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Municipales 2010 : l'enjeu - Municipales

Littoral chrétien de Baabda : la bataille des deux H…

Dans le caza de Baabda, deux batailles risquent d'être épiques : celle de Hadeth et celle de Hazmieh.
Il serait malvenu de croire que les motivations des électeurs libanais sont les mêmes lorsqu'ils s'en vont voter pour des municipales ou des législatives. Il serait tout aussi bête de croire qu'elles diffèrent totalement. Pour la cuvée 2010, le clivage 14-8 Mars reste naturellement très important, mais ce qui prime en ce scrutin, ce sont les considérations locales, ancestrales souvent ; ce sont les allergies envers telle ou telle famille, ou au contraire les affinités électives, les services rendus ou attendus, les relations de bon voisinage, les intérêts immédiats, très triviaux mais essentiels, des uns ou des autres.
Le 2 mai prochain et comme leurs compatriotes de la circonscription du Mont-Liban, les Baabdaiotes iront voter pour leurs présidents et leurs conseillers municipaux. Ce caza, comme tous ceux à majorité chrétienne (Metn, Kesrouan, Jbeil, Zghorta, Jezzine, Koura, Batroun, etc., sauf Bécharré), sera le théâtre de batailles
« christianochrétiennes » rudes, âpres et sans concessions entre le CPL et les Marada d'un côté, et les partis du 14 Mars de l'autre : FL, Kataëb ; PNL, BN, etc.
Deux grosses batailles, en réalité, rythmeront la longue journée dominicale du 2 mai : celle de Hadeth et celle de Hazmieh.
À Hadeth, environ 15 500 électeurs devront départager le président de la municipalité sortant, le chirurgien Antoine Karam (non partisan, Kataëb à la base, et qui a aidé les listes du 14 Mars lors des législatives de juin dernier) et Georges Aoun, du CPL. La balance penche en théorie en faveur de ce dernier, d'autant que les Hadethiotes ont voté à 60 % en faveur des candidats aounistes aux dernières législatives.
À Hazmieh, l'industriel Jean Asmar, également ancien Kataëb et également soutien du 14 Mars en 2009, se représente, avec, en toile de fond, un veto catégorique à son encontre du CPL, qui appuierait n'importe quelle liste rivale. Ce qui pourrait servir les intérêts de Pierre Accra et de l'avocat Antoine Jabbour, officiellement non partisans et qui se sont entendus en cas de victoire de régner chacun trois ans à la tête de cette municipalité où votent 2 500 personnes. Il faudra compter cependant avec Roukoz Féghali, dont le père a été président de municipalité pendant près de 40 ans, et qui pourrait soit présider une liste indépendante, soit s'allier à Pierre Accra.
Dans les autres villages, il y aura naturellement batailles, mais les présidents candidats à leur propre succession semblent sur le papier bien partis pour rempiler six nouvelles années.
Dans le fief FL de Furn el-Chebback-Aïn el-Remmaneh, où l'on est, chez les Semaan, président de municipalité de grand-père en petit-fils (Rizkallah Semaan était un proche de Camille Chamoun), Raymond Semaan, non partisan mais soutien du 14 Mars en 2009, a de fortes chances de recueillir la voix de la majorité des 12 000 inscrits. Idem, à Chiyah, où le candidat malheureux aux dernières législatives, Edmond Gharios, se représente à nouveau : il a la sympathie assurée de la majorité des quelque 11 000 inscrits, et là aussi la bataille ne risque pas, contrairement aux deux H (Hadeth et Hazmieh), d'être hitchcockienne.
Même topo mais dans l'autre sens dans le triangle Mreijé-Téhouita-Laïlaké, où le directeur d'école pro-CPL Samir Abou Khalil est candidat à sa propre succession : il devrait s'attirer sans problème la majorité des 4 500 inscrits, dont 500 de confession chiite. Idem à Haret Hreik, où le Hezbollah et sa discipline sont superprésents (50 % des électeurs sont chiites) et où le pro-CPL Samir Daccache sera sans doute réélu sans problèmes majeurs.
Deux points d'interrogation : les localités de Baabda et Kfarchima.
Neveu de Charles Hélou, Antoine Khoury-Hélou est revenu sur sa décision de ne pas se représenter. Non partisan mais soutien du 14 Mars en 2009, il devrait lui aussi être réélu sans problèmes à Baabda (4 000 inscrits environ) à condition que les membres de la très influente famille Hélou s'entendent entre eux.
Drôle de configuration, en revanche, dans le village de Kfarchima, où 4 800 inscrits s'en iront voter le 2 mai. Là, en plus du clivage naturel 14-8 Mars, il faudra compter avec la guéguerre... maronito-grecque-catholique : à Kfarchima, il y a 42 % de maronites, 38 % de grecs-catholiques et 20 % de grecs-orthodoxes qui appuient généralement les melkites, représentés en l'occurrence par l'actuel président de la municipalité, Tony Radi, pro-14 Mars. Il part en très bonne position, mais risque justement d'être handicapé par la présence de deux listes rivales, l'une soutenue par le CPL et l'autre neutre, sauf qu'elle est présidée par un maronite. Si cette dernière liste s'unit à celle de Radi, le tour sera joué.
Il ne faut pas oublier le petit village de Haret el-Sitt, où les 300 inscrits devraient en principe ramener au poste le pro-14 Mars Roger Ghaoui, qui aura en face de lui, en principe, Maurice Khoury, ni, bien sûr, l'imposant Wadi Chahrour où les 5 400 électeurs se divisent en deux : le Haut-Wadi Chahrour (à dominance grecque-orthodoxe) et le Bas-Wadi Chahrour, plus maronite. Dans le Haut, Atef Abou Mrad, très tendance aouniste, semble bien parti pour rempiler, avec l'appui du très influent ancien juge et ancien membre du Conseil constitutionnel Fawzi Abou Mrad, en sus de l'éventuel soutien du général Rafic Féghali, maronite. En face, on parle d'un mouvement de jeunes qui veulent changer les choses - on ne sait pas très bien dans quelle mesure ce mouvement est politisé, ou alors pas du tout. Dans le  Bas, Jean-Baptiste Osta, proche de Michel Aoun, devrait s'allier à l'avocat Georges Abi Rached, ce qui rendrait sa réélection encore plus facile. Sauf qu'un observateur bien averti du caza n'exclut pas une bataille plus ardue si jamais le 14 Mars décidait de s'organiser et d'aller en rangs serrés.
C'est d'ailleurs bien là l'une des clés de ce scrutin, à Baabda comme dans les autres cazas à majorité chrétienne : la réalité de la solidarité affichée jusque-là sans aucun atermoiement par les factions dites du 14 Mars.
Dans le caza de Baabda, deux batailles risquent d'être épiques : celle de Hadeth et celle de Hazmieh.Il serait malvenu de croire que les motivations des électeurs libanais sont les mêmes lorsqu'ils s'en vont voter pour des municipales ou des législatives. Il serait tout aussi bête de croire qu'elles diffèrent totalement. Pour la cuvée...