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Économie - Crise financière

Les Européens sereins face à la chute de l’euro

Le FMI demande à la zone euro de « parachever le projet d'union monétaire ».

Jean-Claude Juncker et Dominique Strauss-Kahn au Luxembourg hier. Georges Gobet/AFP

Les ministres des Finances de la zone euro se sont voulus rassurants hier sur la chute brutale de la monnaie unique et sur la situation budgétaire de la Hongrie, qui préoccupe les marchés, en marge d'une réunion consacrée en grande partie à la crise de la dette en Europe.
« Je ne suis pas préoccupé par l'euro », qui est tombé dans la journée sous 1,19 dollar pour la première fois en plus de quatre ans, a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
« En réalité, c'est plus la rapidité de l'évolution (de l'euro) que le niveau qui est préoccupante », a renchéri le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, en arrivant à la réunion des grands argentiers des seize pays partageant l'euro à Luxembourg.
La situation budgétaire de la Hongrie, qui n'appartient pourtant pas à la zone euro, préoccupe les marchés et contribue à la baisse de la monnaie unique. Ce mouvement de panique a été déclenché par des déclarations alarmistes la semaine dernière de hauts responsables du parti au pouvoir en Hongrie, l'un d'eux allant jusqu'à juger que la Hongrie est « dans une situation comparable à celle de la Grèce ». M. Juncker, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et M. Rehn sont montés au créneau pour dire leur confiance dans la Hongrie et rejeter tout parallélisme avec Athènes.
Pour stopper la crise de confiance qui ébranle la zone euro, les ministres des Finances tablent notamment sur la mise en place du mécanisme de soutien pour les pays qui connaîtraient, comme la Grèce, des difficultés. Il a été négocié dans son principe il y a un mois. Les ministres devaient finaliser la création de ce fonds d'urgence, qui prévoit 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro pour ceux d'entre eux qui seraient dans l'incapacité de trouver de l'argent frais sur les marchés financiers. La chute de l'euro « montre que nous devons travailler à faire entrer en vigueur ce que nous avons commencé à mettre en place », car « les marchés veulent voir non seulement des explications, mais également des actions », a souligné le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
Les grands argentiers de l'ensemble de l'UE devaient se retrouver ensuite sous l'autorité du président de l'UE Herman Van Rompuy, pour discuter des moyens de renforcer leur discipline budgétaire et la gouvernance économique en Europe. Ils se sont déjà mis d'accord le 21 mai sur les grandes lignes : renforcer la discipline en appliquant le cas échéant des sanctions aux pays mauvais élèves qui ne respecteraient pas les règles budgétaires européennes. Il s'agit maintenant de rentrer dans le détail avant un sommet des dirigeants européens les 17 et 18 juin. Les discussions entre grands argentiers européens devraient aussi porter sur l'idée d'instaurer un gouvernement économique institutionnalisé des dirigeants de la seule zone euro. Elle regagne du terrain, sous l'impulsion de la France, tandis que le président de l'UE, Herman Van Rompuy, la voit d'un bon œil. Le projet divise les Européens cependant. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a laissé entendre la semaine dernière qu'il y était opposé. L'Allemagne s'est montrée depuis longtemps sceptique, même si elle a récemment assoupli sa position. Enfin, le Fonds monétaire international a appelé hier les pays de la zone euro à « parachever le projet d'union monétaire » et à débattre d'une révision des traités qui la régissent en matière de politique budgétaire. « Les gouvernants doivent prendre des mesures déterminées pour parachever le projet d'union monétaire », a indiqué le Fonds dans un document remis à Luxembourg aux ministres des Finances de la zone euro et publié à Washington.
« La crise actuelle de la zone euro résulte de politiques budgétaires non viables dans certains pays, de retards dans la réparation du système financier, de progrès insuffisants pour établir la discipline et la souplesse nécessaires à un fonctionnement sans anicroches de l'union monétaire, et d'une gouvernance déficiente de la zone », a ajouté le FMI.
« Le cadre budgétaire de la zone euro doit être considérablement renforcé pour parvenir à la responsabilité budgétaire collective, exigée pour qu'une union monétaire fonctionne correctement », a avancé le Fonds. Le FMI a critiqué les lacunes du pacte de stabilité et de croissance, qui « n'a pas encouragé les États membres à saisir l'occasion, lors des époques favorables, de bâtir des réserves suffisantes et d'abaisser la dette à des niveaux prudents ».
Ce pacte, mis en place avec la création de l'euro, prévoyait des déficits budgétaires sous les 3 % du produit intérieur brut et une dette publique ramenée ou maintenue sous les 60 % du PIB. Il a été régulièrement violé par de nombreux États membres. Le Fonds a enfin appelé la zone euro à mettre en place, en plus des mesures de rigueur, des réformes qui, selon lui, doivent permettre à la croissance de repartir, comme l'assouplissement des règles du marché du travail, la libéralisation des services et la suppression des entraves à la concurrence entre sociétés européennes.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont voulus rassurants hier sur la chute brutale de la monnaie unique et sur la situation budgétaire de la Hongrie, qui préoccupe les marchés, en marge d'une réunion consacrée en grande partie à la crise de la dette en Europe.« Je ne suis pas préoccupé par...

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