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Municipales 2010 : l'enjeu - Municipales

Deux listes rivales se disputent le développement de l’antique Byblos

Les partis politiques seront-ils au service du développement de Jbeil, ou la ville sera-t-elle victime de la féroce rivalité entre 8 et 14 Mars ?
Avec ses trésors archéologiques inestimables classés patrimoine de l'humanité, son Centre des sciences de l'homme qui la rattache directement à l'Unesco, avec à sa porte une grande université, avec ce que représente son seul nom de Byblos pour la civilisation de l'écrit, avec enfin ses 13 000 habitants, mais aussi ses 40 000 résidents, Jbeil est un bijou dont on n'a pas encore mesuré le prix ni poli les facettes.
C'est dire que toute bataille pour son développement, ce que devrait être toute élection municipale représente un enjeu de taille. Le 2 mai, deux listes seront en présence à Jbeil : l'une présidée par l'ancien ministre Jean-Louis Cardahi, l'autre par le neveu de l'ancien secrétaire général du Bloc national, Ziad Hawat. La polarisation politique ressort très nettement de ce face-à-face, qui oppose ce que traditionnellement on appelle le 8 et le 14 Mars, un binôme politique qui, sur certains plans, commence à perdre de son contraste abrupt.
Il n'en reste pas moins que la victoire aux municipales de Jbeil sera symbolique de la force des camps en présence, sachant que les élections législatives ont été remportées, au niveau de Jbeil comme caza, par l'alliance CPL-Hezbollah, avec en prime un échec retentissant des forces centristes proches du chef de l'État, à Amchit.

Données de base
Toutefois, le clivage politique de base ne se transpose pas facilement sur le plan municipal, qui demeure marqué par sa vocation propre. Quels en sont les contours ?
Il y a d'abord la traditionnelle et incontournable représentation des cinq « grandes » familles dans les deux listes. La liste de ces grandes familles se décline ainsi : Saliba, Zgheib, Zaarour, Khoury et Sfeir. Sur ce plan, les candidats sont appelés à revêtir une double légitimité : familiale et partisane
Sur les 15 membres que toute liste comprend doivent en outre figurer un candidat sunnite, un candidat chiite et un troisième arménien. Les communautés qu'ils représentent sont relativement minoritaires : sur un total de 5 100 électeurs, il existe environ 300 voix arméniennes, un peu plus que 200 voix pour les sunnites et autant pour la communauté chiite. Les voix arméniennes seront polarisées par la liste Cardahi, Les voix sunnites et chiites, qui appuieront les deux listes rivales, sont appelées à se neutraliser les unes les autres.
Enfin, les dix candidats restants doivent être représentatifs, à leur tour, des autres familles de la ville et des grands courants politiques.
Voilà, en gros, l'équation municipale que tout le monde doit respecter, étant entendu que sur le plan municipal, le facteur personnel joue sur ce plan un grand rôle et que la discipline de vote franchit allègrement les frontières politiques.

Les atouts
Quels sont les atouts des deux listes en présence ? La liste Cardahi jouit d'un atout de taille : Jean-Louis Cardahi, ancien ministre et fils de Louis Cardahi, un homme dont la mémoire est révérée à Jbeil. Elle jouit de l'appui du Courant patriotique libre, ce qui implique aussi le vote des électeurs chiites.
Dans les cercles proches de M. Cardahi, on estime aussi que le vote Kataëb ne répondra pas aux allégeances partisanes et que « la base » de ce parti appuiera la liste présidée par l'ancien ministre.
C'est ce qui explique, d'ailleurs, que face aux candidats Kataëb de la liste Hawat, Ayoub Bark et Michel Koueik, la liste Cardahi aligne trois noms qui ne sont pas des inconnus pour le parti de Pierre Gemayel : Émile Koueik, Doumet Kallab et Sami Kaddoum, vice-président de la section Kataëb de Jbeil.
Désireux de mettre tous les atouts de son côté, M. Cardahi a également assuré qu'il ne sera pas candidat à la présidence de la Fédération des municipalités de Jbeil, au cas où il serait élu, mais s'y fera représenter.

Le gendre du président...
La liste Hawat, elle non plus, ne manque pas d'atouts. C'est ainsi qu'elle comprend un Cardahi, Kamal Tannous Cardahi, et jouit de l'appui de Joseph Chami, le président du conseil municipal sortant, et de Gino Kallab, un ancien président de municipalité. Elle compte aussi sur l'appui des partis du 14 Mars et des « indépendants » du 14 Mars, comme le Bloc national. Sur ce plan, l'atout « tribal » est de taille : les Hawat sont Bloc national de père en fils. Dernier atout, et non des moindres : le frère de Ziad Hawat, Nabil, est le gendre du président de la République...
« Certes, commente Jean-Louis Cardahi, les courants politiques ont avant tout leurs intérêts en tête, toutefois nous devons faire en sorte que ce ne soit pas la ville qui serve leurs intérêts, mais que ce soit eux qui servent les intérêts de la ville. »
Avec ses trésors archéologiques inestimables classés patrimoine de l'humanité, son Centre des sciences de l'homme qui la rattache directement à l'Unesco, avec à sa porte une grande université, avec ce que représente son seul nom de Byblos pour la civilisation de l'écrit, avec enfin ses 13 000 habitants, mais aussi ses...