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Culture - Exposition

Peintures, dessins et photos « De Lumière et de Sang » à la villa Audi

L'Espagne et le Liban. Deux terres de « Lumière et de Sang » aux liens culturels pour la première fois mis en relief dans un bel accrochage d'œuvres picturales et photographiques d'artistes des deux pays.

Un cliché pris dans la banlieue sud de Beyrouth le 14 août 2006 par le photographe espagnol Alfonso Moral.

Présentée par l'ambassade d'Espagne à la villa Audi*, l'exposition « De Lumière et de Sang. L'Espagne et le Liban, histoires partagées » vise essentiellement à « rapprocher les Libanais de la réalité culturelle espagnole et à explorer les liens entre ces deux côtés de la Méditerranée », comme l'indique l'ambassadeur Juan Carlos Gafo dans sa préface du catalogue qui accompagne l'accrochage.
Il s'agit donc d'un événement qui, à travers une soixantaine de peintures, de dessins et de photographies, veut « mettre en lumière la relation de certains artistes libanais avec l'Espagne et celle d'artistes espagnols avec le Liban », explique Luis Prados, premier conseiller près l'ambassade d'Espagne, qui s'est personnellement investi dans la préparation de cette exposition en s'occupant, notamment, de la sélection des œuvres espagnoles.
Essentiellement des photos documentaires sur la guerre de 2006 - à l'exception des toiles en techniques mixtes d'Assumpcio Mateu (une peintre qui séjourne régulièrement au Liban) - qui reflètent parfaitement l'idée-force exprimée dans le titre de l'exposition. Car c'est bien ce mélange de « lumière et de sang », qui irrigue la vitalité libanaise et donne sa force pérenne au pays du Cèdre, qui se dégage des clichés réalisés par les photo-reporters espagnols.
L'un d'eux, Alfonso Moral, a d'ailleurs obtenu les prix « Fotopress et Picture Of The Year » pour ses travaux sur le Liban.

Farrouk, Charaf, Jouni et el-Bacha
Bien qu'il n'y a pas eu véritablement beaucoup d'artistes libanais à s'être formés en Espagne, « pour des raisons multiples, dont l'ère franquiste n'est sans doute pas étrangère », signale Saleh Barakat - qui s'est occupé du volet libanais de l'exposition -, l'art espagnol a eu un impact fort sur quelques-unes des figures majeures de l'art libanais du XXe siècle.
De Moustafa Farrouk, l'un des pionniers de la peinture moderne libanaise, à Amine el-Bacha, de Rafic Charaf et Hassan Jouni à la jeune génération de photographes libanais tels Joe Kesrouani, Randa Mirza, la Libano-Française Ariane Delacampagne ou encore Gregory Buchakjian - qui signe, par ailleurs, l'excellent texte du catalogue à valeur documentaire -, le « contact créatif » de ces artistes avec l'Espagne a fortement imprégné leurs œuvres.
« J'ai choisi l'Espagne car l'expressivité espagnole m'a attiré avant même que je n'en saisisse la profondeur. Lorsque j'y suis allé, en 1964, je me suis rendu compte que j'étais au bon endroit », dixit Hassan Jouni qui, à l'issue de son apprentissage ibérique, développera au Liban une œuvre d'une expressivité nouvelle.
« En Espagne, dans la campagne en particulier, dans le monde paysan, j'ai retrouvé les mêmes règles sociales de la pauvreté qu'à Baalbeck ! Je ressentais cette pauvreté comme si c'était celle de ma famille », déclare, pour sa part, Rafic Charaf. Lequel, parti dans les années cinquante poursuivre sa formation à l'Académie royale de San Fernando à Madrid, retournera chez lui « avec la même volonté d'exprimer la dureté et la misère » dans ses toiles, désormais imprégnées de cette sensualité tragique éminemment espagnole.
« Là-bas il y a de la magie... » soutient Amine el-Bacha, marié à une Espagnole. Et dont le lien affectif avec le pays de Goya, Velasquez et Picasso se traduit en séries régulières d'aquarelles, dans lesquelles il revisite, avec son style radieusement facétieux, les chefs-d'œuvre du Prado ainsi que les différents paysages de ses lieux de villégiature.
Une magie andalouse pour Moustafa Farrouk, le premier parmi ces artistes à parcourir l'Espagne en 1930. Il reproduira, à l'aquarelle, les hauts-lieux de l'architecture mauresque de Cordoue, Séville et Grenade, qu'il consignera dans son fameux livre Au pays de la gloire perdue. Il y affûtera également son art du portrait en croquant des personnages de la rue et des scènes de café.
Autant d'histoires libano-espagnoles partagées que racontent cette exposition et le bel ouvrage qui l'accompagne.

À découvrir jusqu'au 10 juillet.
*Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 10h à 18h. Tél. 01/200445. 
Présentée par l'ambassade d'Espagne à la villa Audi*, l'exposition « De Lumière et de Sang. L'Espagne et le Liban, histoires partagées » vise essentiellement à « rapprocher les Libanais de la réalité culturelle espagnole et à explorer les liens entre ces deux côtés de la...

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