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Lifestyle - Hotte d’or

Au nord, il y a mes Vikings

J'ai pris l'avion dans la matinée d'avant-hier lundi de l'aéroport de Vienne Schwechat en direction de Göteborg en Suède, d'où j'ai pris le ferry pour Frederikshavn, dans le comté de Nordjylland dans l'extrême Nord danois - Frederikshavn, la cinquième étape de mon tour d'Europe. Je ne sais pas pourquoi, en dressant mon itinéraire après ma semaine passée au couvent des carmélites de Vannes, je ne sais pas pourquoi j'ai choisi Frederikshavn. J'ai cru lire quelque part que c'est un port très agréable, militaire de surcroît, mais en même temps très revêche, âpre, tellement conservateur, inquisiteur, un peu comme le village de Bess dans le Breaking The Waves du justement Danois Lars Von Trier - j'allais vite être somptueusement contredite mais je ne le savais pas encore. Je ne sais pas... Peut-être que le nom m'a plu, une réminiscence émue de l'une de mes conquêtes passées, un Frederik néozélandais que la nature avait gâté au-delà du décent, mais c'est un peu inquiète que j'ai débarqué dans ma chambre du Park Hotel de Frederikshavn sur la Jernbanegade, une chambre sans âme, sans charme, sans rien, mais bon, c'était le seul établissement où je pouvais exiger des litres de Veuve Clicquot sans que l'on me dise avec un ton de peine-à-jouir que ce champagne-là n'est pas disponible. Dans tous les cas, j'étais bien intentionnée, de bonne humeur, comblée de partout : mon délicieux Bryan-Franz ayant été, à Innsbruck, au-delà de toutes mes espérances. C'est donc d'un pas joyeux et après une mignonne collation (un carpaccio de hareng sur sa mousseline de pommes vertes et un sorbet de mandarine) que je me suis dirigée vers le John Bull pub pour assister au match Danemark-Pays-Bas. Je ne suis pas une Messaline ni une gourgandine : j'étais vêtue dans une immense (et immensément échancrée) robe-tee-shirt Isabelle Marant blanche et rouge aux couleurs danoises, sur laquelle était imprimé l'impassible et très existentialiste visage de Søren Kierkegaard. Je n'étais pas sûre que les dizaines et les dizaines d'amateurs de football danois qui étaient en train de s'enfiler des hectolitres de bière au John Bull, allaient reconnaître sur mes deux seins le dessin de leur fabuleux compatriote, dont l'influence sur Jean-Paul Sartre a été extraordinaire, mais leurs yeux posés sur moi ressemblaient à ceux d'un lapin albinos pris dans un ballet de phares. Ophélie en son Elseneur, je me suis assise au bar en attendant l'imminent début du match et à peine avais-je demandé une coupette d'un champagne affreusement acide que cinq jeunes vikings blondissimes se jetaient sur le barman exigeant de payer ma consommation. J'ai esquissé une grimace très Reine Rouge dans Alice au pays des merveilles en leur annonçant que si nous, c'est-à-dire le Danemark, gagnons, je les invite tous les cinq à dîner pour regarder le match Italie-Paraguay. Et c'est à cet instant très précis que, pour la première fois depuis cinq semaines, le manque de Houssam s'est fait insupportable pendant quelques secondes ; un vide très vite rempli nonobstant par les exclamations de joie adolescente des cinq gentils hooligans, qui se sont derechef assis autour de moi sur le bar. Nous avons bien évidemment perdu. J'étais déçue, j'aurais volontiers fait exploser une usine de Gouda et trois moulins, mais mes nouveaux amis, Christian, Vlad, Olaf, Johan et Markus m'ont immédiatement regonflé le moral : ils m'ont prévenue d'une seule voix qu'ils avaient décidé de m'inviter ce soir et qu'ils passeraient me prendre à 20h00 à mon hôtel. What is it that u love eating, mylady ? a alors demandé Johan, 1m96 et des poussières, avec un sourire de chérubin. Ce que j'aime par-dessus tout ? Je leur ai expliqué que c'est naturellement la compagnie qui compte, que le champagne soit frais et doux, mais que je ne dis jamais non à du cru, du raw, qu'un tartare de saumon m'irait parfaitement. See you tonight then, mylady. Je rentrai à l'hôtel les prunelles comme des feux d'artifice : ma mini-équipe de football nordique n'était pas seulement très gentleman, elle était aussi diablement miam-miam.

 

margueritek@live.com

J'ai pris l'avion dans la matinée d'avant-hier lundi de l'aéroport de Vienne Schwechat en direction de Göteborg en Suède, d'où j'ai pris le ferry pour Frederikshavn, dans le comté de Nordjylland dans l'extrême Nord danois - Frederikshavn, la cinquième étape de mon tour d'Europe. Je ne sais pas pourquoi, en dressant mon itinéraire...
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