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Culture - Théâtre

À bras le cœur

C'est avec ses tripes et à cœur ouvert que Nagy Souraty a monté « In the heart of the heart of another body ». Un spectacle qui bat la chamade, dédié à Etel Adnan, sa « plus grande source d'inspiration depuis 10 ans ».

Le temps (et les personnages) suspend leur vol...(Hassan Assal)

«Primum vivens, ultimum moriens », dit-on (Il vit le premier et meurt le dernier). De même que son premier battement est le signe de la vie, son dernier battement est le signe de la mort. Le cœur, puisque c'est de lui et rien d'autre dont il s'agit, est au ... cœur du spectacle de Nagy Souraty. Pièce, toute en muscle et en force mentale, admirable par sa cadence, son halètement, son écriture. Pièce au départ provoquée par l'admiration que porte Souraty pour la grande Etel Adnan, pour sa poésie, ses colères et ses rébellions. C'est tout naturellement donc que In the heart ait trouvé sa place dans le cadre de l'hommage à l'artiste et poétesse concocté par Nidal el-Achkar et l'équipe du théâtre al-Madina (à signaler qu'une version plus longue avait été présentée en janvier 2010 sur les planches de la LAU).
« C'est la plus personnelle de toutes mes pièces », confesse le jeune metteur en scène qui a subi il y a exactement un an et une semaine une opération à cœur ouvert. De retour de l'hôpital, en rangeant ses paperasses, il était tombé sur un ouvrage d'Etel Adnan intitulé In the heart of the heart of another country et portant la dédicace funestement prémonitoire « Keep heart Nagy ». « C'est le titre de ma prochaine pièce », s'est alors dit Souraty.
Fidèle à sa manière de travailler - exigeant et intransigeant avec lui-même autant et peut-être plus qu'avec ses collaborateurs (tant et tellement que ses acteurs, des étudiants de la LAU, passeraient pour de véritables professionnels de la scène) -, il se lance alors corps et âme dans la construction d'une représentation expérimentale, « ne reflétant que des questions, ne faisant que poser les problèmes. Ne cherchant pas à trouver de réponses ni de solutions ». Basée sur des textes d'Etel Adnan, notamment The Arab apocalypse, cette pièce ne suit pas de trame dramatique. « Notre point de départ a été l'exploration de certaines idées : le cœur, le silence, les sons, le bruit, l'enfance, la survie, le temps, la vieillesse, la solitude. » Mais, et comme le lui a si bien fait remarquer un des acteurs, cette fois-ci, il a travaillé sur quelque chose de concret. « D'habitude, nous partions de grands thèmes pour essayer de les concrétiser sur scène. Là, nous sommes partis d'un organe et nous avons tenté de le conceptualiser sur scène. »
Le cœur, donc, comme point de départ. « Ses battements, ses formes, ses couleurs... Les spasmes se sont alors imposés. Les attaques et les coups de poignard ont suivi. » Avec une récurrence folle, entrecoupée de silences inquiétants. Des arrêts cardiaques ? Mais la vie continue. Et le cœur, cette formidable pompe à hémoglobine, reprend son activité salvatrice.
In the Heart ? Un cri du cœur époustouflant. Certes, la pièce est anxiogène, mais elle retranscrit bien l'angoisse du sujet.
Le metteur en scène va au cœur même du tragique et incarne la puissance de l'esprit face à la solitude et à la finitude humaine. Un plongeon au cœur de l'âme humaine.
C'est en effet son universalité qui touche... Et dans cette pièce corrosive, déchirante et émouvante à la fois, la ville et le cœur sont partout et nulle part à la fois. Les élans, les espérances, la douleur, la souffrance, les ballottements et les naufrages sont ce que tout être humain vit, bricolages désespérés avec l'existence.
Chacun est renvoyé à soi-même... Souraty le sait et le montre avec subtilité, en utilisant notamment des images, des visages, projetées sur un grand écran au-dessus de la superbe scénographie qu'animent les lumières, la musique essentielle d'une contrebasse et le son de la voix de Hala Masri, lancinante et envoûtante à la fois. Chef d'orchestre perchée sur une tour, sentinelle ou cardiologue, ou les deux à la fois, la célèbre productrice de la LAU a en effet réinterprété là d'anciennes chansons du répertoire lyrique du tarab. Une mention spéciale également à ces étudiants qui ont su porter l'époustouflante représentation avec une intelligence et une force radieuses.
Nagy Souraty, un Dorian Gray qui nous montre dans cette pièce notre peinture... de nous-mêmes et à nous-mêmes.
Difficile de reprendre son souffle après ce coup de poing. Un très beau et précieux moment de théâtre à garder dans les tripes et dans le ... cœur !
«Primum vivens, ultimum moriens », dit-on (Il vit le premier et meurt le dernier). De même que son premier battement est le signe de la vie, son dernier battement est le signe de la mort. Le cœur, puisque c'est de lui et rien d'autre dont il s'agit, est au ... cœur du spectacle de Nagy Souraty. Pièce, toute en muscle et en force mentale,...

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