Les deux dirigeants cherchent ainsi à démontrer que le couple franco-allemand, dont l'image avait été mise à mal notamment lors de la crise grecque, est bien « le moteur de l'Europe » qui fait front commun contre la crise de l'euro, à quelques jours du prochain Conseil européen et d'une réunion du G20 à Toronto (Canada).
« Plus que jamais, l'Allemagne et la France sont décidés à parler d'une même voix, à assumer des initiatives communes, pour donner à l'Europe les moyens de ses ambitions légitimes et pour tirer les conséquences de crises à répétition dont nous ne voulons plus », a affirmé M. Sarkozy lors d'une conférence de presse commune avec Mme Merkel.
L'annulation in extremis de sa visite le 7 juin avait alimenté les spéculations sur un froid entre Paris et Berlin, mais ils faisaient assaut d'amabilités lundi soir.
Jusqu'ici, la France et l'Allemagne divergeaient sur la façon d'éviter une répétition de la crise de la monnaie unique, M. Sarkozy plaidant notamment pour une gouvernance économique de la zone euro, tandis que Mme Merkel, qui craint pour l'indépendance de la Banque centrale européenne, s'en tenait à une gouvernance des Vingt-Sept.
Finalement, le président Sarkozy a opté pour la solution préconisée par la chancelière allemande : les deux dirigeants ont défendu ensemble la nécessité d'un « gouvernement économique des 27 pays membres » de l'UE.
Du même coup, M. Sarkozy a renoncé à un « secrétariat » qui dirigerait la stratégie économique de l'Union et coordonnerait les politiques budgétaires. Une proposition qui avait fermement été rejetée par Herman Van Rompuy, le président de l'UE.
« On a choisi d'être pragmatiques, opérationnels (...). Il vaut mieux alléger les systèmes européens en ne multipliant pas les institutions pour privilégier le pragmatisme », a déclaré M. Sarkozy. Et « en cas de nécessité, s'agissant de la zone euro, nous nous réservons (la possibilité) de réunir les 16 » pays membres de la zone, a-t-il ajouté.
Avec les mêmes mots, Mme Merkel avait affirmé quelques instants plus tôt qu'il s'agissait de « pouvoir agir de manière pragmatique et opérationnelle ». « Nous avons besoin d'un gouvernement économique fort, plus fort que celui que nous avons à l'heure actuelle (...) et composé des 27 chefs d'État et de gouvernement », a-t-elle insisté.
Autre point d'accord entre le président et la chancelière : la suspension des droits de vote pour les pays de l'UE laxistes en matière budgétaire, une idée défendue depuis plusieurs semaines par Berlin.
Mme Merkel et M. Sarkozy se sont par ailleurs dit favorables à l'introduction d'une taxe bancaire et à la création d'une taxe sur les transactions financières.
Le président Sarkozy et la chancelière Merkel vont écrire une lettre commune au président en exercice du G20, Stephen Harper, pour lui faire part de toutes ces propositions et « lui indiquer clairement » leurs « attentes », a souligné Mme Merkel.
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