Il existe toujours un déficit dans les relations entre la Plateforme et l’État libanais

Ils sont partout. Au sein du conseil d'administration, dans tous les ateliers thématiques, parmi les invités intervenant lors des séances plénières... Les Libanais sont très actifs au sein de la « Plateforme non gouvernementale Euromed ». Ainsi, une douzaine de personnes représentant des ONG de divers secteurs de la société civile libanaise ont participé à la 4e édition du forum civil à Alicante. Selon Georges Abi Saleh, membre du Conseil d'administration et trésorier de la Plateforme non gouvernementale Euromed, le groupe libanais est probablement le plus important en nombre par rapport au poids démographique et géographique du Liban. On note l'intervention remarquée de Ziad Abdel Samad, secrétaire général de l'Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE) qui fut l'un des intervenants invités des séances plénières, Omar Abdel Samad, de l'ONG Nahwa al-muwatiniya, rapporteur dans un des ateliers, Issam Ali Hassan, représentant un réseau libanais d'ONG, Zoubaida al-Yahfoufi, de l'Association libanaise pour l'environnement et le développement, Ahida Taleb, du Rassemblement démocratique des femmes libanaises, Akram Sukaria, de Creadel, Wafa Abed, de l'Union des femmes progressistes, Fadi el-Halabi du réseau œcuménique pour la défense des personnes handicapées, sans oublier Salam Abel Samad, secrétaire de Plateforme-Liban et représentant de Pinacle (centre pour la défense des intérêts publics) qui a proposé de mettre en place un réseau pour les jeunes. Réseau qui les rassemble au moins une fois par an afin de débattre des questions méditerranéennes. Et last but not least, Batoul al-Yahfoufi, actuelle présidente de la Plateforme-Liban.La « Plateforme civile Euromed-Liban » a été créée dans le sillage de la « Plateforme non gouvernementale Euromed » en 2000. Depuis, chaque année, des réunions ont lieu pour préparer la participation du Liban aux différentes conférences de la Plateforme Euromed depuis son assemblée constituante au Luxembourg jusqu'au dernier forum qui vient d'avoir lieu à Alicante, en passant par diverses réunions à Malaga, Napoli, Marrakech, Paris, Marseille, Istanbul...
Parallèlement, la Plateforme civile libanaise a poursuivi son organisation sur le plan interne et juridique, en renforçant sa structure interne et ses capacités sur la scène locale en regroupant plus d'une trentaine d'ONG et de réseaux libanais, palestiniens et arabes (ANND) travaillant au Liban.
Il faut en outre mentionner qu'une vingtaine de traductrices et d'interprètes libanaises venues de Beyrouth ont assuré la couverture du forum.
Parallèlement, les membres de la Plateforme-Liban ont élaboré leur plan d'action et les objectifs de leur réseau commun, à savoir acquérir une connaissance approfondie des politiques et des relations euro-méditerranéennes, lancer une campagne pour élargir l'assise de la Plateforme et renforcer ses capacités juridiques, financières et matérielles, préparer des ateliers de travail pour une meilleure prise de conscience de la population locale des enjeux et des intérêts des relations euro-méditerranéennes, sans oublier l'amélioration de sa présence sur la scène régionale en renforçant sa participation aux diverses activités de la Plateforme globale.
Le réseau libanais a en outre organisé plusieurs activités régionales au Liban, en étroite collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert, à l'instar des rencontres Euromed de la jeunesse. Ainsi, trois événements, ayant des thèmes aussi variés que la résolution des conflits, l'environnement et l'impact de la crise économique sur la jeunesse, ont déjà été réalisés durant les quatre dernières années, et une quatrième rencontre ayant pour thème la justice sociale est prévue cet été.
Le travail continu de ses membres et leur persévérance ont finalement porté leurs fruits. En effet, la « Plateforme civile Euromed-Liban » a pu obtenir, en janvier 2008, une reconnaissance juridique en tant qu'association. Ses compétences ont par ailleurs été reconnues sur le plan institutionnel européen, puisque la Plateforme civile Euromed-Liban a participé à plusieurs reprises et à plusieurs niveaux au processus d'évaluation du plan d'action libanais dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV), renforçant ainsi le rôle prépondérant d'interlocuteur de la Plateforme dans le partenariat euromed.
Ainsi, en près de dix ans, la Plateforme libanaise a pu s'imposer comme un acteur central au sein de la société civile non seulement au pays du Cèdre, mais également dans la région euro-méditerranéenne, tout en œuvrant pour une meilleure visibilité dans les médias, non seulement pour le réseau lui-même, mais aussi pour une meilleure diffusion des valeurs euro-méditerranéennes communes. Sur le plan local, la Plateforme a pu, malgré son jeune âge, créer un réseau fort et efficace entre ses membres, constitué par une perception commune d'un avenir meilleur fondé sur des relations fortes entre les pays riverains de la Méditerranée. Malgré un bilan résolument positif, le chemin est encore long et ardu pour parvenir aux objectifs de la Plateforme, à savoir permettre à la société civile de jouer efficacement son rôle participatif dans la prise de décision au niveau des relations euro-méditerranéennes, mais aussi au niveau politique interne. Ainsi, selon Georges Abi Saleh, « il existe toujours un déficit dans les relations entre la Plateforme, comme représentant de la société civile, et l'État ». La Plateforme doit doubler d'effort pour avoir une meilleure communication avec les autorités, gouvernement, députés et administration publique afin de faire du lobbying pour influencer les prises de décisions concernant les accords relatifs au partenariat euromed.

A.A.