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Liban - Communautés

L’Église catholique au Liban compte depuis hier un nouveau bienheureux, Estephan Nehmé

Une cérémonie religieuse s'est tenue hier, à Kfifane (Batroun), pour la béatification d'Estephan Nehmé, un moine de l'ordre libanais maronite.

 Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, à son arrivée à Kfifane. Photo Dalati et Nohra


L'Église catholique au Liban compte, depuis hier, un bienheureux de plus, Estephan Nehmé. Ce solide charpentier originaire de Lehfed (Jbeil), devenu moine de l'ordre libanais maronite (OLM), a été proclamé bienheureux en vertu d'un décret signé par le pape Benoît XVI, sur recommandation du préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Angelo Amato. Ce dernier a été dépêché à Beyrouth pour transmettre le décret de béatification et présider la cérémonie religieuse au nom du pape.
Devant une foule évaluée à près de 60 000 fidèles et pèlerins venus de tous les coins du pays, dont certains étaient arrivés à pied durant la nuit et s'étaient massés sur les coteaux du couvent des saints Justinien et Cyprien de Kfifane, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a célébré l'office divin et en a prononcé l'homélie, résumant pour les fidèles la vie du nouveau bienheureux et en tirant les leçons qui s'imposent. La cause d'Estephan Nehmé avait été présentée à Rome en 2001. Le patriarche avait à ses côtés le supérieur général de l'ordre libanais maronite (OLM), le RP Élias Khalifié.
S'adressant au début de son homélie à l'archevêque Angelo Amato, le patriarche a affirmé : « C'est là une grande joie, spécialement pour toute la communauté maronite et pour le Liban. Malgré l'exiguïté de son territoire et le petit nombre de ses habitants, le Liban ne cesse de donner à la Sainte Église catholique des saints. C'est là une grâce pour laquelle nous remercions Dieu de tout cœur. »
Pour sa part, le RP Khalifé a remercié le chef de l'État, affirmant : « Vous avez prouvé, dès le premier jour de votre entrée en fonctions, que vous êtes pour tous, pour le Liban et les valeurs, ce qui fait de vous un modèle de rassembleur pour l'État et les Libanais. »
Le supérieur de l'OLM a également remercié le Premier ministre, Saad Hariri, présent à la cérémonie, pour avoir accordé à l'événement « toute son attention, à la joie de tous les Libanais, musulmans et chrétiens ».
Après des mots de remerciements supplémentaires adressés aux nombreuses institutions et associations ayant contribué au succès de la journée, y compris la presse, le RP Élias Khalifé a exprimé la « gratitude » de l'Église du Liban pour « la sollicitude témoignée à l'égard de la béatification du frère Estephan, et annoncé deux prochaines béatifications : celle du patriarche Estephan Doueihy, grand docteur de l'Église maronite », et du père Béchara Abou Mrad (prêtre grec-catholique dont la tombe se trouve au couvent du Saint-Sauveur, près de Saïda).

Un événement maronite
Événement ecclésial catholique, donc universel, la cérémonie de béatification avait aussi un côté proprement communautaire. C'était aussi un événement maronite. Au nombre des personnalités présentes, le chef de l'État, Michel Sleiman, qui avait Saad Hariri à ses côtés (mais, grande surprise, pas Nabih Berry). En outre, de nombreux ministres et députés avaient répondu à l'invitation de l'OLM. C'était le cas pour l'ancien chef de l'État, Amine Gemayel, les ministres Boutros Harb et Gebran Bassil, le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, les députés Nadim Gemayel, Antoine Zahra, Ahmad Fatfat, Farid el-Khazen, Nehmetallah Abi Nasr, ainsi que Mme Nayla Moawad, etc.
Mais si la cérémonie était une sorte de glorification de l'Église maronite, de sa richesse spirituelle et de sa fécondité temporelle, l'absence à la cérémonie de certaines personnalités, en froid avec Bkerké, continuait de refléter une « dispersion » malsaine des rangs maronites. Une dispersion qui ne reflète pas une diversité politique somme toute normale, mais plutôt les graves « fractures » dues principalement à la guerre, et dont l'Église maronite souffre, et avec elle le rôle politique que jouent ses membres.
Interrogé là-dessus après la cérémonie, Mgr Béchara Rahi, archevêque maronite de Jbeil, a jugé qu'une purification de la mémoire de la guerre est « indispensable ». Et de rappeler que la politique, définie comme « l'art du bien commun », est aussi pour l'Église une voie de sainteté possible, comme le prouve l'existence de rois déclarés saints, ou de chefs de gouvernement et ministres dont les causes de béatification sont introduites.
L'un des plus grands facteurs de succès de la cérémonie à Kfifane, hier, c'est le bon peuple maronite qui l'a assuré. Venu du cœur du pays chrétien ou de sa « périphérie », il était là dans toutes ses composantes, y compris dans sa dimension pique-nique - méchoui. Il a eu droit à un filtrage sérieux (en raison de la présence à la cérémonie du chef de l'État), au soleil (avec des passages de nuages bienfaisants) et à une cérémonie un peu trop protocolaire. Malgré les 50 000 places assises, la cérémonie fut fatigante. Heureusement, la présentation des offrandes - gerbe d'épis, cruche d'eau de la fontaine de Lehfed, jarre d'huile, chasubles, légumes de saison, etc. -, et les commentaires pleins d'humour du père Youssef Moannès, qui l'ont accompagnée, ont apporté la spontanéité qui manquait à la liturgie de béatification. « Vous voulez changer le Liban, débrouillez-vous pour lui donner plus de saints », a-t-il lancé aux officiels présents, soulevant de vifs applaudissements dans la foule. Par cette pirouette aussi, la politique a fini par faire acte de présence dans la cérémonie religieuse.
L'Église catholique au Liban compte, depuis hier, un bienheureux de plus, Estephan Nehmé. Ce solide charpentier originaire de Lehfed (Jbeil), devenu moine de l'ordre libanais maronite (OLM), a été proclamé bienheureux en vertu d'un décret signé par le pape Benoît XVI, sur recommandation du préfet de la Congrégation pour les...

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