Rechercher
Rechercher

La profonde division de la population en Thaïlande fait craindre le pire

Le Premier ministre entre fermeté et dialogue

Le Premier ministre thaïlandais a indiqué hier vouloir mêler fermeté et dialogue pour sortir de l'impasse politique qui paralyse le pays depuis sept semaines, et dont un groupe de réflexion estime qu'elle a le potentiel de dégénérer en « guerre civile latente ».
Le cœur de la capitale reste bloqué par les « chemises rouges », ces manifestants qui réclament la démission du Premier ministre Abhisit Vejjajiva, et qui ont bâti d'immenses barricades de pneus et de bambous aiguisés pour se prémunir contre un assaut des forces de l'ordre.
Hier, Abhisit a convoqué un conseil des ministres exceptionnel, consacré « aux terroristes et à la sécurité de la monarchie », selon le porte-parole du gouvernement Panitan Wattanayagorn, mais aussi aux revendications des « rouges », majoritairement issus des zones rurales du nord et du nord-est du pays.
Le Premier ministre est poussé par une partie de son camp à intervenir militairement pour reprendre le contrôle du centre-ville. Mais ce coup de force, que le chef de l'armée a plusieurs fois clairement écarté, serait extrêmement risqué. Et Abhisit entend laisser la porte ouverte à une solution négociée.
« Les gens me demandent quand je déciderai de résoudre le problème. J'ai déjà décidé des mesures à prendre, mais je dois m'assurer qu'elles seront efficaces et auront le moins de conséquences négatives possibles », a-t-il indiqué à la télévision.
« Quand j'aurai fait tout ça, j'annoncerai ma décision sur ce qu'il convient de répondre aux demandes de dissolution du Parlement », a ajouté le diplômé d'Oxford, qui n'a jusqu'à présent pas envisagé de démissionner avant la fin de l'année, soit un an avant la fin de l'actuelle législature.
Ces déclarations interviennent au lendemain de la publication d'un rapport du très respecté groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), installé à Bruxelles, selon lequel une « guerre civile latente » menace le pays. Confirmant les craintes de nombreux observateurs et diplomates, l'ICG relève que « le système politique thaïlandais a cessé de fonctionner et semble incapable d'empêcher le pays de verser dans un conflit généralisé ».
Il préconise la reprise de négociations avec l'aide de personnalités telles que le président du Timor-Oriental Jose Ramos Horta, qui a récemment rencontré Abhisit à Bangkok.
« Beaucoup de pays se demandent pourquoi il n'y a pas de négociations. J'ai parlé avec le Premier ministre du Timor et j'ai écouté ses conseils, selon lesquels nous devons régler le problème de deux façons », a déclaré Abhisit. « La première est que le gouvernement doit empêcher quiconque d'agir contre la loi. La seconde est qu'il ne doit pas ignorer les besoins du peuple. »
L'opposition juge le chef du gouvernement illégitime et au service des élites traditionnelles de la capitale, autour du palais royal. Elle exprime les frustrations d'une partie importante du pays, privée des clés du pouvoir et des fruits de la croissance.
L'enjeu pour Abhisit consiste désormais à sortir de la logique d'affrontement qui prévaut depuis quelques semaines et fait craindre de nouvelles violences.
Dimanche, policiers et manifestants ont négocié l'accès des ambulances à un des plus grands hôpitaux de la capitale, théâtre jeudi d'une intrusion d'une centaine de manifestants qui étaient convaincus que s'y cachaient des forces de l'ordre. Très embarrassés, les leaders « rouges » se sont depuis excusés.
Le Premier ministre thaïlandais a indiqué hier vouloir mêler fermeté et dialogue pour sortir de l'impasse politique qui paralyse le pays depuis sept semaines, et dont un groupe de réflexion estime qu'elle a le potentiel de dégénérer en « guerre civile latente ».Le cœur de la capitale reste bloqué...