspérités des rochers des côtes de Byblos.
Une brochette de personnages hauts en couleur et en costumes d'époque, bien avant que les canons de la Révolution française ne tonnent (excellents de conception et finition) entre caste noble aux arrogances insolentes et une masse laborieuse, composée de serviteurs et servantes, certes soumise, mais prête aussi à la rébellion.
Lutte des classes et intrigues de cœur pour mettre en échec un comte qui, sans vergogne, parle encore de droit de cuissage. Cortège de charmants petits comploteurs, qui, de Cherubino à Marcellina, en passant par Basilio et Barbarina, forment un chassé-croisé tortueux et libertin où Figaro finit par retrouver sa soubrette de Suzanne, et les amours, pour un temps fatiguées, du comte et de la comtesse Almaviva, ont un souffle neuf et sont ravivées. Tout cela sur fond d'un joyeux et festif feu d'artifice enrobé de l'enchanteresse musique de Mozart.
Nombreux récitatifs, monocordes ou ululants, pour un médiocre accompagnement de la traduction du livret (en anglais seulement, et tant pis pour les arabophones ou les francophones) projetée sur écran. Projection de biais, avec des caractères souvent illisibles et toujours en décalage avec la situation sur scène, rompant même en toute maladresse l'élément de surprise du déroulement de l'action (Marcelline entre... Figaro se cache... et ainsi de suite, comme si le spectateur est amputé de sa faculté de réflexion ou de participation).
La distribution des rôles est contestable, et la mise en scène, signée Luca Valentino, pèche par statisme, absence de contrastes, excès de pudeur et redondance. Ni gauloiserie du texte - après tout, c'est d'un licencieux batifolage qu'il s'agit - ni espièglerie des rapports humains ne sont mises en évidence.
Si Suzanne (la soprano Samar Salamé) est quelque peu pétillante et entreprend quelques gracieusetés, Figaro (Toufic Maatouk), malgré une belle voix, est carrément monolithique et empesé. Le comte (Raymond Ghattas) et la comtesse (Caroline Solage) manquent de charisme et de tout ce qui fait la particularité des grands d'Espagne : la prestance. À saluer : la prestation de Basilio (Ziad Nehmé), tout en tics savoureux, en parfaite harmonie avec sa gestuelle, sa perruque, son jabot et ses vocalises de ténor. Enfin, un air de légèreté pour tant de monde inutilement compassé.
Pour cette œuvre qui dénonce les privilèges des nobles, balance aux orties les rangs acquis par la naissance et donne le pouvoir aux femmes (comment en serait-il autrement avec Mozart, qui a toujours un regard d'amoureux envers ses héroïnes ?), le ton n'est jamais aux accents acides, mais à la bonté et à la vertu du cœur. Un cœur loyal et droit.
Et c'est dans cette optique d'amour profond du bel canto de la part des jeunes interprètes libanais, qui ont tous mis du cœur et du sentiment dans cette création, que cette production doit être approchée.
Les belcantistes libanais sont ravis enfin d'avoir une production lyrique, même si elle est à moitié italienne et pas tout à fait à la hauteur des attentes ! Le barbon lubrique, la jeune fille malicieuse et le barbier futé sont réunis avec une comtesse un peu mélancolique et déçue des illusions de l'amour par un mari...

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