Le pape appelle à un "juste règlement" de la question de Chypre

Le pape Benoît XVI a appelé samedi à un "juste règlement" de la question de Chypre, divisée depuis 1974 entre la République turque de Chypre-nord (RTCN, uniquement reconnue par Ankara), majoritairement musulmane, et la République de Chypre, au sud, majoritairement orthodoxe.

Le pape, lors d'une visite de courtoisie au chef des orthodoxes chypriotes, l'archevêque Chrysostomos II, a souhaité que "tous les habitants de Chypre aient la sagesse et la force nécessaires pour travailler ensemble à un juste règlement des problèmes restés jusque là sans solution, pour rechercher la paix et la réconciliation".

Un tel règlement doit permettre également de "construire à l'intention des générations futures une société caractérisée par le respect des droits de tous, y compris les droits inaliénables à la liberté de conscience et de culte", a-t-il ajouté.

Les négociations sur la réunification de l'île ont été relancées en septembre 2008 par le président chypriote Demetris Christofias et l'ex-dirigeant de la RTCN, Mehmet Ali Talat. Mais l'élection en avril du conservateur Dervis Eroglu à la tête de l'entité chypriote-turque a jeté une ombre sur le succès de ces discussions.

Chrysostomos, en accueillant le pape, a retracé l'histoire de son Eglise sans évoquer la partition de cette île méditerranéenne. La veille, il avait violemment dénoncé l'"invasion" turque de 1974, une attaque "barbare", dénonçant "le grand martyre de l'Eglise orthodoxe" et demandant au pape une "coopération active".

Les deux leaders religieux ont eu un entretien privé et déjeuneront ensemble à l'archevêché.

La visite du pape a suscité de vives critiques de la part de certains responsables de la communauté orthodoxe, notamment l'influent évêque de Limassol (sud-ouest) Athanasios qui a boycotté la réunion samedi, de même qu'un autre des 14 évêques orthodoxes, malgré un rappel à l'ordre de Chrysostomos II.

Benoît XVI a aussi évoqué "la situation de conflit permanent au Moyen-Orient" et la difficile situation des chrétiens dans ces zones tourmentées, alors que la remise du document de travail pour un synode sur la région programmé en octobre au Vatican, est le but officiel de sa visite à Chypre.

"Personne ne peut rester indifférent aux multiples besoins des chrétiens de cette région en conflit afin que ces anciennes Eglises puissent vivre dans la paix et la prospérité", a-t-il dit.

Un des objectifs du synode est de chercher à stopper l'exode des chrétiens qui menace à terme l'existence même du christianisme dans la région où il est né.