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Moyen Orient et Monde - Analyse

Arabie saoudite : la police religieuse sous pression

Certains habitants de Riyad disent maintenant ressentir moins l'ombre des « moutawas ».

Le chef de la police religieuse de La Mecque, cheikh Ahmad al-Ghamdi, qui s'est distingué en affirmant qu'il n'est pas utile de contraindre les fidèles à prier en groupe et en disant que « rien dans l'islam n'interdit la mixité », a été démis dimanche, mais la décision a été annulée sans explication. Elle serait venue de haut lieu, selon des médias.
Défenseurs zélés de l'ordre islamique, les membres de la police religieuse patrouillent à la recherche de commerces qui ne ferment pas à l'heure de la prière, de couples non mariés et d'autres comportements suspects. Leur organisme, la Commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice, semble être dans la ligne de mire des réformateurs mais le soutien dont il jouit chez les religieux conservateurs promet une rude bataille.
Pour les Saoudiens ordinaires, le contrôle des « moutawas » (policiers religieux), est parfois étouffant. Dès l'année dernière, la semi-officielle Association nationale saoudienne des droits de l'homme avait relevé que « la Commission jouit de pouvoirs étendus en matière d'arrestations, d'inspection et d'investigation ». « Il y a une crainte qu'ils violent les droits des individus », avait-elle souligné. Mais pour d'autres Saoudiens, la Commission est plus efficace que la police dans la lutte contre le trafic d'alcool, la prostitution ou la pratique de la magie. Bien qu'opérant officiellement sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, la police religieuse a une grande autonomie et des liens étroits avec la justice, dirigée par des conservateurs. « Nous nous attaquons aux maux de la société », avait déclaré son porte-parole Mohsen al-Ghaffari, à l'AFP l'année dernière.
Mais l'histoire de cette police n'est pas sans bavures. En 2002, elle avait été accusée d'avoir empêché les secours d'entrer dans une école de jeunes filles où un incendie s'était déclaré. Bilan : quatorze morts. Plus récemment, elle a arrêté une femme d'affaires américaine dans un café où elle rencontrait un client saoudien, suscitant des protestations de Washington. C'est ce qui a conduit le roi Abdallah à nommer l'année dernière cheikh Abdel Aziz al-Humain à la tête de cette police avec l'intention de la réformer. Celui-ci a consulté des défenseurs des droits de l'homme et cherché à mieux former les membres de sa police et à punir les auteurs d'abus. La Commission n'agit plus qu'en collaboration avec la police et a cessé de faire appel aux volontaires, responsables dans le passé des pires abus.
Certains des habitants de Riyad disent maintenant ressentir moins l'ombre des « moutawas », comme la militante des droits de l'homme Fawziah al-Bakr qui dit avoir à peine remarqué cette année leur présence lors du festival culturel de Janadriayh. Christoph Wilcke de Human Rights Watch estime pour sa part qu' « une véritable réforme (de ce corps) n'a pas eu lieu » et qu'il reste à définir sa mission et lui enlever les pouvoirs de police.

 

Paul HANDLEY (AFP)

Le chef de la police religieuse de La Mecque, cheikh Ahmad al-Ghamdi, qui s'est distingué en affirmant qu'il n'est pas utile de contraindre les fidèles à prier en groupe et en disant que « rien dans l'islam n'interdit la mixité », a été démis dimanche, mais la décision a été annulée sans...
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